Alcatel-Lucent confirme discuter d’un rapprochement avec Nokia

Nokia pourrait racheter Alcatel-Lucent, ou son activité mobile. Le rapprochement positionnerait le nouvel ensemble à la deuxième place du marché mondial des télécoms.

Cette fois, ce ne sont plus des rumeurs. « Nokia et Alcatel-Lucent confirment être en discussions sur un possible rapprochement, qui pourrait prendre la forme d’une offre d’échange en actions de Nokia sur Alcatel-Lucent », a confirmé l’entreprise française. Une annonce qui profite directement à Alcatel-Lucent dont le titre gagne quelque 10 % ce mardi matin à 11h, à 4,33 euros (à 9h45) à la Bourse de Paris. A l’inverse, celui de Nokia recule de 6 % à Amsterdam, à 7,30 euros.

Activité mobile uniquement ?

Les rumeurs de rapprochements entre l’équipementier finlandais et son homologue français animent régulièrement le secteur des télécoms ces dernières années. Les deux entreprises fournissent des solutions de réseau mobiles (antennes, stations de base, logiciels de gestion…) aux opérateurs principalement. Alcatel-Lucent se distingue avec son offre cœur de réseau IP et son activité de déploiement de câbles transatlantiques. Les compagnies ont toutes les deux ajusté leur stratégie à travers des plans de restructuration douloureux pour les salariés : Nokia dès 2011 en se recentrant sur l’activité mobile ; Alcatel-Lucent en 2013 avec l’arrivée de Michel Combes en valorisant le très haut débit et les technologies IP.

Il reste néanmoins à savoir si Nokia a l’intention d’acquérir son concurrent européen dans sa globalité ou bien s’il s’intéresse seulement à l’activité mobile. Se délester d’une activité à 4,7 milliards d’euros environ aurait-il un sens pour le Français ? Selon les analystes, Alcatel-Lucent est valorisé autour de 12 milliards d’euros. Nokia aurait-il les moyens d’absorber l’ensemble du groupe partagé entre la France et les Etats-Unis ? La vente de sa division mobile à Microsoft pour 5,4 milliards d’euros l’année dernière a permis au Finlandais de constituer un trésor de guerre (et lui a retiré une épine du pied). L’entreprise d’Helsinki pourrait également se délester de Here, son activité de cartographie, pour 2 milliards d’euros, rapportait Bloomberg la semaine dernière.

Numéro deux mondial

Acquérir l’entreprise française permettrait notamment à Nokia de renforcer ses positions sur le marché chinois (ou la filiale Shanghai Bell d’Alcatel-Lucent fournit deux des trois principaux opérateurs d’un pays de 1,3 milliard de clients) et lui permettrait d’entrer au catalogue des deux premiers opérateurs américains AT&T et Verizon (qui comptent pour 25 % du chiffre d’affaires d’Alcatel). Des comptes qui lui donneraient les armes pour devenir numéro deux du marché, derrière le norvégien Ericsson mais devant le Chinois Huawei (absent du marché nord-américain pour l’heure).

Si « à ce stade, il n’existe aucune certitude quant à l’issue des discussions et à la conclusion d’un quelconque accord ou transaction », précise Alcatel-Lucent, il restera probablement à obtenir le feu vert du gouvernement qui, à travers la Caisse des dépôts, détient 3,58% du capital du fleuron technologique des télécoms français. L’Elysée pourrait particulièrement s’inquiéter de l’avenir des 8 000 salariés d’Alcatel-Lucent en France.


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