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Campus IA : les contours du "Stargate français" se dessinent

Une joint-venture prend forme pour porter le grand projet de campus IA entre la France et les Émirats arabes unis. Mise en service prévue pour 2028.

Publié par Clément Bohic le | mis à jour à
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Campus IA : les contours du 'Stargate français' se dessinent
© généré par IA

Le projet phare du "Stargate français" ne sera probablement pas opérationnel avant 2028.

Cette échéance a été communiquée dans le cadre du sommet Choose France, parallèlement à l'officialisation d'une joint-venture pour porter l'initiative. Objectif : établir, en Île-de-France, un campus de datacenters dédié à l'IA. Il est question d'atteindre une capacité de 1,4 GW à l'horizon 2030. Les travaux "devraient débuter au second semestre 2026". Il est censé en résulter une plate-forme "ouverte", exascale, spécifiquement conçue pour couvrir "l'ensemble du cycle de vie de l'IA".

EDF, RTE et Bpifrance sont dans la boucle. Comme Sipartech, le groupe Bouygues (à travers ses filiales Bouygues Construction et Equans), NVIDIA et Mistral AI. Ainsi que Polytechnique, qui promet de financer des doctorats et des projets de recherche collaboratifs... notamment avec l'université Mohammed ben Zayed, aux Émirats arabes unis.

Une première tranche de 8,5 milliards d'euros

En toile de fond, l'injection massive de capitaux émiratis, actée il y a trois mois lors du Sommet de l'IA par la signature d'un accord-cadre de coopération avec la France. On parlait alors d'une enveloppe globale de 30 à 50 milliards d'euros. Avec, déjà, en point d'orgue, la perspective de ce "campus IA".

Pour le moment, une première tranche d'investissement de 8,5 Md€ est annoncée. À la manoeuvre, MGX. Ce véhicule d'investissement est né l'an dernier. Il est supervisé par Tahnoun ben Zayed al Nahyane, frère du président des Émirats et conseiller à la sécurité nationale. Ses fondateurs sont le fonds souverain Mubadala et l'entreprise G42, qui tente de développer le "ChatGPT arabe".

MGX a déjà financé OpenAI et xAI. La liste de ses partenaires a une couleur très américaine : Bain Capital, Silver Lake, Thoma Bravo, Vista Equity Partners...
BlackRock, Global Infrastructure Partners et Microsoft sont aussi dans la boucle. Avec eux, MGX a lancé le GAIIP (Global AI Infrastructure Investment Partnership), qui a un potentiel d'investissement de 100 Md$ sur 5 ans.

G42 est financée par Mubadala, Silver Lake et Microsoft (qui y a mis 1,5 Md$). Ses liens avec la Cihine - dont son patron Peng Xiao est d'ailleurs originaire - lui avaient valu des pressions de la part de l'appareil étatique américain. Elle avait finalement trouvé un accord avec l'administration Biden, impliquant l'arrêt de sa collaboration avec Pékin. Et, entre autres, l'abandon de sa participation au capital de ByteDance, maison mère de TikTok.

Les Émirats également en connexion avec Stargate ; NVIDIA, avec l'Arabie saoudite

La semaine dernière, les deux pays ont officialisé leur ambition de mettre sur pied un campus de 5 GW à Abou Dabi. Inscrit dans le projet Stargate, il doit s'étendre sur environ 25 km² (plus grand que Monaco). La première phase vise 1 GW de capacité, sans échéance définie.
NVIDIA a pour sa part amorcé une collaboration en Arabie saoudite, avec le fonds souverain. Il aidera à développer des "usines IA" d'une capacité allant jusqu'à 500 MW. Première étape envisagée : un supercalculateur à 18 000 puces GB300 et le déploiement d'Omniverse Cloud. Est également prévue une AI factory axée smart city.

En France aussi, les annonces datacenter se multiplient depuis le Sommet de l'IA. À cette occasion, le Gouvernement a promis 35 sites "prêts à l'emploi" pour accueillir des projets jusqu'à 1 GW. En ligne de mire, les mégapoles de datacenters que sont Ashburn (près de Washington) ou Slough (près de Londres).

Dans ce contexte, la France avance ses capacités de production d'électricité (solde net d'exportation de 89 TWh en 2024), une décarbonation "à 95 %" et des incitations financières pour les utilisateurs "électro-intensifs". Elle prévoit en outre un assouplissement des règles :

  • Élargir aux datacenters le statut de PINM (projet d'intérêt national majeur) créé par la loi industrie verte de 2023
  • Réviser le champ de la CNDP (Commission nationale du débat public) pour en exclure les datacenters
  • Simplifier les procédures contentieuses contre les datacenters, par suppression du double degré de juridiction

Illustration générée par IA

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