A.Lees : ‘Windows Server 2008 intégrera la virtualisation dès sa sortie, en bêta’

Patron de la division Serveurs chez Microsoft, Andrew Lees revient sur les
orientations stratégiques et clarifie des propos propagés sur le Web au sujet de
Windows Server 2008

Quelles seront les orientations majeures imminentes concernant les serveurs chez Microsoft ?

Les nombreuses avancées en matière d’administration et surtout de virtualisation illustrent comment les solutions Microsoft prennent en compte non seulement le comportement des applications, mais aussi le comportement des machines. Mieux encore, l’entreprise pourra modifier dynamiquement un environnement virtuel en fonction des besoins.

Autre avancée : le ?Service Enabling?. L’intégration de SOA (Service Oriented Architecture) dans la plate-forme .net 3.0 offre la possibilité offerte aux entreprises de reprendre des applications ou des fonctions existantes non SOA pour les transformer en composant SOA. Éventuellement elles peuvent même les publier et les ouvrir à d’autres applications, tout en conservant le contrôle. Alors, la localisation de ces composants n’a plus aucune importance, et ils peuvent servir à tous. C’est le concept de ?Software to Software Services?. Par ailleurs, les développeurs bénéficient d’un portail applicatif qui leur permet de créer une même application diffusable automatiquement vers divers clients (hors PDA pour l’instant). Et bien sûr des nouveaux produits comme Windows Server 2008, System Center Forefront, IIS 2007, .net 3.0, Visual Studio Orchas, SQL Server 2008 (Katmai)…

En fait, nous introduisons un degré toujours plus élevé d’automatisation avec des systèmes de configuration modélisés et de plus en plus autogérés. Prenons une analogie pour illustrer cette évolution : la gestion de la mémoire virtuelle sous Windows (le swap disk). Sous Windows 95, l’utilisateur devait en définir la taille manuellement. Sous Windows XP, le système détermine automatiquement la taille nécessaire. Enfin, sous Vista, le système adapte automatiquement cette ressource au fur et à mesure, en fonction des besoins de l’environnement à tout moment.

À propos de Windows Server 2008, quelles raisons pousseraient les entreprises à migrer de Windows Server 2000 ou 2003 vers cette version ?

Tout d’abord, les entreprises cherchent à consolider leurs environnements et s’intéressent plus en plus à la virtualisation. Windows Server 2008 intègre justement un mécanisme de machines virtuelles très performant, acceptant les environnements Windows et Linux.

De plus, WS 2008 apporte plus de flexibilité. Par exemple : avec la WS 2003, tous les modules serveurs étaient installés sur le socle système, et l’entreprise pouvait ou non les utiliser. Sous WS 2008, la version Core permet de choisir les modules serveurs à installer : un gain jusqu’à 70 % sur les mises à jour, et une sécurisation simplifiée.

Côté réseaux et contrôle d’accès, la sécurité est encore renforcée. En environnement Windows Server 2008, tout serveur qui se connecte à un réseau passe par une zone de quarantaine. Alors, le système vérifie que la machine est ?propre? selon le minimum imposé par les règles de l’art et les politiques de sécurité de l’entreprise. Ce serveur ne pourra entrer sur le réseau qu’à cette condition. Il en va de même pour tout client de toute nature, et l’entreprise peut définir des politiques par utilisateur, par groupe, par machine, pour un système d’exploitation, etc.

Des débats s’engagent sur le Web concernant la virtualisation. Les fonctions de Live Migration ne sont pas intégrées dans WS 2008, ce qui vous éloignerait des offres comme VMWare. Qu’en est-il ?

Ces affirmations nécessitent quelques précisions importantes. En fait, il existe trois types de virtualisation. La technique de ?Live Migration? permet de switcher d’une machine virtuelle à une autre en moins d’une seconde, en transférant uniquement les octets différentiels à cette réplication. Effectivement, nous ne proposerons cette technique que dans la prochaine version de WS 2008.

Par ailleurs, la ?Quick Migration? consiste à copier intégralement une machine virtuelle (et pas seulement le différentiel) vers une autre machine virtuelle en moins de 2 secondes. Cela sera disponible dans Windows Server 2008 dès sa sortie, et répond au besoin de la très grande majorité des entreprises. D’ailleurs, cette technologie sera déjà intégrée à System Center Virtual Machine Manager au quatrième trimestre 2007, avant même la sortie de WS 2008.

Enfin, pour la technique majeure de reprise sur incident (Disaster Recovery), WS 2008 propose le ?géoclustering?. Cette technologie permet une synchronisation distante intégrale. Ainsi, en cas d’incident majeur, le serveur physique et tous les serveurs virtuels qu’il héberge bénéficient d’une reprise immédiate et sans latence. Et cela, VMWare ne le propose pas.

On peut aussi lire, dans des revues ou sur des sites sérieux, que l’hyperviseur gérant la virtualisation ne serait pas disponible lors du lancement de WS 2008, ou limité à 8 c?urs de processeurs contre 64 annoncés, ou encore sans allocation dynamique des ressources.

L’hyperviseur sera effectivement disponible en version bêta lors de la sortie de WS 2008. La version V1 sera lancée 180 jours après cette sortie. En revanche, nous n’avions pas annoncé des environnements multiprocesseurs à 64 processeurs, mais à 16 processeurs logiques (serveur octoprocesseurs bicoeur ou quadriprocesseurs à quatre c?urs, par exemple). Et cela sera effectivement disponible fin 2007 dans la bêta de l’hyperviseur.

Concernant la modification à chaud de la configuration matérielle des machines virtuelles, elle arrivera avec la version 2 de l’hyperviseur. Ces possibilités concerneront la mémoire vive, le (ou les) processeur(s), l »espace de stockage et le réseau dans chaque serveur virtuel.

Notre architecture de virtualisation est bâtie de la façon suivante. Immédiatement au dessus du serveur matériel, l’Hypervisor prend la main, et une ?machine virtuelle mère? fait fonctionner un environnement WS 2008. À ses côtés, l’utilisateur peut déployer autant de ?machines virtuelles filles? qu’il le désire. Ce dispositif permet de travailler directement avec des instructions 64 bits en mode natif, ce que ne fait pas VMWare ! Cela incarne une évolution majeure par rapport à WS 2003, où il faut installer Virtual Server 2005 R2 au dessus du système d’exploitation, pour qu’il gère le matériel virtuel à ce niveau là, et qu’il assure les liens avec les ressources physiques via Windows Server.

Dès le quatrième trimestre 2007, Microsoft System Center Virtual Machine Manager pourra gérer aussi bien les machines virtuelles sous WS 2003 que 2008, qu’elles tournent sous Windows ou sous Linux.