Comment articuler l’innovation avec le run ? Un des enjeux majeurs des DSI !

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Depuis quelques années, l’innovation est au coeur des problématiques des DSI. Nous assistons à une accélération sur le marché de l’IT portée par la multiplication des entités digitales et par l’apparition de nouveaux usages liés aux nouvelles technologies, notamment le cloud public.

Si la majorité des organisations sont d’accord sur l’importance qu’elles doivent accorder à cette transformation, elles n’ont pas toujours conscience que cela implique également des changements méthodologiques auxquels elles doivent s’adapter pour répondre aux enjeux actuels : assurer le run du quotidien tout en relevant les challenges du nouveau monde digital.

Pourquoi créer une entité à part pour produire de l’innovation et ne pas s’appuyer sur les DSI existantes ? Comment articuler cette transformation technologique avec le quotidien de la production ?

Les raisons de la création d’une entité digitale
La DSI traditionnelle, considérée comme trop lente, ne répond pas aux évolutions des attentes des métiers et génère du shadow IT. De fait, elle a du mal à se transformer rapidement et délivrer la disruption attendue.

Deux principaux phénomènes concomitants expliquent la prise de conscience et ont motivé le déclenchement, au sein des organisations, de la création d’une entité indépendante dédiée à l’innovation :

  • L’IT traditionnelle ne répond que partiellement au besoin d’innovation du business. Généralement sous forte contrainte financière et opérationnelle (outsourcing/offshoring), elle fonctionne en cycle long, dispose d’un budget limité avec lequel elle doit maintenir une infrastructure legacy. Ce sont d’ailleurs les mêmes personnes qui ont posé ses contraintes qui en reprochent maintenant les conséquences.
  • L’émergence d’un nouveau monde digital poussée par un phénomène d’accélération et symbolisé par l’arrivée massive des startups qui imposent un rythme d’innovation soutenu et font de la maturité digitale une norme ou des déclencheurs, comme par exemple VivaTech.

Très souvent, la DSI est gérée comme un prestataire et la lourdeur des process rend la livraison de nouveaux projets difficile. Créer une entité digitale est alors un moyen de moderniser la DSI et de la challenger à la fois sur la vélocité et le delivery.

L’entité digitale a pour mission de proposer des outils et des services communs, d’accompagner les business unit sur les innovations digitales, et de lancer les nouveaux projets. Elle permet également d’initier la démarche Cloud de la DSI.

Dans des proportions différentes d’une entreprise à une autre, nous distinguons au moins quatre raisons qui drivent le fonctionnement de cette nouvelle entité digitale :

  • Amener de l’Innovation soit en tant que stratégie d’entreprise (ie être le n° 1 digital sur un segment de marché) soit pour répondre à la concurrence des nouveaux entrants.
  • Accélérer les rythmes pour se mettre au niveau de vélocité d’un marché en accélération.
  • Réinventer l’IT dans ses pratiques : modernisation, acculturation, apprendre à faire différemment avec les nouvelles technologies & méthodologies.
  • S’affranchir de la DSI traditionnelle, une sorte de Shadow IT officiel.

DevOps, agilité, Cloud, containers… L’entité digitale conçue comme un lab d’expérimentation, appelée aussi digital factory, digital lab ou encore portant un nom bien distinct de l’IT traditionnelle, se fait remarquer autant par son fonctionnement proche de celui des startups où on explore de nouvelles méthodes de travail et de nouvelles méthodologies que par le type de lieu dans lesquels leur population a été implantée (espace de coworking, lieu atypique…).

Malgré le fait qu’elles restent souvent indépendantes et sans lien ou peu avec la DSI traditionnelle, force est de constater que ces nouvelles entités sans contraintes sont plus réactives, délivrent plus rapidement de l’innovation et améliorent le time to market.

Un positionnement à la marge des DSI traditionnelles engendrant de nouveaux enjeux
Sous des allures de “secouristes” acquises grâce à leur capacité d’innovation attrayante vu du business, les entités digitales ne doivent pas perdre de vue leurs missions d’origines. Moderniser en co-construisant un futur modèle opérationnel, acculturer et conserver sa capacité d’innovation diminuée par la gestion de plus en plus accaparante de nouvelle production, ces missions doivent rester une priorité.

Cependant, entre objectifs et fonctionnement différents, celles qui se sont positionnées en marge des DSI traditionnel atteignent leurs limites et sont très vite confrontées à de nouveaux enjeux opérationnels.

Il s’agit de créer du lien entre les deux entités, puisqu’à terme l’entité digitale devra être intégrée à la DSI, et que très rapidement la charge opérationnelle des nouveaux projets doit être gérée par les équipes Ops-DSI, pour que le digital puisse continuer à se concentrer sur l’innovation.

Il sera nécessaire pour que tout le monde trouve son équilibre que ses entités puissent :

  • Établir un lien de qualité dès le départ avec la production actuelle. Chaque produit d’innovation devra basculer en production à un moment.
  • Gérer sa survalorisation pour éviter de renforcer les problèmes de liens et de compétitions internes.
  • Maîtriser le danger de reproduire de gros programmes trop contraints en mode linéaire. Elle doit travailler sur des projets pilotes, cloud et digital sont des innovations de rupture et une courbe d’apprentissage par le “faire” est nécessaire.
  • Veiller à ce que la formation porte aussi bien sur les nouvelles technologies que sur l’acculturation aux nouvelles méthodes de travail au sein de l’IT mais aussi des métiers.
  • Conserver sa capacité à travailler sur des innovations et non gérer de la production. Cela nécessite une équipe qui récupère les innovations pour industrialiser et automatiser les produits et permettre la scalabilité des applications si cela fonctionne.

Vers une nouvelle articulation entre le run et l’innovation
Innover pour innover ne sert à rien.

La migration sur le Cloud a pour objectif de répondre à des enjeux métiers stratégiques et à des impératifs financiers, et l’entité digitale a vocation à accélérer la transformation, mais pas à porter les projets des métiers. Les challenges à relever sont nombreux : alléger l’organisation, aligner les équipes, accélérer le delivery, introduire de l’expertise AWS pour faire avancer les projets, et construire un futur modèle opérationnel. En bref, il s’agit donc de préparer le futur socle de la DSI (techniques, pratiques, méthodologies…).

Dans le contexte d’une DSI outsourcée, l’entité digitale doit permettre d’améliorer le fonctionnement de l’IT, la rendre plus rapide et en capacité de produire de l’innovation. Les principaux challenges concernent la scalabilité des applications créées par le digital, et le maintien de la capacité d’innovation : plus l’entité digitale se consacre à la production, plus elle affaiblit son aptitude à l’innovation.

La création d’une entité digitale ne peut-être une réponse à part entière pour subvenir aux nouveaux besoins des organisations. Si l’innovation doit prendre une place importante, cela doit aller de paire avec la mise en place d’une articulation cohérente avec le run.

C’est la qualité de cette articulation qui fera toute la différence d’une organisation à une autre sur sa capacité à produire de l’innovation.

Ainsi, pour permettre aux entités digitales de conserver leur capacité d’innovation tout en gardant sur l’ensemble de l’organisation un fonctionnement optimisé et performant, la DSI doit assurer trois rôles distinct mais complémentaires.

  • L’entité digitale dite pioneer existe pour explorer les nouvelles technologies et les nouvelles méthodes de travail avec un rôle d’évangélisation, de test and learn. Elle crée des prototypes, des MVP et les passe en production.
  • L’entité “Settler Scale” qui va transformer les prototypes en véritables produits et tout automatiser. Cette équipe fonctionne en méthode DevOps.
  • Les Town Planner qui ont pour mission de scaler les produits, les gérer comme un service à l’échelle industrielle et les administrer au quotidien.

Conclusion
Face à l’insatisfaction générée par le fonctionnement des DSI traditionnelles, l’entité digitale se présente comme une réponse au besoin de délivrer rapidement. Si elle offre plus de réactivité, permet de monter en compétence sur les nouvelles technologies et d’expérimenter de nouvelles méthodes de travail, tout cela dans l’optique de produire de l’innovation, l’entité digitale amène aussi de nombreux challenges.

Le Cloud et le digital sont des innovations de rupture, qui demandent de travailler de façon agile et itérative. Pour tirer parti du faible coût d’innovation sur le Cloud, il faut apprendre à “échouer rapidement”.

Il est également essentiel d’assurer la qualité du lien entre l’entité digitale et la production : l’organisation entre les deux entités doit permettre le passage en production de chaque produit d’innovation et donc, de pouvoir assurer le transfert de compétences nécessaire à l’industrialisation des produits d’innovation au sein de la DSI traditionnelle.

(crédit photo © Jiunn- shutterstock)

 


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