Anne-Sophie Boisard, Cigref : « La numérisation du business impacte la fonction SI »

Directrice de mission au Cigref, Anne-Sophie Boisard met l’accent sur les mutations de la fonction système d’information à  l’occasion de la sortie d’un rapport du réseau de grandes entreprises sur « Les nouveaux rôles de la fonction SI – Missions, compétences et marketing ».

Silicon.fr – à€ l’ère de la conversion numérique des organisations, quelles sont les évolutions majeures de la fonction SI ?

Anne-Sophie Boisard – Les technologies et usages liés au numérique ont conduit la fonction SI à  prendre sa place dans des stratégies de transformation numérique qui impliquent l’ensemble des acteurs de l’entreprise. La fonction SI évolue par ailleurs sous une double influence  : à  la fois interne avec la montée en maturité «  numérique   » des utilisateurs, et externe avec l’importance accrue du client final. La numérisation du business amène le SI et donc la fonction SI à  être directement impliqués dans la chaine de valeur. Elle peut intervenir directement sur l’offre de produits et services aux clients finaux  ; en traitant la question de la faisabilité, elle transforme une idée «  market   » en chemin possible.

Peut-on vraiment parler d’une DSI co-partenaire des métiers ? Pour quelles raisons ?

Oui, il ne s’agit pas seulement de sémantique  ! L’irruption du numérique dans les entreprises, conjuguée à  la pression du Time-to-market nécessite de repenser des modes de travail obsolètes, rigides et peu adaptés au monde numérique. Les démarches de coopération entre les différents acteurs de l’entreprise, les dynamiques collaboratives, la mixité des équipes-projet deviennent des ingrédients nécessaires pour assurer la compétitivité des organisations. Nous citons plusieurs exemples dans notre rapport, issus de nos grandes entreprises, qui ont mis en place de nouvelles formes d’organisation de partenariats avec les métiers.

Le Cigref évoque le remplacement du mode MOA/MOE par la maîtrise d’ouvrage partagée. Pouvez-vous préciser cette notion ?

Le rapport sur les nouveaux rôles de la fonction SI se positionne pour une disparition du modèle MOA/MOE, une spécificité française, souvent difficilement compréhensible pour les partenaires internationaux. Sous la pression de la recherche d’efficacité, cette disparition est en fait une évolution naturelle d’un dialogue plus intriqué entre les acteurs, Métiers et IT, en raison notamment de leur degré de maturité.

Ce modèle traditionnel MOA/MOE pourrait laisser sa place à  un modèle de «  Social MOA   », soit une MOA partagée, qui tire profit de la maturité technologique des collaborateurs pour favoriser l’innovation. La MOA partagée s’instaure, pour des applications de terrain et transversales, communes à  différents métiers. Elle est mutualisée sur un groupe de collaborateurs, qui partagent une expertise et une volonté commune de travail collectif.

Que dire de l’impact du Cloud Computing sur l’orientation stratégique de la fonction SI ?

Le Cloud Computing permet aux entreprises de se dégager d’une contrainte technique au profit de plus d’agilité et d’adaptation du service aux besoins des métiers. Il a un impact sur l’orientation stratégique de la fonction SI dans la mesure o๠il constitue une opportunité pour réorienter ses missions vers des fonctions plus applicatives, plus orientées «  métiers   » et moins techniques. En contrepartie, les métiers doivent se doter d’une montée en compétences techniques. La fonction SI garde toutefois un rôle pédagogique et de facilitateur avec des compétences renouvelées en gestion des partenariats (droit, maîtrise des risques) et sur les réseaux.


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