Alcatel-Lucent : 4.000 nouvelles suppressions d’emplois

Le couperet est tombé, à nouveau. Fortes inquiétudes en Bretagne

Alcatel-Lucent avait prévenu après trois « profit warnings » en un an et un cours d’action divisé par 2 en 6 mois, l’équipementier serait contraint de mettre en oeuvre un nouveau plan social d’urgence. La décision est tombée ce mercredi 31 octobre. Et elle est plutôt violente.

Le groupe franco-américain entend économiser 400 millions d’euros supplémentaires d’ici à 2009. Ils viendront s’ajouter aux 1,7 milliard prévus en février en dernier. Et pour parvenir à cet objectif, rien ne plus simple: on coupe à nouveau dans les effectifs. Après les 12.500 suppressions déjà annoncées juste après la fusion dont environ 1.500 en France, le groupe annonce la suppression de 4.000 postes supplémentaires, y compris en France. On ne connaît pas encore la ventilation géographique précise du plan social.

« Nous pensons que la France sera moins pénalisée que lors du précédent plan car ses résultats sont parmi les meilleurs », s’aventurait à déclarer un haut fonctionnaire cité par le Figaro...

L’intersyndicale (CGT, CFDT, CFTC) d’Alcatel-Lucent a appelé à des arrêts de travail dans tous les sites du groupe en France à partir de ce mercredi matin.

« Les salariés européens, après une année traumatisante et un conflit social sans précédent, n’accepteront pas une seule suppression d’emploi supplémentaire en France et dans l’UE », a prévenu la CFE-CGC.

« La pression continue sur les revenus et les marges, en raison d’une concurrence intensifiée et d’un certain ralentissement des investissements en Amérique du Nord », explique la mise en place de ce « plan d’action agressif en trois parties », explique le groupe.

Difficultés du marché ? Peut-être. Mais pour beaucoup d’observateurs, ce sont surtout les conditions de la fusion des deux géants français et américains qui seraient en cause. « Nous avons sous-estimé les problèmes d’intégration liés à la fusion (…) il s’agit maintenant de resserrer les boulons« , a déclaré un administrateur du groupe au quotidien Les Echos.

Serege Tchuruk et surtout Pat Russo, la dg de l’équipementier sauvent leur tête. Cette dernière est sur la sellette depuis plusieurs mois, son départ a été à plusieurs reprises évoqué. Mais le groupe a choisi un autre fusible: Jean-Pascal Beaufret, directeur financier dont le départ est annoncé par le groupe. Pour autant, ce plan d’urgence représente certainement la dernière cartouche de la directrice générale…

Le plan comprend également une accélération des réductions de coûts des produits et une simplification de la structure de quatre à deux régions. Le groupe espère ainsi atteindre une marge brute supérieure à 35% et une marge opérationnelle d’au moins 10% à partir de 2010.

Ce nouveau plan d’urgence a été dévoilé à l’occasion de la publication des résultats du troisième trimestre qui comme prévus ne sont pas bons. Le groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 4,35 milliards d’euros, en hausse de 2,3% sur le trimestre précédent mais en baisse de 7,8% sur un an (à taux de change euro/dollar constant).

Alcatel-Lucent fait état d’un résultat d’exploitation de 70 millions d’euros, en nette baisse par rapport aux 430 millions (pro forma) enregistrés il y a un an. De même le groupe accuse pour ce troisième trimestre une perte nette de 258 millions d’euros contre un bénéfice (pro forma) de 532 millions pour la même période l’an dernier.

« Les résultats de ce trimestre sont en ligne avec les informations fournies le 13 septembre, voire légèrement meilleurs dans certains domaines, mais ils ne sont toujours pas à un niveau satisfaisant », a déclaré Patricia Russo.

Côté prévision, on ne peut pas dire que l’optimisme soit au rendez-vous… « Pour l’ensemble de l’année, compte tenu des quelques incertitudes que nous constatons dans le marché, Alcatel-Lucent prévoit une croissance de ses revenus à peu près nulle par rapport à l’année 2006.à taux de change euro/dollar constant, ce qui est dans le bas de la fourchette de ce qui avait été précédemment annoncé ».