Alcatel : 1er trimestre négatif, mais équilibre promis pour fin 2009

L’équipementier subit les baisses de commandes des opérateurs et continue de digérer sa dette

La crise n’arrange rien. Personne n’attendait une amélioration des comptes. Le premier trimestre 2009 d’Alcatel-Lucent n’est pas catastrophique mais il traduit la récession qui n’a pas manqué de toucher ses principaux clients, les opérateurs télécoms, notamment aux Etats-Unis. Les contrats signés en Chine pour la 3G des télécoms mobiles n’ont pas suffi à compenser.

Pas étonnant que le chiffre d’affaires de janvier à mars 2009 soit en recul: il s’élève à 3,598 milliards d’euros, en baisse de 6,9% par rapport à 2008 même période. La marge brute « ajustée » (= non compris l’impact de l’allocation du prix d’acquisition de Lucent ») est rassurante, s’élevant 1,133 milliard d’euros, soit 31,5% des revenus. Mais, vu les charges qui continuent de courir -dont le coût des retraites- le résultat d’exploitation -lui aussi « ajusté » – est revenu dans le rouge, à -254 millions d’euros. La « trésorerie opérationnelle » est déficitaire , à -43 millions d’euros dette nette se chiffre à -841 millions d’euros. Pas d’indication explicite du résultat net, qui reste clairement dans le rouge.

Les analystes attendaient une perte d’exploitation de l’ordre de -130 millions. Le « trou » se creuse.

Il y a un an, le groupe avait dégagé un bénéfice d’exploitation de 36 millions d’euros tandis qu’au quatrième trimestre 2008, son résultat opérationnel avait été positif de 297 millions.

Ben Verwaayen, dg du groupe, table toujours sur un rétrécissement de -8 à -10% du marché mondial des équipements télécoms chez les opérateurs. Malgré cela, le dirigeant maintient ses perspectives de retour à l’équilibre du résultat d’exploitation pour l’exercice 2009 en cours. Et il confirme un retour à la profitabilité pour l’exercice 2010.

Un vaste plan de restructuration est toujours en cours, prévoyant notamment le départ de 1.000 managers. Sur le trimestre écoulé, 290 d’entre eux sont déjà partis.

Les réductions de coûts sur une base annualisée d’ici au 4è trimestre 2009 sont prévues à hauteur de 750 millions d’euros.

Alcatel-Lucent précise que le déficit du premier trimestre est dû principalement à une baisse des actifs.

La dette nette du groupe s’est alourdie à 841 millions d’euros à la fin mars, contre 389 millions trois mois plus tôt, conséquence notamment de la perte opérationnelle du trimestre écoulé et des plans de restructuration en cours.

Le groupe dispose à ce jour 3,3 milliards d’euros de trésorerie et de valeurs mobilières de placement.

« Nos financements sont très adéquats, je ne juge donc pas qu’une augmentation de capital soit nécessaire à ce stade« , a déclaré le nouveau directeur financier du groupe, Paul Tufano.

Par ailleurs, la vente prévue de la participation de 20,8% dans Thales à Dassault Aviation pour 1,6 milliard d’euros a reçu les autorisations attendues. Elle sera effective d’ici à fin juin.

A la Bourse de Paris, ce 5 mai, le titre Alcatel n’a pas décroché mais a très légèrement progressé, de 0,1 % à 1,95 euro.

Le poids des retraités, toujours… Le coût des pensions dues aux anciens salariés de Lucent aux Etats-Unis pèse toujours énormément, tel un véritable boulet dans les comptes depuis la fusion avec Lucent en 2006. Le déficit dû à ces retraites s’est alourdi à 545 millions d’euros fin mars (contre 429 millions sur le trimestre précédent). En septembre 2008, la couverture totale des retraites affichait pourtant un excédent de 3 milliards.