Altice déclare sa flamme à Bouygues Telecom

L’acquisition de Bouygues Telecom par Altice poursuivrait le mouvement de consolidation du marché français. Mais Bouygues n’est pas à vendre. Officiellement.

Où s’arrêtera l’appétit de Patrick Drahi ? Sa société d’investissements Altice a manifesté son intérêt pour Bouygues Telecom. « Nous nous considérons comme les acheteurs naturels (de Bouygues Telecom) », a déclaré Dexter Goei, le directeur général d’Altice, lors de la conférence Technology, Media and Telecom de Morgan Stanley qui se déroulait à Barcelone le 20 novembre, rapporte l’AFP.

L’absorption de Bouygues Telecom contribuerait au mouvement de consolidation du secteur que mène Altice depuis le début de l’année avec l’acquisition de SFR (qui sera définitivement validée le 27 novembre) et de Virgin Mobile par Numericable Group (propriété du fonds d’investissement). Consolidation qui semblait marquer le pas alors que les discussions de rapprochement menées au printemps dernier entre Bouygues Telecom et Iliad/Free dans un premier temps, puis Orange ensuite, sont aujourd’hui au point mort. Peut-être l’initiative d’Altice relancera-t-elle leur intérêt pour la filiale télécoms du géant du BTP.

Bouygues Telecom toujours pas à vendre

De son côté, Bouygues Telecom n’est officiellement pas à vendre. Suite à l’échec du rachat de SFR puis à l’arrêt des projets de rapprochement avec Iliad et/ou Orange, Martin Bouygues a décidé de poursuivre son développement de manière autonome sur le marché des télécoms avec une stratégie tarifaire agressive sur l’offre fixe où l’opérateur compte à peine 2 millions d’abonnés, très en retard sur ses concurrents. Et au prix d’une restructuration en cours de plus de 1400 postes, soit 15% des effectifs environ. Le groupe entend redevenir compétitif en 2016. Mais le groupe s’affiche toujours en recul sur les derniers résultats trimestriels.

Bouygues restera-t-il longtemps sourd aux offres externes ? Dans tous les cas, l’ambition d’Altice irait dans le sens d’une consolidation du marché des télécoms à trois acteurs en France à l’image du mouvement initié en Europe ces derniers mois avec, notamment, le rachat de E-Plus par O2 en Allemagne ou celui de Telefonica Ireland par Hutchinson en Irlande. Il restera néanmoins à voir si Altice aura les moyens de ses ambitions.

Pas d’augmentation de capital

Selon Dexter Goei, Altice « dispose d’une importante base de revenus donc il y aurait un important potentiel de synergies » tout en ajoutant que le groupe n’aurait pas besoin de procéder à une nouvelle augmentation de capital pour absorber un concurrent évalué entre 4,5 et 5 milliards d’euros. Pour absorber SFR, acheté 13,5 milliards, Numericable Group (propriété d’Altice) a dû procéder à une augmentation de capital de 4,7 milliards, finalisée le 18 novembre dernier. Par ailleurs, en cas d’acquisition, Altice devra nécessairement céder des actifs de Bouygues Telecom pour conserver l’équilibre du marché français aux yeux des régulateurs. Mais nous n’en sommes pas encore là.


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