Architecture SOA: le modèle débattu par Gartner, HP et… la presse

Le centre de compétences de Hewlett Packard à Sophia Antipolis (06) a eu la bonne idée de convier journalistes et analystes -dont le Gartner- pour en découdre sur l’architecture orientée services et ses « mythes ». Discussions … très ‘open’!

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La difficulté« , admet Paolo Malinverno, vice-president EMEA du Gartner Group (Research), « c’est de se mettre d’accord sur une définition de l’architecture SOA!« . Et de prendre une feuille et un crayon pour dessiner à gauche le monde des activités « métiers » avec ses préoccupations « business » et à droite, celui de l’informatique avec la complexité, non décroissante!, de ses plates-formes hétérogènes, ses strates « trois tiers », etc. « SOA, en réalité, cela fait 20 ans qu’on en parle, qu’on le prédit… Aujourd’hui, c’est devenu concret! Tout le processus d’implémentation reste à régler« . Et l’analyste prend alors l’exemple d’un groupe bancaire qui, outre de se lancer dans l’assurance, rachète, fusionne, se rebaptise… « Pour le chargé d’affaires, le concept de « service attendu » qui vise à cerner le profil des clients et leur propension à utiliser tel ou tel produit bancaire est évident: le transposer en un ensemble de scénarios en chaîne, réplicables et ré-utilisables, voilà tout l’enjeu du DSI et de son équipe -quel que soit le nombre et le nom des systèmes ou des bases de données qu’ils gèrent et sécurisent au quotidien!« . Une autre affirmation se distingue consensuellement, en ouverture des exposés: l’architecture SOA n’est pas l’apanage d’un constructeur ou d’un éditeur de logiciel. « La communauté IT dans son ensemble l’adopte« , continue Paolo Malinverno, « car elle repose sur des standards -normes ou standards de facto, comme tous ceux qui sous-tendent les services Web, ou encore Java J2EE y compris. L’une des premières briques a été, sans doute, Corba. » SOA est ou n’est pas… -un niveau d’abstration supérieur… oui, car il est question de « l’agilité » et de la « flexibilité » de l’entreprise, lesquelles présupposent des économies d’échelle, des baisses de coût pour le déploiement et la maintenance ; une évolution qui s’inscrit dans les principes nouveaux de « gouvernance » -les services deviennent accessibles à la carte; ils s’inscrivent dans le flux de processus pouvant ou non être appelés et s’enchaîner à la demande; -SOA n’est pas une sinécure: après une phase d’adhésion, on passe souvent -prévient le Gartner- par une phase de désillusion puis un refondement qui conduit enfin à la sortie du tunnel, jusqu’à un « plateau de productivité« ; Les principaux bénéfices sont alors: -des économies d’échelle, grâce à une implémentation incrémentale, et à des services réutilisables, -une meilleure flexibilité de l’entreprise… Tout le monde ne réussira pas en quelques années, avertit le Gartner : « D’ici à 2010, moins de 25% des grands comptes auront suffisamment mûri leurs ressources internes, techniques et organisationnelles, pour fournir une telle architecture » -A force de donner des conseils, on frise parfois la contradiction: « L’architecture SOA est un voyage, c’est un plan programme sur plusieurs années. Mais le retour sur investissement doit être présenté comme court, « à moyen terme »! (un an et demi) ! Et le concept présente un inconvénient majeur: avec son jargon, il n’est pas recevable tel quel par les directions générales! Il faut le traduire en gains d’adaptabilité et de souplesse, en réductions de coûts maintenance, etc. Témoignage du groupe Arcelor, en résumé: « Ce ne peut être qu’une migration graduelle. Nous avons besoin de standards préalables« , a expliqué Pieter Moors, responsable Technologies & Standards chez Sidmar Arcelor. Et il y a bien une logique « groupe »: « Nous sommes dans un contexte où les différents départements de l’entreprise doivent être capables de travailler de façon indépendante, autonome (pour un temps, du moins). Et la fourniture de services est continuelle. D’autant plus que chaque département délivre des services aux autres départements, comme une ‘supply chain’ critique: donc, les systèmes d’information des uns et des autres doivent obéïr aux mêmes règles. » Et certes, il existe des outils et des « briques » standards -depuis l’échange dynamique de fichiers ou DDE, DCOM/Corba, puis MOM, HTTP, les ‘Web services’, XML, SOAP, BPEL, WSDL, UDDI… -ajoute M. Moors, « mais la technologie n’est pas le seul thème: avec SOA, il faut également parler de ‘Business P (process, performance…) M (modelling, management…) et de solutions de « bus de service pour l’entreprise ». Le monitoring de l’activité « business » est tout aussi important« . Et dernières recommandations du terrain: « Décrire complétement l’architecture des applications et les standards de développement (sans oublier l’UCM,unified configuration management). Penser « large » mais sans voir trop grand dans l’implémentation progressive ; ne pas consommer des services « mondiaux » mais commencer dans son propre périmètre. » Des ressources ‘terrain’ de HP en France

A l’heure où, face à un plan de restructuration historique, les salariés de Hewlett-Packard serrent les rangs en Europe, la visite de ce centre de compétences à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes) revêtait un relief particulier. Démos très accessibles et concrètes, avec mises en situation d’entreprise, effort notoire de pédagogie et de transparence : les équipes installées ici, sans forcer leur européanité (multi-linguisme, connivences culturelles), font preuve de pragmatisme et de connaissances « terrain » sur les réalités vêcues par les entreprises. Pression sur les coûts, orientations accessibles aux directions générales, conseil stratégique dénué de slogans « hypes »… La tonalité générale a de quoi séduire. Alors, le visiteur se prend aux jeux des réminiscences: ici? l’héritage Digital Equipement, là, le pragmatisme commercial de Compaq? ou là encore la belle machine industrielle de HP du temps jadis? Dommage qu’en haut lieux, sous l’influence d’obscurs fonds jouant en Bourse, on compte autrement les talents…