Affaire Kai-Fu Lee: victoire en demi-teinte pour Google

Oui, l’ancien salarié de Microsoft pourra travailler chez Google et créer un centre de recherche en Chine. Non, il ne pourra pas exercer ses talents dans la recherche. Ce pour quoi il a été recruté !

L’affaire Kai-Fu Lee qui empoisonne les relations entre Google et Microsoft trouve un premier dénouement juridique. Et Google marque le premier point. Mais la victoire est mitigée et le dossier est loin d’être clos.

Rappel des faits. En juillet dernier, Google annonce l’ouverture d’un centre de recherche-développement en Chine, afin d’y attirer des cerveaux pour créer de nouveaux produits. Jusque-là, rien à dire. Mais pour diriger ce centre, Google a décidé de recruter un scientifique, présenté comme « un pionnier de l’industrie » informatique en Chine, le Dr Kai-Fu Lee. Sauf que ce docteur a été récemment vice-président de Microsoft après avoir fondé le centre de recherches chinois (380 scientifiques) du numéro un mondial des logiciels. Evidemment, le fait qu’il prenne les mêmes fonctions chez Google ulcère Microsoft. Surtout, ce n’est pas la première fois que le moteur débauche des salariés de Microsoft. La firme n’a pas attendu: le même jour elle dépose une plainte à Seattle contre l’éditeur et son ancien salarié pour rupture d’une clause de son contrat de travail l’empêchant d’aller travailler chez un concurrent. Elle craint que le bon docteur ne communique tous ses secrets à Google. Quelques jours plus tard, Google réagit en saisissant aussi la justice afin d’invalider cette plainte. Selon Google, les contrats de confidentialité et de non-concurrence signés par l’ex-employé était tout bonnement illégaux car contraires aux lois du marché et de la concurrence. La guerre des mots commence. En août, Microsoft obtient d’un juge une ‘ordonnance restrictive temporaire‘ qui impose au docteur Lee d’apporter la preuve qu’il exerce chez Google d’autres activités que celles qu’il exerçait chez l’éditeur, en contrepartie d »accords de confidentialité et de non concurrence‘ contractuelles signées par ledit docteur. En clair, il peut travailler chez Google mais en faisant autre chose que de la recherche… Puis le monde ébahi apprend les propos tenus par Steve Ballmer, patron de Microsoft, en réaction au départ d’un autre ancien salarié chez Google. Des propos rapportés par le moteur à la cour en charge du procès qui l’oppose à Microsoft. Selon ce document, Steve Ballmer serait entré dans une rage folle à l’annonce du départ de Mark Lucovsky pour Google, en 2004. Les propos attribués à Ballmer sont hauts en couleur…  » Putain, je vais enterrer ce mec. Je l’ai déjà fait et je le referai. Putain, je vais tuer Google ». (« I’m going to fucking kill Google« ). Ballmer dément mollement mais lance une accusation de poids: Kai-Fu Lee aurait transmis à Google des informations confidentielles sur Microsoft, avant même d’avoir quitté ce dernier. Mais les arguments n’auront pas convaincu le juge de la cour supérieure de King County, Washington qui a autorisé ce mardi Kai-Fu Lee, à mettre en place un centre de recherche en Chine. « Microsoft n’a pas suffisamment démontré qu’il peut légalement, ou sans enfreindre les droits de M. Lee, l’empêcher de mettre sur pied un centre de développement pour Google en Chine et d’y embaucher du personnel », explique le juge. Néanmoins, la victoire n’est pas totale pour Google. Le Docteur ne pourra pas débaucher des employés de Microsoft pour les faire travailler chez Google. Par ailleurs, il ne pourra pas prendre de décisions sur la stratégie liée aux recherches et sur le choix du budget. Ce qui limitera quelque peu son champ d’action… Il lui est également interdit de livrer une quelconque information lié à son ancien poste chez Bill Gates. Mais cette décision n’est que temporaire. Le procès sur le fond aura lieu en janvier 2006. Pour autant, la situation se présente mal pour Google.