Alcatel-Lucent allège la charrette en France, mais maintient les fermetures de sites

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L’équipementier Alcatel-Lucent révise à la baisse le nombre d’emplois supprimés en France et annonce l’externalisation d’environ 170 salariés du site d’Orvault vers le groupe Altran en 2014. Les fermetures et cessions de sites, ainsi que les externalisations sont maintenues.

Lors d’un comité central d’entreprise extraordinaire, mercredi 15 janvier, la direction d’Alcatel-Lucent International a détaillé les mesures sociales prises dans le cadre du plan Shift, qui vise à recentrer l’équipementier franco-américain sur les technologies IP, le Cloud Computing et le très haut débit. Les syndicats et le gouvernement ont été entendus sur au moins un point. L’équipementier réseau prévoit désormais 700 suppressions de postes en France, au lieu des 900 annoncées en octobre dernier, mais il maintient les fermetures de sites (rappelons que 6 sont concernés, lire le détail ici)

Pourparlers avec Bouygues et Numericable

Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait demandé à l’équipementier de faire un effort supplémentaire pour l’emploi et invité les opérateurs télécoms français à faire preuve de « patriotisme économique ». Pour Alcatel-Lucent, les interventions du gouvernement ont « donné des résultats concrets ». La preuve : SFR a récemment signé un important contrat avec l’industriel en difficulté.

« Les discussions ne sont d’ailleurs pas finies, nous pourrions annoncer de nouveaux contrats bientôt avec SFR. Nous sommes aussi en pourparlers avec Bouygues Telecom, Numericable et Outremer Telecom pour la signature de contrats dans le mobile et le fixe. Nous n’avons pas encore trouvé de partenariat avec Iliad (ndlr : maison mère de Free), mais je n’exclus pas qu’on y arrive », a indiqué Michel Combes, PDG d’Alcatel-Lucent, au journal Le Monde.

Un autre sujet de satisfaction pour la direction de l’équipementier et le gouvernement porte sur le nouveau partenariat industriel conclu entre Alcatel-Lucent et Altran. Quelque 170 ingénieurs spécialisés 4G du site d’Orvault (Loire-Atlantique) vont intégrer les équipes du groupe de conseil en technologies et ingénierie Altran. Dans le cadre de ce partenariat, une structure spécialisée télécoms 4G va être créée. Le nombre d’externalisations de postes en France va donc passer à 738 au total, contre 459 prévues initialement.

« Le démantèlement d’Alcatel-Lucent en France est confirmé »

Ce rapprochement avec Altran reste insatisfaisant pour les syndicats, qui déplorent globalement les externalisations et les fermetures ou cessions de sites. Selon la CFDT, sur le site d’Orvault, le compte n’y est pas. Le syndicat observe que les 170 postes intégrés aux équipes d’Altran faisaient partie des 228 postes du site d’Orvault qui devaient être redéployés. Mais que la partie suppression de postes s’est « alourdie avec 161 emplois touchés au lieu de 128 », prévus initialement. Le site d’Orvault, qui emploie à l’heure actuelle 483 personnes, sortira effectivement du périmètre du groupe.

Le site de Toulouse en Haute-Garonne (105 personnes à fin 2013), spécialisé dans la cybersécurité, et celui de Rennes dans le département d’Ille-et-Vilaine (117 personnes,) dédié à la vidéo IP, vont également fermer, ainsi que le site de Ormes (255 personnes), dans le Loiret. L’usine de production de Eu (Seine-Maritime), qui emploie 299 personnes, doit être filialisée.

Alcatel-Lucent entend ainsi se recentrer sur ses sites de Villarceaux, situé à Nozay (Essonne), où travaillent 3 277 personnes, et Lannion (Côtes-d’Armor), qui emploie 721 salariés. L’équipementier, qui avait annoncé en octobre la suppression de 10 000 postes nets dans le monde sur deux ans, cherche à réaliser pour plus d’un milliard d’euros de cessions d’actifs et réduire ses coûts fixes de plus de 15% d’ici 2015.

Pour la CFDT, « avec le plan Shift, le démantèlement d’Alcatel-Lucent en France est confirmé », sans oublier la mise en vente d’Alcatel-Lucent Enterprise (ALE emploie 1 400 salariés en France). Par ailleurs, le syndicat dénonce la perte nette de 33 emplois sur 188 dans la filiale Bell Labs France spécialisée dans la recherche avancée. Malgré tout, observe Hervé Lassalle, responsable syndical CFDT du groupe, « on est passé de 2052 postes menacés ou précarisés à 1863 », grâce à la mobilisation des salariés, la pression du gouvernement et des élus locaux.

Un nouveau comité central d’entreprise (CCE) aura lieu fin janvier 2014.

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