Alain Fiocco (Cisco) : « Les terminaux mobiles sont moteur de l’IPv6 »

L'adoption de l'IPv6 viendra des contenus

En charge de la migration IPv6 (programme High Impact Project) pour Cisco, Alain Fiocco revient sur la volonté d’impulser le basculement à l’IPv6 à l’échelle mondiale.

Cette fois, c’est sûr. On va tous basculer en IPv6. C’est du moins l’enjeu de l’initiative World IPv6 Launch (lancement mondial de l’IPv6) organisée par l’Internet Society sous l’impulsion des grands acteurs du web, notamment. Une migration « capitale pour le futur de l’Internet », estime Alain Fiocco en charge de la question pour Cisco. Pour lui, « le 6 juin est le premier jour du nouveau réseau. Nous invitons tous les acteurs à basculer ». Ce jour-là, ou plus tard.

Le 8 juin 2011, l’Internet Society organisait l’IPv6 Day. Le 6 juin prochain marquera le World IPv6 Lunch. Qu’est-ce qui a changé entre temps ?

L’intérêt de l’IPv6 Day était qu’un ensemble d’acteurs fasse un test mondial de migration IPv6 en même temps de façon à ce que personne, ou tout le monde, soit impacté. Cela s’est très bien passé pendant les 24 heures de l’expérimentation. Ce qui a fait monter le niveau de confiance dans les technologies et procédures de migration, notamment sur les besoins de retour en arrière sans impacter les clients finaux. Cela s’est tellement bien passé que le test intermédiaire à l’origine prévu à 6-9 mois a été annulé pour lancer directement le déploiement en production le 6 juin, une date choisie pour des raisons marketing.

Qui va basculer ?

Ce sont les fournisseurs de contenus en général qui maîtrisent le fonctionnement du basculement. Concrètement, leurs serveurs répondront aux requêtes du navigateur en envoyant deux adresses, l’une en IPv4 et l’autre en IPv6. Par défaut, le navigateur choisira celle en IPv6 (si le système est compatible, NDLR). C’est comme ça qu’on basculera. Il faut néanmoins maintenir une adresse IPv4 pour assurer l’accès aux éventuels services qui ne seront pas en IPv6, car tous les sites ne sont pas monolithiques et tous les contenus d’une page ne viennent pas forcément du même fournisseur (la publicité, les widgets, etc.). Les plus gros acteurs, les Google, Facebook, Bing, Yahoo, Mozilla, etc., se sont engagés à mettre de l’IPv6 partout.

Qu’implique le basculement de l’IPv4 à l’IPv6 pour les fournisseurs de contenus ?

Il passe évidemment par une mise à jour logicielle des équipements même si certains ne supporteront pas le nouveau protocole comme les box et routeurs de plus de 5 ans. Mais il faut surtout s’assurer d’avoir le même niveau de services, notamment en matière de sécurité et de support par les équipes, qu’en IPv4. Le client ne doit pas voir la différence avec l’IPv4. Atteindre ce niveau de services et performances, a demandé un travail herculéen. Car cela nécessite pas mal de procédures opérationnelles autour de la gestion du backend, la formation des équipes, etc., et la nécessite de gérer deux types d’adresses adresses simultanément : en IPv4 et IPv6. Car tout le monde ne basculera pas en même temps.

Les opérateurs et fournisseurs d’accès sont-ils impliqués ?

Certains FAI se sont engagés à basculer une partie de leurs utilisateurs actuels, mais surtout tous les nouveaux utilisateurs qui arriveront à partir du 6 juin. Notamment grâce aux nouvelles générations de box en France, par exemple. Ce qui assurera la croissance continue de l’IPv6 tout en assurant toujours l’accès aux contenus IPv4.

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