Alcatel-Lucent présente sa vision de l'Internet du futur

L’équipementier français mise sur la montée en puissance des réseaux autogérés et sémantiques. Explications

C’est dans son centre de recherche et développement (Bell Labs) de Villarceaux à Nozay (91) que les ingénieurs de l’équipementier réfléchissent à l’Internet du futur et surtout aux interactions avec les opérateurs, ses clients.

« L’infrastructure originelle de l’Internet date des années 70 avec le projet Arpanet. Mais ce réseau doit aujourd’hui supporter des applications de plus en plus lourdes comme la VoIP, la VOD, le webconferencing etc… Or ce modèle technique, devenu hétérogène, ne permet pas de répondre aux exigences de qualité de certains de ces services. Il s’agit donc de développer de nouvelles solutions pour pallier aux limitations. Surtout, il faut souligner que cette complexification des réseaux a un prix et ce coût est supporté par les opérateurs (actions manuelles notamment) », explique Nicolas Le Sauze, ingénieur chef de groupe au sein du projet sur les reseaux semantiques et autonomiques.

La réflexion d’Alcatel-Lucent est simple. Les opérateurs se tournent de plus en plus vers le service et le client et c’est ici que se font les investissements. L’idée du groupe franco-américain est donc de les délester le plus possible de la gestion et de la maintenance des réseaux.

Comment ? En mettant en place des réseaux autogérés. « Le challenge consiste à mettre en place des mécanismes d’intelligence artificielle sans intervention de l’opérateur. Le réseau apprend seul à se comporter », explique l’ingénieur.

Concrètement, cela se traduit par des environnements massivement distribués, constitués d’un grand nombre d’agents autonomes qui ont vocation à se substituer à l’opérateur pour lui permettre de se focaliser sur les clients et les services. « L’architecture de gestion de réseau, traditionnellement hiérarchique et centralisée est donc complètement repensée et s’articule autour de différents plans fonctionnels formant une boucle de rétroaction autonome », détaille Alcatel-Lucent.

Des réseaux autonomes et intelligents, voila qui peut faire froid dans le dos. « L’opérateur n’intervient plus mais il garde le contrôle »,tente de rassurer Nicolas Le Sauze. Et d’ajouter : « Le désengagement des opérateurs de leurs réseaux est déjà une réalité, beaucoup commencent par outsourcer leurs infrastructures comme EPlus en Allemagne ».

Autre piste : les réseaux sémantiques. Complémentaire du réseau autogéré, le réseau sémentique est capable de savoir ce qu’il transporte et de le découvrir par lui même afin d’utiliser cette information pour les appliquer au réseau. Ce concept réunit trois idées : la notion de flux de trafic, l’information en temps réel du trafic transporté et l’autogestion des réseaux.

En fait, les éléments du réseau sont informés en temps réel sur les flux grâce à cette analyse sémentique qui les identifie et les mesure par inspection systématique des paquets et par une analyse du comportement. Encore une fois, cette approche permet aux opérateurs de se concentrer sur les services et non plus sur le réseau.

Evidemment, Alcatel-Lucent n’est pas le seul à plancher sur cet Internet du futur. Et rien ne dit que la vision d’Alactel-Lucent deviendra la norme. « Il y a beaucoup d’initiatives et de programmes de réflexion comme le Futur Internet Design aux Etats-Unis. Chacun travaille de concert mais la compétition existe. En Europe, on tente de fédérer les actions de recherche ce qui implique un dialogue, d’ailleurs une déclaration de principe qui fixe les bases a été publiée. Mais comme nous sommes une entreprise franco-américaine, nous faisons le pont ». Un avantage certain pour le groupe…