Avi Network : quand les business models bloquent l’élasticité des entreprises

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Expert en hardware, Rodolphe Moreno évoque une véritable course à l’immobilisme dans le monde de l’infrastructure associée au load balancing (ou répartiteur de charges).

Le load-balancing (ou équilibrage de charges) est dans une infrastructure IT d’entreprise ce qui permet de prioriser la bande passante aussi bien que de s’assurer que les applications (e-commerce ou autres application business) fonctionnent en temps réel.

Comme tout marché dont les technologies ne sont pas « sexy », l’innovation y est plus lente et les acteurs principaux cherchent à conserver captifs des utilisateurs qui ne se rendent pas compte des freins à l’innovation que cela implique.

Les confessions d’un repenti du business model hardware

Quelle étrange impression de « mea culpa » public alors que je devrais peut-être simplement titrer « je me suis enfin rendu compte ».

Mais je ne suis pas ici pour parler de moi mais d’une situation qui passe inaperçue mais qui freine beaucoup de nombreuses entreprises qui « rêvent » au quotidien de transformation digitale et d’automatisation…

Les fournisseurs de solution de load-balancing sont des constructeurs de hardware et n’ont pas la culture d’un éditeur de logiciel.

Si la pertinence d’un hardware spécifique a pu s’expliquer par le passé pour la fonction de load-balancing, les motivations pour ne pas changer de business model sont aujourd’hui d’une toute autre nature que technique.

En effet, leur business model particulier implique d’avoir des coûts de conception hardware, d’avoir une logistique de distribution et de remplacement RMA (Return Merchandise Authorization) mondiale avec des équipes dédiées à ces fonctions

Pour quels avantages (enfin pour les vendeurs) ?

Tout d’abord et évidement c’est une bonne façon d’augmenter ses revenus (hardware + maintenance associée), mais l’essentiel n’est pas là.

Vivre sur un business model hardware permet de créer une obsolescence programmée de la solution afin de pouvoir la revendre tous les 4 ou 5 ans : on parle là de la même solution technique sur les bases d’un nouveau hardware.

Les motivations financières sont claires : lors du premier achat et lors du renouvellement, elles frisent la préemption de marché. Le tout, assez souvent, sous couvert d’un effet parapluie que les DSI connaissent hélas trop bien…

Un dernier effet induit est que l’innovation n’existe pas dans un contexte de clientèle captive, le client paye pour des développements faits dans d’autres domaines au détriment de la simplification et de l’adaptation aux nouvelles contraintes techniques : élasticité et performances.

Et d’imposer d’autres contraintes aux clients

Ce business model hardware apporte de nombreuses contraintes aux utilisateurs :

En premier lieu, étant donné que l’on achète un hardware dans l’espoir de ne pas avoir à le changer pendant 4-5 ans, le hardware choisi est toujours surdimensionné car sa capacité est estimée… à 5 ans !

Une bonne aubaine pour le vendeur mais plus difficile à faire passer dans un COMEX à notre époque. Et comme en plus, dans une architecture classique chaque boîtier doit être redondé par un boîtier passif…

Pour résumer, le DSI se retrouve dans la situation d’une société de livraison à qui on aurait vendu des voitures de course pour aller plus vite : la vitesse est là, surdimensionnée, mais ces voitures nécessitent plus d’investissement à l’achat et plus de maintenance pour un usage somme toute restreint à une demande simple : livrer…

Mais cela ne s’arrête pas là, durant les 4-5 ans de possession de la solution, toute évolution est difficile, voire impossible :

· On peut difficilement augmenter les capacités et, dans le cas où cela est possible, c’est au prix fort (hardware + maintenance).

· On ne peut jamais diminuer les capacités d’une plateforme hardware (on a essayé avec une scie à métaux cela ne marche pas).

Si demain, vous avez besoin de moins de capacité parce que certaines applications sont parties dans le cloud…impossible de diminuer votre capacité de load-balancing, vous continuez à payer la même maintenance.

Ces constructeurs se doivent de développer une gamme de produits hardware qui devient une contrainte de design pour la DSI et qui limite tous les changements et les évolutions d’architecture.

En effet, ces load-balancerq hardware ont beaucoup de difficulté à s’adapter aux nouvelles technologies (cloud privé, public, SDN, Openstack….automation orchestration…) alors que de plus en plus d’entreprises ont besoin de solutions logicielles développées sur des concepts modernes afin d’apporter des réponses aux nouveaux enjeux d’automatisation.

La poule aux œufs d’or, le plus longtemps possible

Alors nous allons encore vivre quelques années avec des solutions dépassées qui vont à l’encontre de l’évolution des entreprises qui cherche plus d’élasticité, tant dans les coûts liés à l’informatique quand dans leur capacité à adapter leur infrastructure à la demande opérationnelle.

Il est bien évident que la chute de revenus entrainée par la suppression du hardware racheté au prix fort tous les 5 ans, de la fin des designs figés qui poussent les clients à racheter de nouveaux produits de façon précoce entraineraient une chute vertigineuse de leur chiffres d’affaires (ce qui est impensable pour des sociétés cotées en Bourse).

Pour preuve, afin de ne pas casser leur business model, le prix de la version virtuelle est quasiment au même prix que la version hardware …ce qui n’a pas de sens…si ce n’est de dévaloriser leur hardware propriétaire.

Pour conclure, la grande majorité des entreprises que je rencontre se retrouvent bloquées dans leur évolution parce que le load-balancing leur a semblé se résumer à une appliance.

Face aux défis du moment comme la mise en place de cloud (privé, public ou hybride) mais plus encore face aux besoins d’automatisation ou de mise à disposition d’applications de plus en plus modernes, elles se retrouvent bloquées face à des coûts prohibitifs ou des outils ne faisant pas ce qu’ils sont censés faire…

Il est évident que, dans une vision à 5 ans, on peut difficilement prendre en compte les changements et les évolutions dont les cycles sont de plus en plus rapides.

Alors à l’image des créateurs de start-up qui font feu de tout bois pour avoir un « time to market » le plus réduit possible, les entreprises établies doivent repenser les plus infimes détails de leur infrastructure pour aller plus loin.

Et, dans le cas particulier de l’équilibrage de charge, la possibilité de gérer les applications directement dans un cloud privé ou hybride devient, par exemple, un élément stratégique…

Je suis un repenti et j’ai maintenant un but clair et précis : rendre élastique ce qui est présumé à tort ne pas l’être !


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Regional Manager Southern Europe
Avi Networks
Avant de rejoindre Avi Networks en février 2017, Rodolphe Moreno avait occupé différentes fonctions stratégiques au sein d’entreprises comme Infoblox (Regional Manager Southern Europe 2007 – 2016). Il a également été président d’Integralis France (NTT Security) de 2004 à 2007 après avoir participé à la fusion de sa propre société, AXIPE, qu’il avait dirigé de 1999 à 2004. Rodolphe Moreno est diplômé du CNAM promotion 1989.
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