Disques durs Seagate d'occasion vendus neufs : la piste des fermes à cryptomonnaies
Seagate fait face à un afflux de témoignages d'acheteurs de disques vendus neufs mais reçus d'occasion. Ils pourraient venir de fermes à cryptos chinoises.

Le "scandale Seagate" de ces dernières semaines est-il d'origine chinoise ?
Quantité d'acheteurs de disques durs commandés neufs ont constaté les avoir vraisemblablement reçus reconditionnés. Les valeurs SMART étaient réinitialisées, laissant penser que les produits n'avaient jamais été utilisés. Mais les valeurs FARM - spécifiques à Seagate - révélaient des milliers d'heures de fonctionnement.
Partie d'Allemagne, l'affaire a désormais une dimension mondiale, avec des cas signalés jusqu'aux États-Unis, au Japon et en Australie. La liste des revendeurs concernés s'est allongée en parallèle.
Fin janvier, environ une semaine après l'allumage de la mèche, Seagate avait fini par réagir publiquement, affirmant d'avoir ni vendu ni distribué les disques en question. Une semaine plus tard, le fabricant américain avait ajouté soupçonner que ces disques, vendus neufs par ses soins, avaient ensuite été remis en vente sur le marché de l'occasion. Et que "lors d'une étape de la chaîne d'approvisionnement sur ce marché, les disques en question [avaient] été à nouveau commercialisés et revendus comme neufs"...
L'hypothèse du Chia
Une hypothèse en particulier s'est imposée : ces disques viendraient de fermes de minage de Chia.
Plus que de fermes de calcul, il faudrait parler de fermes de stockage. Cette cryptomonnaie - à l'origine de laquelle on trouve le fondateur de BitTorrent - utilise effectivement un mécanisme de consensus de type "preuve d'espace". Dans les grandes lignes, les participants doivent montrer au réseau qu'ils stockent une certaine quantité de données.
La génération de ces preuves se fait dans le cadre d'un processus appelé plotting. Il implique la création d'un fichier exigeant une certaine quantité de calcul (30 à 60 minutes sur un PC de bureau classique). Une opération qui ne doit cependant être effectuée qu'une fois, après quoi le fichier peut perdurer pendant des années ; sans hashs à recalculer, notamment, ce qui en fait un protocole moins consommateur que la preuve de travail.
Le consensus en lui-même dépend d'un deuxième processus : le farming. La manière dont il met les noeuds du réseau en concurrence les incite à disposer d'un maximum d'espace de stockage. À tel point qu'en 2020-2021, lorsque le Chia était à son plus haut niveau, ces fermes ont alimenté la pénurie de disques durs et de SSD. Quant l'activité ne fut plus rentable, elles ont fermé. Et les disques ont été revendus... y compris avec des valeurs SMART réinitialisées.
À l'été 2024, la capacité du réseau s'élevait encore à 34 exaoctets. Aujourd'hui, elle est de 19 To. La capacité perdue est l'équivalent d'environ 1 million de disques 16 To. Ce n'est probablement pas que du Seagate, ce dernier captant environ 40 % du marché.
Si Toshiba dit ne pas avoir d'équivalent des valeurs FARM, il semble en exister chez Western Digital, au moins sur les gammes Red et Purple. De manière générale, sur l'utilitaire smartmontools, la présence de certains champs déjà remplis - Self Test et Error - peut témoigner d'un usage antérieur.
Illustration générée par IA
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