Alcatel-Lucent veut accélérer la mise en orbite du WiMax

L’équipementier veut démontrer que l’écosystème est aujourd’hui paré pour passer à la vitesse supérieure. Pourtant, des obstacles subsistent

On le sait, Alcatel-Lucent mise beaucoup sur le WiMax, cette technologie haut débit sans fil. L’équipementier multiplie les annonces, les tests en grandeur nature et même les lancements commerciaux dans les pays émergents.

Aujourd’hui, l’équipementier tient à démontrer que l’écosytème est prêt et invite donc ses clients opérateurs à passer à la vitesse supérieure. « Nous avons livrés 5.000 stations de base au troisième trimestre », souligne Philippe Keryer, patron de la division Mobile Access. En tout, le groupe aurait déjà déployé 15 réseaux WiMax depuis le début de l’année. En fait, le groupe franco-américain mise d’abord et avant-tout sur les marchés émergents et les pays où l’ADSL est quasi inexistant.

En République Dominicaine, le groupe a déployé un réseau dans la bande des 3,5 Ghz pour OneMax. Il a été ouvert en octobre dernier. Outre l’accès haut débit, le WiMax doit également répondre à des demandes de services comme les systèmes des paiement par carte. Au Pakistan, Alcatel-Lucent a travaillé avec Orascom afin de fournir une solution voix et data via le WiMax. « Sur 5 millions de lignes fixes, on compte seulement 50.000 accès haut débit. Le potentiel est énorme », note Alcatel-Lucent.

Le groupe mise sur ces déploiements pour démontrer son savoir faire. Mais pour la concurrence, ces lancements Alcatel-Lucent met la charrue avant les boeufs. Ainsi, selon Michel Clément, patron de Nortel France, Europe du Sud & Afrique,  » le marché est encore en attente de finalisation et de certification de standards, il y a encore des problèmes d’interopérabilité: tout n’est pas prêt et nous pensons que déployer des réseaux aujourd’hui est prématuré ».

La couverture des zones blanches est également un problème français. Rappelons que 500.000 personnes sont encore privés d’ADSL sur le territoire. Et le WiMax répond parfaitement à cette demande en tant que technologie alternative. Outre les initiatives locales et régionales à travers des délégations de service public (DSP), Alcatel-Lucent mise sur l’exploitation des licences régionales distribuées lors de l’été 2006.

Mais il faut bien reconnaître que les choses évoluent très lentement, peu ou pas de projets sont en cours. D’ailleurs, Alcatel-Lucent estime que le choix des licences régionales n’est pas le bon. « Les licences régionales fragmentent le marché. Ce n’est peut-être pas la meilleure façon de procéder. Il aurait fallu distribuer plus de licences nationales surtout que le seul détenteur actuel (Iliad-Free, NDLR) ne fait pas grand chose pour le moment », explique Philippe Goosens, Vice-Président Wireless & Regulation et CTO Europe pour l’équipementier.

En d’autres termes, le groupe s’agace un tantinet de l’organisation de ce marché qui tarde à se mettre en place. Ce qui impacte les objectifs du groupe.

Si les pays émergents et la couverture des zones blanches ou grises constituent des marchés importants et stratégiques pour le WiMax d’Alcatel-Lucent, les pays occidentaux et leurs marchés de masse représentent le gros du marché avec le WiMax nomade ou mobile intégré aux laptops.

Sur ce terrain, le groupe a présenté une série de périphériques qui selon lui permettent aujourd’hui de commencer à s’équiper. Outre les antennes et les stations de base pour les opérateurs, le groupe souligne que les cartes PCMCIA ou les clés USB WiMax commencent à être produites (notamment par Kyocera) même s’il concède que la production de masse débutera pas avant l’année prochaine. En effet, parler de production industrielle, c’est aller un peu vite en besogne. Et les prix sont encore élevés : 150 dollars en moyenne pour une carte asiatique.

carte_wimax_2.jpg

Surtout, le marché attend le top départ d’Intel. Mais le numéro un mondial des puces n’a pas encore intégré le WiMax à sa plate-forme Centrino. Cette intégration permettra vraiment au Wimax d’entrer dans le mass market mais il faudra encore attendre le milieu de l’année prochaine, prévient le fondeur. Bref, les opérateurs vont sûrement encore attendre avant de passer commande auprès d’Alcatel-Lucent..

Quant au WiMax mobile, qui viendrait en concurrence des réseaux 3G et 3G+, son arrivée n’est pas pour tout de suite. Considéré comme complémentaire aux réseaux haut débit des opérateurs mobile, le WiMax mobile pourrait trouver sa place et devenir le standard 4G, si les fabricants l’intègrent à leurs terminaux. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Alcatel-Lucent table sur une disponibilité de combinés mobiles WiMax en 2009, Intel et Nokia ont d’ailleurs déjà annoncé travailler sur des projets communs ( lire notre dossier sur cette thématique ).