Antoine Jia, ZTE : « On se prépare pour le prochain train de la 4G »

Antoine Jia, directeur commercial Entreprises & Collectivités au sein de ZTE

La conquête du marché français pour ZTE passe désormais par celle des collectivités locales, nous explique Antoine Jia, directeur entreprises & collectivités de l’équipementier chinois, grand absent du marché réseau mobile en France.

ZTE sera présent au Salon des maires, du 19 au 21 novembre Porte de Versailles, en tant que membre représentant de la FIRIP. Créée fin 2012, la Fédération des Industriels des Réseaux d’Initiative Publique entend peser auprès des pouvoirs publics pour assurer le déploiement du très haut débit en France via les collectivités locales. Antoine Jia, directeur commercial Entreprises & Collectivités au sein de ZTE, nous explique comment les collectivités locales s’inscrivent dans la nouvelle stratégie de l’équipementier chinois, grand absent du marché des réseaux mobiles en France.

Antoine JIA directeur commercial dédié au marché des Entreprises & Collectivités chez ZTE.
Selon Antoine Jia, la conquête du marché français par ZTE passera par les smart cities, notamment.

Silicon.fr – Que va apporter à ZTE son adhésion à la Firip, officialisée à l’occasion du Salon des maires ?

Antoine Jia – La Firip est une jeune association qui s’intéresse à l’écosystème des différents acteurs de la construction des réseaux d’initiative publique (RIP) des collectivités locales. Dans ce cadre, elle regroupe des bureaux d’étude, des acteurs du génie civil, des fournisseurs d’équipements passifs, des intégrateurs, des équipementiers télécoms, des opérateurs de services et des opérateurs d’opérateurs. C’est une occasion idéale pour nous de mieux connaitre ce secteur et de trouver les bons partenaires pour la construction de RIP. Le Salon des maires constitue par ailleurs un lieu idéal pour trouver une opportunité de travailler avec les collectivités.

Comment ZTE entend répondre aux besoins des collectivités ?

Au-delà des infrastructures réseau, notamment de couverture radio, nous investissons dans les secteurs du très haut débit et des smart cities à travers une dizaine de thématiques : transports en ville, environnement, énergie, santé, éducation, tourisme, sécurité, logistique… Ce sont des domaines principalement développés dans nos laboratoires et villes pilotes en Chine. En France, ZTE alimente le projet de vidéosurveillance de la ville de Marseille en fournissant caméras (plus de 1000), solutions de collecte et stockage. Nous travaillons sur un appel d’offre similaire à Lyon.

Nous travaillons également sur des avant-projets dans les domaines de la santé avec des solutions d’appareils de mesures corporelles (tension, température, etc.) connectées, mais aussi de l’Education où les projets informatiques viendraient s’inscrire dans les besoins d’activités périscolaires induits par les nouveaux rythmes scolaires.

Faute d’avoir réussi à pénétrer le marché des réseaux mobiles en France, considérez-vous les collectivités comme stratégiques sur le marché français ?

Le marché des opérateurs nationaux est saturé pour le moment. En attendant, on cherche un nouvel axe de croissance, du côté des entreprises, que l’on alimente par l’intermédiaire des petits opérateurs pour la construction de réseaux très haut débit à travers des partenaires distributeurs; et du côté des collectivités, via des partenaires opérateurs, comme Axiome, Altitude, Covage, ou intégrateurs sur les projets de RIP. C’est une stratégie à long terme en deux étapes : la première, accompagner les collectivités dans la construction du réseau et, la deuxième, apporter de nouveaux services en matière de smart cities. Nous sommes donc en phase de recherche de partenaires pour répondre à l’exploitation des réseaux fibres au-delà des secteurs de la communication, de l’Internet et de la télévision. ZTE s’inscrit dans cette dynamique.

Comment expliquez-vous votre absence sur le marché mobile en France, notamment face à votre homologue Huawei ?

Nous avons loupé des opportunités parce que nous sommes arrivés tard, 3 ou 4 ans après Huawei, lors de l’ouverture du marché des télécoms en Europe à la fin des années 90. En France, la place est prise car les opérateurs ne vont pas choisir deux équipementiers asiatiques comme fournisseurs et le marché est aujourd’hui bloqué par Huawei qui, je dois reconnaître, a bien travaillé. D’autre part, Alcatel-Lucent constitue un frein en tant qu’entreprise française. Enfin, l’article R226 du code pénal dans le cadre de la loi sur la sécurité* est très restrictif pour nous.

On continue néanmoins de viser le marché mobile en France même si c’est de plus en plus difficile, surtout depuis un an alors que le train de la 4G est parti. On se prépare pour le prochain train dans 3 ou 4 ans, avant celui de la 5G.

Y a-t-il de la place pour cinq équipementiers mobiles en France alors que les quatre opérateurs pourraient se concentrer à terme ?

Je ne sais pas si le marché mobile va se concentrer en France, mais ce qui est sûr c’est que la mutualisation est en cours, tant sur le mobile (SFR et Bouygues Telecom ont signé des accords de négociation en ce sens) que fixe. C’est inévitable car c’est impossible financièrement pour chaque opérateur de construire son propre réseau. C’est un choix logique et pertinent même si ce n’est pas bon pour les équipementiers. Mais l’Internet des objets élargit le marché et, avec la convergence IP, la frontière est floue entre services IT et télécoms. Il y a donc encore des opportunités.

* L’article R226-3, notamment, du code pénal soumet à autorisation, généralement délivrée par l’Anssi, tout système de communication électronique de cœur de réseau.


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