À mon Clairefontaine, j’ai connecté mon PC

Fini le clavier, fini la souris, voici la nouvelle interface de votre PC : votre bloc-notes

Il est des révolutions silencieuses, des inventions que l’on passe sous silence, mais qui, pourtant, finissent par faire leur bout de chemin. Tel est le cas du Pen Computing, lancé il y a près de quinze ans et tombé depuis aux oubliettes.

Enfin, pas tout à fait. Si la reconnaissance manuscrite n’est toujours pas à l’ordre du jour (bien que la puissance actuelle des processeurs permettrait de déterrer quelques algorithmes désormais pas trop lents), l’utilisation d’un stylo électronique pour réaliser notes et croquis connaît une nouvelle jeunesse. Toutefois, il ne s’agit plus d’utiliser un stylet sur une tablette graphique (Saint Graphire, priez pour eux !) ou d’employer celui-ci sur un écran tactile (Psion De Profondis !). La grande nouveauté c’est que le stylo numérique est aussi un stylo… bille. Bref, on travaille sur son cahier, son bloc ou son agenda et l’on télécharge ensuite (via Bluetooth ou connexion USB) les pages « croquées » sur son ordinateur de bureau ou son portable. Bref, la portabilité extrême a peut-être vu le jour. Anoto, c’est noté ! La technologie Anoto est d’origine suédoise et n’est même pas nouvelle puisqu’elle a eu quatre années depuis son annonce pour se peaufiner. Principe de fonctionnement : une trame quasi infinie de points (669 milliards, ce qui couvrirait toute l’Eurasie) disposés de façon légèrement décalée par rapport à une grille de 0,3 mm. Cette trame est divisée en segments, les segments en étagères, les étagères en livres, les livres en… bref c’est l’effet Matriochka (poupées russes, pour les non russophones). Chaque page d’un cahier utilisant cette technologie est unique (ou a une chance sur 669 millions d’avoir un clone), car les décalages diffèrent d’orientation orthonormée d’un point à l’autre. Elle peut donc être identifiée, suivie et gérée de façon électronique. Pour pouvoir exploiter le cahier tramé, il faut bien entendu utiliser un stylo spécial (io Logitech, Pen It Maxell, Digital Pen Nokia, Chapten Sony Ericsson…). La capacité mémoire du stylo varie selon les modèles mais permet en règle générale d’enregistrer le contenu de 40 à 70 pages (plutôt 40 lorsqu’il y a des croquis). La transmission se fait… à l’aide du cahier (ou, tout du moins, à l’aide du rabat de celui-ci, lequel comporte un certain nombre de cases symboles qui permettent la transmission du fichier image généré par le stylo, son transfert vers un destinataire, etc…). Chez Clairefontaine, tout repose sur la centralisation des documents sur un serveur Metalinks sur lequel l’utilisateur dispose d’un espace mémoire personnalisable et gérable à merci. Chez Hamelin (marque Oxford), tout est géré sur le PC de l’utilisateur. Plus on est de papetiers… Une telle invention demeurerait certainement aux oubliettes des produits géniaux mais dont la carrère a été plus que brève, si… les grands papetiers n’avaient vu là une fantastique opportunité pour combattre le tout numérique. C’est ainsi qu’Oxford (gamme Easybook M3 comprenant cahiers, blocs-notes et carnets), Clairefontaine (gamme PaperPC), 3M (Post-It), Esselte (blocs-notes) se sont lancés à fond sur ce marché (sans trop d’ailleurs faire parler d’eux pour le moment). Les approches de ces nouveaux venus sur la scène bureautique sont toutefois légèrement différentes. Ainsi, Hamelin avoue quelques dizaines de milliers d’utilisateurs. Car le produit reste encore un peu cher pour le moment (plus de 300 euros). Pour l’heure, seuls quelques early adopters et des marchés verticaux exploitent cette technologie (mode, laboratoires médicaux, sociétés de coursiers, avionique). Mais les prix devraient rapidement chuter pour en faire un produit de grande consommation. À quand un MontBlanc numérique ?