Combien de temps l’infrastructure cloud et sur site doivent cohabiter ?

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S’il est, théoriquement, possible d’opérer dans une configuration hybride sur le long terme, les budgets illimités sont une chimère. Maintenir un modèle conjuguant une infrastructure sur site et une infrastructure en cloud pendant une période prolongée n’est pas rentable.

Toute entreprise qui choisit de transférer sur le cloud public une infrastructure IT historiquement déployée « sur site » en adoptant le modèle IaaS opèrera nécessairement en mode hybride pendant un certain temps. Il n’existe en effet pas de baguette magique pour migrer instantanément le contenu d’un data centre vers le cloud. Mais pendant combien de temps ces deux approches peuvent, ou doivent-elles, coexister ?

Vous envisagez d’utiliser une infrastructure hybride pendant une longue période ? Entre nous, ce n’est pas une très bonne idée ! Si une cohabitation est inévitable, la plupart des entreprises ont tout intérêt à s’engager totalement (ou le plus possible) en faveur d’une « infrastructure en tant que service » (IaaS) et à suivre une feuille de route qui lui permettra de remplir son objectif par étapes sur une période de deux à trois ans.

Pourquoi évoluer vers le cloud ?

Le vivier de talents disponibles représente l’une des raisons principales d’entreprendre une migration vers le cloud : primo, à mesure que les équipements et les réseaux installés sur site vieillissent, le nombre d’experts requis pour en assurer la maintenance diminue.

Nombre de professionnels n’ayant pas encore atteint l’âge de la retraite décident de donner une nouvelle orientation à leur carrière, tandis que les jeunes talents capables de travailler sur des machines IBM ou Sun Microsystems par exemple ne sont pas légion. Les connaissances acquises de longue date sont par conséquent très précieuses et, fort logiquement, leur remplacement coûte cher, de même que leur disparition.

De même, face à l’afflux de « jeunes » talents tout droit sortis de l’école et naturellement portés sur le cloud, les entreprises doivent jouer la carte des technologies accessibles « en tant que service » pour attirer et fidéliser de nouvelles forces vives. L’objectif est de constituer, de développer et, souhaitons-le, de conserver ces talents — une tâche qui s’avère de plus en plus ardue pour celles qui se contentent de proposer une infrastructure traditionnelle « on-prem » et les outils associés.

Sur site ou en cloud, les compétences nécessaires varient. Par exemple, la gestion et le support des équipements et des périphériques réseaux installés localement nécessitent généralement des outils particuliers, qu’il s’agisse de la surveillance, de la gestion des performances ou de l’aide à la mise en œuvre.

Au-delà de la terminologie, le fonctionnement et l’utilisation des outils d’administration et de sécurité du cloud et des infrastructures en tant que service (IaaS) affichent généralement de grandes différences avec les outils sur site.

Les trois inconvénients d’un modèle hybride à long terme

S’il est, théoriquement, possible d’opérer dans une configuration hybride sur le long terme, les budgets illimités sont une chimère. Maintenir un modèle conjuguant une infrastructure sur site et une infrastructure en cloud pendant une période prolongée n’est pas rentable pour trois raisons principales :

1 > Une approche mixte requiert un support administratif supplémentaire — un modèle hybride impose une augmentation du nombre d’administrateurs système nécessaires pour gérer de nombreuses tâches sur site et sur le cloud : application des correctifs, surveillance, basculement en cas de panne, sauvegardes et autres restaurations. Outre un évident surcroît de travail, une telle approche requiert des connaissances et, probablement, des jeux d’outils supplémentaires ;

2 > Les coûts fixes atteignent un point limite — tôt ou tard, l’empreinte physique sur laquelle repose votre architecture sur site — laquelle a probablement été bâtie bien des années plus tôt selon la logique économique de l’époque — cesse d’être rentable. Imaginez un couple qui vit dans une grande maison après le départ de leurs enfants.

Certes, il y fait bon vivre, mais ce n’est pas très intéressant sur le plan financier : grosso modo, le couple paie cher un espace dont il n’a pas vraiment besoin, voire qu’il n’utilise pas. Ses besoins ont changé, mais il continue de payer pour l’ensemble de l’habitation. Les frais généraux sont alors répartis sur une base réduite, avec pour corollaire une hausse des coûts unitaires ;

3 > Des règles différentes — une entreprise qui dispose à la fois d’une équipe « cloud » et d’une équipe « on-prem » indique clairement à ses employés qu’ils jouent dans l’équipe première ou dans l’équipe réserve. De nombreux clients m’ont expliqué avoir créé ce problème sans même s’en rendre compte, ce qui peut entraîner des problèmes, doublés d’une possible rancœur entre les équipes. Si les dirigeants expliquent que le cloud est la priorité, tout le monde souhaitera faire partie de l’équipe première.

S’ils affirment que l’avenir passe par le cloud tout en souhaitant que les équipes IT continuent de gérer les systèmes sur site, que feront ces employés trois ans plus tard lorsque leurs collègues opèreront dans le cloud public ? Comment gèreront-ils l’utilisation de nouveaux outils et quelle formation recevront-ils ? Les entreprises doivent être conscientes des problèmes qu’une telle situation pourrait entraîner à terme.

Comme souvent, le facteur humain fait la différence

Les entreprises doivent se demander comment prendre en charge leur double infrastructure en fonction des talents dont elles disposent. À partir d’une certaine taille et si leur activité exige une assistance ininterrompue 24/7— ce qui est globalement le cas de la plupart d’entre elles —, combien d’ingénieurs sont nécessaires pour gérer l’ensemble des systèmes du 1er janvier au 31 décembre ?

Il existe probablement des entreprises qui ont formé une équipe de personnes fidèles, mais qui finissent par se rendre compte qu’il est difficile d’avoir également une vie en dehors du travail. Au-delà des heures ouvrées, ces collaborateurs sont en permanence soumis au stress lié à l’attente d’un potentiel appel téléphonique. Il est toujours difficile de prévoir quoi que ce soit, car vous vous êtes engagé, et en cas d’incident, votre week-end sera probablement compromis.

Cette prise de conscience finit par affecter l’innovation — il est difficile d’attendre d’un employé régulièrement d’astreinte qu’il soit également en mesure de déployer la solution logicielle ou matérielle qui permettra à son entreprise de poursuivre sa croissance.

À terme, un modèle hybride étant inévitable pendant la phase de transition vers le cloud, l’objectif est de rendre ce processus aussi efficace et rentable que possible. Dans cette optique, voici trois étapes à appliquer :

> Impliquez les différentes parties prenantes dans la discussion — les leaders techniques doivent faire équipe avec les directeurs financiers et d’autres dirigeants pour définir, explications à l’appui, pourquoi chaque étape de la migration vers le cloud est importante pour l’entreprise ;

> Lancez une analyse complète du coût total de possession — l’analyse de coûts qu’induit la migration vers le cloud nécessite de solides précautions ; en deux mots, l’utilisation du calculateur en ligne fourni par les principaux prestataires de services cloud ne suffit pas ;

> Elaborez une feuille de route sur trois ans — dressez un plan de migration par étapes en fonction des priorités de votre entreprise et en vérifiant que ce plan évolue dans le bon sens.

La plupart des utilisateurs s’accordent sur ce point : la migration des systèmes « orientés client » et des systèmes « internes » est la priorité des priorités ; ce sont eux qui font toute la différence et recèlent généralement le retour sur investissement, contrairement aux systèmes de fichiers et aux périphériques réseau. Toutefois, si vous venez à manquer de fonds ou de temps avant d’avoir finalisé la migration de ces systèmes vieillissants, vous serez dans l’obligation d’utiliser une solution peu performante, et votre activité pourrait en pâtir.

Au bout du compte, aucune solution clé en main ne convient à la totalité des entreprises, et ce ne sont là que quelques-unes des considérations à prendre en compte. La façon dont vous accédez au cloud public sera probablement différente de celle qu’applique votre voisin ou un concurrent, mais il n’en reste pas moins qu’en limitant la période de transition hybride, vous mettez de votre côté toutes les chances de réussir votre migration vers le cloud.


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Rimini Street
Emmanuelle Hose est GVP & theatre GM EMEA chez Rimini Street
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