Autoroutes allemandes : les déboires du péage par satellite

Après de multiples péripéties, le système de péage autoroutier par satellite prévu pour les poids lourds, devrait enfin voir le jour en Allemagne à partir de janvier prochain

Le projet, dont le lancement était prévu à l’origine pour août 2003, a connu un véritable flop. Toutefois, suite aux trois mois de tests achevés en novembre dernier, il est prévu que les poids lourds circulant sur les autoroutes allemandes s’acquittent d’un droit de passage, à compter de janvier 2005. Mais le gouvernement allemand, pour éviter de ralentir la circulation sur les 12.000 kilomètres d’autoroutes que compte le pays, n’a pas souhaité construire de barrières de péages. Il a préféré opter pour une technologie dernier cri de positionnement par satellite. Les camions doivent donc s’équiper d’un ordinateur de bord, qui communique à un système central les kilomètres d’autoroute parcourus. Le propriétaire peut ainsi être facturé directement, en fonction des distances parcourues par sa flotte de camions. Le projet est géré par un consortium, baptisé

« Toll Collect » – nom somme toute très peu germanique – qui regroupe les géants allemands Daimler-Chrysler et Deutsche Telekom, ainsi que le Français Cofiroute, filiale du groupe Vinci. Pour avoir repoussé le lancement à plusieurs reprises, pour des raisons techniques, « Toll Collect » a déjà fait couler beaucoup d’encre outre-Rhin. Et le système n’étant toujours pas au point. C’est finalement une version moins sophistiquée que celle prévue initialement, qui verra le jour en janvier prochain. Et les moins optimistes pensent déjà que le démarrage de janvier 2005 sera cauchemardesque. En effet, la majorité des camions ne se sont pas encore équipés d’ordinateur de bord. Ils devront donc s’acquitter « manuellement » du péage, en enregistrant à l’avance leur itinéraire dans des bornes disposées aux frontières et sur certaines aires d’autoroutes. Outre le problème de la langue pour de nombreux chauffeurs routiers – les terminaux ne communiquent qu’en quatre langues : allemand, anglais, français et polonais ? les parkings aux alentours risquent d’être vite saturés. D’autant que si pour une raison quelconque, le chauffeur décide de changer d’itinéraire, il devra recommencer la procédure d’enregistrement à la borne la plus proche. Toujours est-il que le gouvernement allemand, qui avait décidé de ce péage pour combler une partie de ses déficits budgétaires, n’a toujours pas encaissé le moindre euro. Et il commence à perdre patience. Estimant son manque à gagner à quelque 4,5 milliards d’euros, il menace aujourd’hui de poursuivre le consortium afin de réclamer des dédommagements.