Appels mobiles à l’étranger: Bruxelles presse les opérateurs

Encore une fois, la Commission européenne veut contraindre les opérateurs à revoir leurs tarifs. Et ouvre un site de comparaison de prix

Ce n’est plus un secret pour personne: lors d’un séjour à l’étranger votre facture de téléphonie mobile risque à tout moment d’exploser. En effet, les coûts de ré-acheminement vous sont facturés. Idem si quelqu’un vous appelle. On appelle ça le ‘roaming’. Or, il constitue une véritable vache à lait pour les opérateurs.

La source du problème vient des « accords d’itinérance internationale » que les opérateurs doivent conclure avec leurs homologues étrangers. Ces accords mettent en place des tarifs, souvent prohibitifs. Depuis plusieurs années, la Commission européenne dénonce ces pratiques et ces tarifs qualifiés de « démesurés ». Un rapport publié en juillet dernier révélait des situations extrêmes: ainsi, un Finlandais qui appelle son pays depuis Chypre avec un abonnement finlandais ne paiera que 58 centimes la minute tandis qu’un Polonais qui téléphone à Varsovie depuis Malte devra débourser 5,01 euros la minute, dix fois plus! Maintes fois dénoncés, ces abus n’ont pourtant pas disparu (à de rares exceptions près). Bruxelles a donc décidé de passer à l’attaque. Mais l’exécutif européen refuse à légiférer. « Il se peut que le problème puisse être résolu par le marché », a déclaré Martin Selmayr, le porte-parole de Viviane Reding, la commissaire européenne chargée des Télécommunications. « Pour l’instant, nous ne pensons pas en termes de réglementation », a expliqué le porte-parole. Comme nous vous le révélions en juillet, la Commission ouvre un site Internet (https://europa.eu.int/information_society/roaming) où figureront les différents frais de roaming, pays par pays, opérateur par opérateur, dans l’espoir que cette transparence incite les clients privés à changer d’opérateur si ce dernier exige des frais trop élevés. Selon les Echos, le site donne également les coordonnées des points de contact où peuvent être déposées des réclamations. « Pour bien se défendre, le consommateur doit être bien informé », a répété mardi Viviane Reding, lors d’une conférence de presse. « A une époque où nous avons vu se réaliser tellement de progrès en Europe dans les autres services de télécommunications, on a peine à croire que l’utilisation d’un portable à l’étranger coûte aussi cher », a-t-elle déploré. Rappelons également que la Commission a ouvert en 2000 une enquête sur les pratiques de deux des principaux opérateurs européens: le britannique Vodafone et l’allemand T-Mobile. L’enquête de la Commission montre que T-Mobile, depuis 1997 et au moins jusqu’à fin 2003, « a abusé de sa position dominante sur le marché allemand de la fourniture de services en gros d’itinérance internationale sur son propre réseau. L’abus consistait à pratiquer des prix inéquitables et excessifs à l’égard des exploitants européens ». La Commission est parvenue aux mêmes conclusions « en ce qui concerne les tarifs interopérateurs appliqués par Vodafone pour la période allant de début 2000 à au moins fin 2003 ». Selon les services européens de la Concurrence, « l’enquête a également révélé que les services d’itinérance généraient des profits plusieurs fois supérieurs à ceux produits par des services comparables fournis par des exploitants de réseaux mobiles. » Autant d’actions destinées à faire plier les opérateurs. Suffisant ? Le lobby des acteurs de secteur est très puissant et seule la menace de sanctions pourrait véritablement permettre de faire évoluer les choses.