Digital workplace : la fin de l’approche « Best-of-Breed »

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Dans le contexte de crise économique actuel, les entreprises favorisent l’adoption de suites logicielles de digital workplace unifiées et moins coûteuses, permettant de bénéficier d’outils de chat, de réunion virtuelle, de courrier électronique, de présentation ou encore de stockage de fichiers.

Selon Gartner, les dépenses informatiques mondiales devraient atteindre 4 500 milliards de dollars en 2023, soit une augmentation de 2,4 % par rapport à 2022. Bien que les dépenses en IT devraient rester élevées, dans le contexte de crise économique actuel, les entreprises sont sous pression pour maintenir leur activité.

L’une des conséquences de cette situation particulièrement difficile est qu’elles favorisent l’adoption de suites logicielles de digital workplace unifiées et moins coûteuses, permettant de bénéficier d’outils de chat, de réunion virtuelle, de courrier électronique, de présentation ou encore de stockage de fichiers.

« Best-of-Breed » vs « Best-of-Suite»

Plus que d’autres catégories d’entreprises, les PME et les grandes entreprises sont confrontées au dilemme suivant : choisir une stratégie « best-of-suite » et « tout-intégré », issue d’un seul fournisseur, plutôt qu’une stratégie « best-of-breed », qui consiste à choisir les outils les plus adaptés à ses besoins et provenant de plusieurs fournisseurs différents. Les suites sont proposées par bon nombre des plus grands fournisseurs qui ont bâti leur réputation et sont entrés sur le marché avec un ou une poignée d’outils de collaboration.

En d’autres termes, leur marque est un logiciel de bureau et ils ont gagné la confiance de leurs clients en développant avec succès des solutions solides dans cette catégorie. Une autre raison d’adopter une approche « best-of-suite » est la nature universelle des outils eux-mêmes. L’ensemble des collaborateurs au sein d’une entreprise utilisent la messagerie électronique, le chat, le traitement de texte ou encore le stockage de fichiers.

Le fait de disposer d’applications connexes intégrées de manière native, partageant une interface facile à utiliser et à maîtriser, est extrêmement précieux, en particulier pour les outils exploités quotidiennement et par des employés dont le savoir-faire technique varie.

Dans de nombreux cas toutefois, les organisations se détournent des suites, en raison des progrès de plus en plus importants de l’intégration des API, qui rendent l’interopérabilité entre les meilleures applications plus transparente et plus puissante. De plus, les contrats d’engagement liés aux suites peuvent être à la fois longs et coûteux, et ne pas donner les résultats escomptés.

Certaines applications de l’offre restent en effet largement inutilisées ; sans compter sur le fait que, comme une grande partie du personnel utilise plusieurs outils d’un même fournisseur, la migration vers un autre fournisseur, si elle est souhaitée, est bien souvent coûteuse et nécessite des efforts importants.

Tout cela explique en partie pourquoi tant de grandes entreprises hésitent à adopter une approche de plateforme ou une stratégie « best-of-suite » à tous les niveaux. Le plus souvent, la confiance profonde dans un seul fournisseur n’existe tout simplement pas.

Toutefois, compte tenu de la crédibilité et de la sophistication des meilleures offres, les plateformes unifiées sont en train de dépasser cet état d’esprit « best-of-breed », ce qui est encourageant pour l’avenir d’autres suites dont l’adoption peut être plus difficile dès lors que l’on monte en gamme.

L’adoption et la migration sont stimulées par la capacité à intégrer des services systémiques tels que l’intelligence artificielle, l’analytique, le nettoyage des données, la recherche unifiée et d’autres services à travers un ensemble plus large d’outils, touchant une plus grande partie des fonctions commerciales.

L’état du marché du SaaS, facteur de ralentissement des suites

Sur le marché au sens large, si l’unification des suites à l’échelle de l’entreprise peut être l’objectif de certains fournisseurs et l’idéal de la plupart des clients, certaines variables ralentissent l’ampleur et la profondeur des solutions sur le marché aujourd’hui.

La grande majorité des fournisseurs de solutions SaaS ne réalisent pas suffisamment de bénéfices dans un secteur qui reste surchargé d’outils autonomes ; où les coûts d’acquisition client sont trop élevés et où l’environnement financier actuel a considérablement ralenti les investissements.

A terme, faute de moyens pour se développer, les milliers de fournisseurs SaaS à produit unique chercheront à se faire racheter par des entreprises technologiques qui étofferont leurs portefeuilles. Cette situation a provoqué un tournant dans le secteur, les grandes entreprises technologiques gagnant des parts de marché grâce à leur capacité à générer des revenus en élargissant et en approfondissant leur gamme de produits.

Dans le secteur des technologies, la diversification des produits repose depuis des décennies sur les acquisitions. Aujourd’hui, les sociétés cibles de ces opérations sont celles dont la croissance et la progression ont été entravées par le ralentissement du financement des investisseurs. Ainsi, les rares grands acheteurs de technologies, riches en liquidités, ont de moins en moins d’entreprises viables à acquérir, ce qui crée une course à l’armement pour s’approprier les meilleurs outils du marché.

Dans le même temps, nous assistons à des licenciements à grande échelle dans le secteur des technologies, résultant bien souvent d’acquisitions. Cette réduction des effectifs indique, du moins dans une certaine mesure, que de nombreuses entreprises font preuve de prudence et surveillent l’évolution future de l’économie. Combinée à une pénurie de produits viables sur le marché, cette situation a créé une lassitude dans les acquisitions, ce qui entraîne une augmentation des lacunes dans les suites consolidées proposées.

Des complications liées à l’intégration

Quelle est la valeur commerciale réelle des produits et fournisseurs de solutions étendues ? Pour que les clients profitent au maximum des services systémiques, les suites consolidées doivent s’intégrer nativement à d’autres solutions critiques pour l’entreprise, qu’il s’agisse d’outils CRM, de marketing ou de comptabilité. Cette intégration native des applications et des services crée un contexte commercial, permettant aux utilisateurs d’extraire des données de plusieurs applications et services à partir d’une seule interface.

Moins un fournisseur propose de produits natifs ou intégrés, plus il est difficile d’intégrer des solutions tierces de manière transparente et sans créer de silos, d’inefficacités du système ou de redondances, même si les intégrations d’API s’améliorent.

Les suites collaboratives plus étendues gagnant du terrain, la prochaine bataille des fournisseurs pour augmenter leurs parts de marché portera sur la profondeur de l’intégration. Ils doivent donc relever un défi : est-il possible de créer un ensemble d’applications connexes et de permettre une intégration transparente de cette suite, mais dans le cadre d’une boîte à outils plus large pour l’entreprise ?

Encore une fois, si l’on considère les logiciels de digital workplace, les fournisseurs qui offrent la meilleure valeur aux clients et qui rencontrent le plus de succès sur le marché aujourd’hui exploitent des portefeuilles très diversifiés et profondément intégrés, qui vont au-delà des outils de collaboration et de communication.

Il y a, bien sûr, des exceptions à cette règle, mais les conditions du marché actuel obligent à transformer les applications individuelles en suites. Ce que les clients ont à dire à ce sujet dépend largement de l’interopérabilité de ces suites avec le reste de leur écosystème de logiciels déjà en place.

Si les suites de digital workplace sont plus adoptées que les autres, c’est en partie parce que tous les outils partagent un objectif commun et des fonctionnalités similaires, largement adoptés et utilisés. Les suites sont développées par des fournisseurs ayant fait leurs preuves dans ce domaine hautement concurrentiel, ce qui apaise les craintes des entreprises d’être enfermées dans un ensemble d’outils que leurs employés ne connaissent pas, n’utilisent pas ou n’apprécient pas.

Regarder vers l’avenir

Que ce soit par le biais du développement de produits en interne, d’intégrations plus étroites avec des tiers, de suites plus consolidées ou d’une augmentation des acquisitions, les fournisseurs disposant des ressources et de la volonté de développer puis de connecter leurs diverses offres susciteront le plus d’intérêt et d’adoption de la part des entreprises. Au sortir de la pandémie, c’est ce que les clients voulaient, et dans le contexte de crise économique actuel, c’est la valeur dont ils ont désormais besoin.

Les entreprises doivent établir des fondations profondes pour soutenir leur croissance, et en favorisant l’unification de leurs logiciels, elles se positionnent pour s’ancrer dans la façon dont les clients font des affaires. Cet état d’esprit récompense la profondeur plutôt que l’étendue, le contexte profond plutôt que les connexions superficielles, et les solutions durables plutôt que les solutions rapides


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Head of European Operations 
Zoho Europe
Sridhar Iyengar est Head of European Operations de Zoho
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