Après les USA, Bruxelles va enquêter sur l'accord Yahoo Google dans la pub en ligne

Risque d’entrave à la concurrence ou pas ?

L’accord publicitaire entre Yahoo et Google dans la publicité en ligne est une nouvelle fois sur la sellette. Après l’ouverture d’une enquête aux Etats-Unis, c’est au tour de l’exécutif européen de se pencher sur ce partenariat. Bruxelles annonce ainsi l’ouverture d’une investigation formelle afin de savoir si oui ou non, le pacte entre les deux géants pourrait entraver la concurrence sur ce marché stratégique.

Google a immédiatement réagit à cette annonce en déclarant que « l’accord étant limité aux sites américains de Yahoo et de Google, il n’aura pas d’impact significatif en Europe ». Et d’ajouter que le géant de Mountain View coopéra avec la Commission.

Dans le même temps, l’association mondiale des journaux (AMJ) a demandé lundi aux autorités de la concurrence américaine, canadienne et européenne de bloquer cet accord qu’elle juge anticoncurrentiel.

Selon l’AMJ, cet accord aurait un « impact négatif »à la fois sur les recettes publicitaires que Yahoo et Google apportent aux journaux et aux autres sites internet et sur le coût de la publicité payante sur les moteurs de recherche.

« La concurrence qui existe actuellement entre Google et Yahoo! est absolument essentielle pour s’assurer que nos journaux membres reçoivent un rendement concurrentiel pour la publicité en ligne sur leurs sites, et pour obtenir des tarifs concurrentiels quand ils achètent des liens sponsorisés », explique l’association basée à Paris et qui représente 77 associations nationales de journaux et 18.000 journaux à travers le monde.

L’AMJ ajoute craindre que cet accord « ne confère à Google le pouvoir de fixer et de conserver un niveau de prix élevés sur d’importants segments de la publicité en ligne et lui permette d’exploiter sa domination dans la recherche sur internet dans d’autres marchés ».

Rappelons qu’en en avril dernier, suite à l’OPA de Microsoft sur Yahoo, ce dernier s’allie avec Google. Dans cet accord provisoire (sous la forme d’un test), Yahoo autorise Google à vendre et afficher des publicités AdWords avec les résultats de recherche Yahoo.

Mais très vite, la concurrence s’émeut, notamment Microsoft. Car avec ce deal, Google contrôle désormais près de 80% du marché de la publicité en ligne.

Selon Jerry Yang, p-dg de Yahoo, cet accord permettra au contraire de rendre le marché plus concurrentiel.« Il peut sembler contre-intuitif de penser que le fait de s’allier à unconcurrent puisse améliorer notre position concurrentielle », a-t-il déclaré.« Mais à l’heure où la recherche et l’affichage poursuivent leur convergence,[l’accord]place Yahoo dans une meilleure position pour innover et concurrencer de façon agressive Google ainsi que ses autres rivaux sur le marché publicitaire ».

A cette époque, les autorités américaines commençaient déjà à se poser des questions. Selon une source informée citée par Reuters, le département américain de la Justice a enquêté sur les éventuelles conséquences en matière de concurrence que pourraient avoir cet accord qui au départ n’était que provisoire. Une enquête formelle aurait été lancée.

Pour autant, jusqu’à la fin août, les autorités américaines n’ont envoyé aucun signal à Google. Ce dernier a donc officialisé son offre commune avec Yahoo à la fin août. Mais rien ne semble désormais acquis.

Lors de la conclusion de l’accord, les deux groupes ont précisé qu’ils attendraient jusqu’à trois mois et demi avant de mettre en vigueur ce partenariat, afin de laisser le temps aux autorités américaines de l’examiner.