Avis d’expert : OpenStack, bonnes pratiques et erreurs à éviter

Frederik Bijlsma - Red Hat

Frederik Bijlsma, responsable EMEA de la division des solutions cloud de Red Hat, partage avec nous ses réflexions sur la mise en pratique d’un cloud basé sur la plate-forme open source OpenStack.

Linux aura mis une vingtaine d’années à gommer son image d’incarnation de l’idéal de l’open source au profit de celle d’un système d’exploitation d’entreprise polyvalent. Ce n’est qu’après 15 années de progression modeste que son adoption s’est subitement accélérée. Car si les développeurs ont rapidement été séduits, il a fallu gagner la confiance des entreprises avant que celles-ci osent sauter le pas.

Les courbes d’adoption varient toutefois d’une technologie à l’autre. La virtualisation, par exemple, bien que moins récente que ce que l’on pourrait penser, a rapidement connu un véritable boom dans les entreprises, en particulier dans ses déclinaisons open source.

La tendance est désormais au cloud, qui amorce à peine sa phase d’adoption. Or on constate aujourd’hui que, bien que les avantages des services et solutions TIC en cloud soient largement étayés dans les médias, la plupart des entreprises se contentent de services cloud cloisonnés, et dédiés au stockage par exemple. La faute aux fournisseurs de services cloud propriétaires, qui ont érigé des barrières rendant toute collaboration entre eux impossible. À l’open source de les faire tomber.

C’est justement l’objectif d’OpenStack, un projet de cloud open source de type IaaS (infrastructure sous forme de service), dirigé par la fondation OpenStack.

Là encore, la question n’est pas de savoir si le cloud se démocratisera dans les entreprises, mais quand. Et ce n’est pas parce que le projet OpenStack est soutenu par quelque 150 partenaires technologiques qu’il aboutira plus rapidement. Au contraire, le grand nombre de parties prenantes allonge le délai de mise en œuvre du projet. Faute d’un recul suffisant, les entreprises hésitent davantage à se jeter à l’eau.

OpenStack offre pourtant aux entreprises l’opportunité d’implémenter une IaaS à un coût particulièrement attractif, notamment parce que tous les services informatiques, réseau et de stockage peuvent être distribués sous une forme logicielle et non matérielle. Cependant, la solution gagne rapidement en maturité et les applications traditionnelles ne sont pas (encore) tout à fait adaptées à cette architecture du futur. D’où la volonté de nombreux éditeurs de s’associer au projet de cloud open source et l’émergence de différents business models autour d’OpenStack.

Préparer le projet…

Avant même d’envisager d’adopter OpenStack, les chefs de projet IT doivent dresser l’inventaire détaillé de toutes les applications IT de l’entreprise, y compris du niveau de sécurité qu’elles exigeront dans le cloud (quelles seront les règles et réglementations sur la gestion et la confidentialité des données ?) ; des règles locales (où seront localisés les utilisateurs et les données selon les réglementations locales ?) ; des interconnexions et des interdépendances entre applications ; et des spécificités des applications (pourront-elles évoluer horizontalement, resteront-elles hautement disponibles dans une infrastructure multiniveau à nœuds passifs ?).

Avant de migrer vers OpenStack, les chefs de projet IT devront non seulement répondre à toutes ces questions, mais aussi anticiper toute autre problématique associée au secteur d’activité de l’entreprise, à l’infrastructure IT en place, au budget disponible ou encore à la culture IT de l’entreprise. La phase de planification sera déterminante dans la réussite de leur projet d’adoption d’OpenStack.

Et si, comme le veulent les bonnes pratiques, la plupart des entreprises disposent déjà d’un inventaire de leurs technologies, celui-ci est souvent incomplet ou obsolète, sa mise à jour étant régulièrement reportée au profit de projets plus stratégiques. Cet inventaire est pourtant indispensable pour distinguer les ressources candidates à la migration de celles à conserver dans un datacenter classique, et déterminer comment orchestrer la migration de manière à limiter les perturbations pour l’entreprise.

Mieux vaut par exemple opter pour un « meta » logiciel d’administration des systèmes de gestion unitaires pour instaurer un processus global de gestion des diverses solutions de virtualisation/IaaS en toute transparence et indépendance technologique. Il proposera en outre un aperçu détaillé de l’environnement IT, qui facilitera la détection des applications à migrer et permettra ainsi d’évaluer plus précisément les ressources nécessaires au projet, sans oublier celles à affecter aux systèmes non migrés.

… et choisir le bon fournisseur

La phase de sélection des candidats à la migration et autres préparatifs nécessaires à la transition vers OpenStack achevés, il convient de comparer les différents modèles de commercialisation des fournisseurs. Une étape difficile pour les décideurs tant le choix est vaste. Pour résumer, certains fournisseurs vendent OpenStack avec tous les avantages qui vont de pair avec une solution open source, quand d’autres proposent une version OpenStack packagée, qui n’a d’OpenStack que le nom et lie l’utilisateur à de nouvelles solutions propriétaires.

Pour faire le bon choix, le mieux est d’opter pour un partenaire qui connaît bien votre activité et vos besoins technologiques. Définissez à l’avance vos attentes, en matière de technologies, mais aussi de délai et de budget. Selon la technologie visée, vous n’aurez pas toujours le recul suffisant pour ce faire. D’où l’importance de vous tourner vers un partenaire de confiance, qui saura vous orienter.

Généralement, il est inenvisageable de migrer tout un environnement IT vers OpenStack. La transition ne dispense donc pas de toutes les tâches d’administration et de mise à niveau de systèmes matériels. Comme le mainframe, dont on annonçait la disparition il y a 20 ans, il faudra encore compter avec tout système ne pouvant pas être migré vers le cloud via OpenStack.

Retenez qu’OpenStack n’est pas nécessairement une installation figée, mais peut aussi être exploité sous la forme d’un service évolutif. Mieux vaut privilégier au déploiement sur mesure, plus coûteux en soi et synonyme de frais récurrents d’administration et de maintenance, un abonnement libre à OpenStack, qui n’impose pas d’outils propriétaires avec les contraintes que cela suppose, et qui couvre les correctifs et mises à jour.

Vous avez probablement lu cet article parce que vous envisagez sérieusement d’adopter OpenStack. Et vous avez peut-être déjà déployé Linux dans votre entreprise, ce qui expliquerait votre intérêt pour l’open source. Dans ce cas, ne tentez pas de réinventer la roue ; appliquez plutôt à OpenStack les mêmes méthodes de configuration et de gestion du cycle de vie que pour Linux.


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