Affaire Livedoor : Takafumi Horié arrêté

Le portail Internet nippon qui est plongé dans la tourmente depuis une semaine pourrait bien annoncer sa mise en faillite ou son démantèlement

Rien ne s’arrange pour le portail Internet Livedoor, visé par une enquête pour délits boursiers.

Rappel des faits, il y a une semaine la justice japonaise a organisé une perquisition au siège du groupe et de plusieurs de ses filiales, ainsi qu’au domicile de son p-dg Takafumi Horié, dans le cadre d’une enquête pour délits boursiers entraînant la chute de la bourse de Tokyo. Tout de suite les médias se sont emparés de l’affaire et en l’espace d’un jour, Livedoor est passé du statut de modèle du renouveau de l’économie nippone, à celui de symbole de « grand magasin de brigandage ». Désormais, comme indiqué dans une publication de l’institut de recherche Daiwa : « le marché évoque la faillite ou le démantèlement et la cession du groupe. » Et les événements de se précipiter. Le jeune p-dg déchu du portail internet a été arrêté ce lundi à l’issue d’un interrogatoire dans les bureaux du procureur de Tokyo, a-t-on appris de source judiciaire. Trois autres dirigeants de Livedoor ont également été placés en état d’arrestation: le directeur financier Ryoji Miyauchi, le vice-président Fumito Okamoto et le président de la filiale Livedoor Finance, Osanari Nakamura. « Aujourd’hui, l’équipe spéciale des enquêteurs a arrêté le président de Livedoor Takafumi Horié et d’autres cadres », a indiqué le bureau du procureur dans un communiqué, ajoutant qu’il leur est reproché d’avoir violé la loi sur les transactions boursières. Selon l’agence Kyodo, Takafumi Horié, 33 ans, avait été prié lundi en début d’après-midi de se présenter volontairement dans les bureaux du procureur, où il a été longuement interrogé avant de se voir signifier son arrestation. Les magistrats avaient déjà entendu les trois autres dirigeants vendredi. Aucune inculpation ni arrestation n’avait eu lieu jusqu’à présent dans cette affaire, qui a éclaté il y a exactement une semaine. Pour les médias de l’empire du soleil levant, il y a peu de doutes, Livedoor a orchestré une complexe et habile opération de manipulation de cours en 2004. L’action Livedoor, qui a perdu 64 % de sa valeur depuis les premières perquisitions à son siège il y a une semaine, a été suspendue pour la cinquième journée. Si la culpabilité de Livedoor est avérée, l’action devrait être rapidement retirée de la cote. Le titre s’échange aujourd’hui à 256 yens, soit une valorisation globale de 269 milliards de yens (2,34 milliards de dollars) qui, selon les calculs de KBC Securities, constitue la valeur la plus basse possible dans l’hypothèse d’une vente du groupe. Le groupe est soupçonné d’avoir communiqué de fausses informations aux investisseurs. Selon la presse, il aurait émis de nouvelles actions pour « acquérir » des sociétés qu’il contrôlait déjà avant de revendre les titres sur le marché pour engranger des bénéfices, employés ensuite pour gonfler ses résultats. « Si Livedoor est retiré du marché, il est possible qu’il soit racheté par un fonds d’investissement après une procédure d’audit détaillé », estime un stratège de la banque Merrill Lynch, Masatoshi Kikuchi. Dimanche, sur son site Internet, Takafumi Horié, 33 ans, a nié toutes ces accusations. Il n’explique pas non plus la disparition d’un proche de l’entrepreneur déchu qui a été trouvé mort la semaine dernière à Okinawa (sud du Japon) après s’être apparemment suicidé.