Analyse: Hyperion avalé par l »hyper-lion’, pour 4 fois son chiffre d’affaires?…

Oracle, l’hyper-lion toujours en appétit, met 3,3 milliards de dollars (2,5
milliards d’euros) pour Hyperion! Pourquoi un tel prix ?

Hyperion avalé par Oracle! L’information, tombée ce 1er mars, est à rapprocher de celle du 23 janvier dernier: ce jeune champion annonçait un chiffre d’affaires 2007 compris entre 885 et 895 millions de dollars, et un bénéfice par action compris entre 1,20 et 1,25 dollar (contre 765 millions de dollars pour l’exercice fiscal clos le 30 juin 2006)?. Belle surcote !

Oracle tient donc visiblement beaucoup à cette société.

Pourtant, le groupe Oracle possède déjà Oracle Corporate Performance Management. Certes moins performant, mais alors pourquoi un tel prix ?

Les suites BI d’Oracle se sont enrichies des modules analytiques de Siebel et de Peoplesoft. Et Oracle 10 g intègre même le moteur Olap d’EssBase.

Y-a-t-il une synergie planifiée entre Oracle Financial et Hyperion ?

Le fait est que le géant du logiciel pour entreprises multiplie les technologies à faire converger et à intégrer, multiplie également les équipes de support et de ventes, et promet généralement de conserver les produits existant et même de les faire tous évoluer. Aurait-il trouvé une botte secrète pour réussir tout cela simultanément ?

Bien entendu, Oracle est capitalisé à plus de 80 milliards de dollars. Cependant, disposer d’un grand trésor de guerre ne s’est jamais révélé être une protection suffisante.

Si l’objectif consiste à ?prendre position?, le prix semble un peu excessif (52 dollars par action Hyperion, ?soit une prime de 21% sur le cours de clôture de sa cible -42,84 dollars- mercredi,? précise Reuters).

Les actionnaires d’Hyperion y trouveront leur intérêt, mais qu’en sera-t-il de ceux d’Oracle ? Certes, le marché se concentre et les leaders doivent s’y intéresser. Néanmoins, la concurrence sur un rachat Hyperion était-elle aussi rude ? Et le Californien n’aurait-il pas cédé avant ?

À vous SAPer le moral ?…

Autre avantage, sur le terrain ERP. Nombre d’analystes (experts autoproclamés) ironisaient sur la faiblesse de l’offre Oracle face à SAP.

Avec Hyperion, Oracle va disposer de fonctions de planification financière, de suivi budgétaire et de pilotage d’entreprise très en avance. La bonne coordination entre sa base de données et la suite System 9 d’Hyperion pourrait même faciliter l’intégration. Si la combinaison avec Siebel Analytics, les modules décisionnels Peoplespoft ou d’origine, et le reporting, sont bien parachevés, le résultat pourrait devenir prometteur.

Le CEO d’Oracle, Charles Phillips a même affirmé que cette acquisition contribuait à son plan d’attaque pour proposer des offres aux clients de SAP. Bien entendu, le prix des licences sera alors à la hauteur de cette intégration? Mais, là aussi, les choses changent et les modes de ventes évoluent.

A qui le tour ?

Business Objects, dont le cours profitait depuis quelques semaines de rumeurs de rachat par le même Oracle, en profitera peut-être encore. En tout cas, la concentration est bien engagée ! Et si Microsoft rachetait BO ou Cognos, ou si IBM s’y mettait ? Depuis plusieurs mois déjà, des bruits circulent autour d’un rachat de Cartesis par Business Objects, ou de BO par un géant du logiciel (variant selon la météo californienne).

On peut tout de même se demander si cette opération sera réellement une opportunité pour Hyperion.

Attendons quelques mois, Oracle pourrait bien nous surprendre, une fois encore.

Mais qui est donc Hyperion ? Leader des applications de gestion de la performance, Hyperion fournit des solutions de BPM (rebaptisé Business Performance Management) visant à planifier une stratégie financière et budgétaire, suivre son application, et mesurer en permanence les résultats. Pour cela, les solutions d’Hyperion collectent, organisent et analysent les données de l’entreprise et permettent de suivre des indicateurs définis par les managers.