Banques : des budgets IT plombés par les exigences réglementaires

Les banquiers dépensent en moyenne 2 euros sur 3 pour maintenir leurs systèmes et y intégrer les évolutions réglementaires. Une enveloppe qu’ils tentent d’optimiser pour dégager des budgets pour l’innovation.

Selon une étude du cabinet anglais Finextra pour CSC, 67 % du budget informatique des banques est en moyenne consacré au maintien en condition opérationnelle des systèmes. D’où un paradoxe : alors que les dirigeants de ces institutions voient dans la technologie un levier de compétitivité et un moteur d’innovation, seul un tiers des sommes investies dans l’IT est dirigé vers les nouveaux projets. Notons tout de même que 24 % des institutions financières interrogées dans le cadre de l’étude (au nombre de 55, issues de 24 pays) consacrent plus de 45 % de leur budget IT à des projets de transformation comme une meilleure utilisation des données ou la création de comptes clients intégrés.

« Le fardeau réglementaire se traduit par une inflation des coûts pour les institutions financières, explique Mike Steinharter, vice-président pour la banque et les marché de capitaux chez CSC. Les banques doivent trouver une solution pour accroître l’efficacité de leurs activités de maintenance et de mise en conformité, afin de réallouer leur budget aux projets qui créent de la valeur. »

Les banquiers ont d’ailleurs pleinement conscience de cet impératif : 92 % des banques interrogées par CSC et Finextra considèrent que l’efficacité de leur IT est assez ou très importante pour leur compétitivité. L’étude souligne d’ailleurs que les grands projets au sein des banques sont aujourd’hui dominés par cette volonté d’améliorer l’efficacité du système d’information, avec, en tête de liste, des projets de simplification ou de consolidation des plates-formes. Pour ces derniers, les architectures convergées sont plébiscitées par près de deux banques sur trois, loin devant le Cloud. Même si le Cloud privé est cité par 35 % des organisations (5 % pour le Cloud public).

Fusions et acquisitions : le mirage des optimisations

Mais, pour la plupart des banquiers, ces efforts de rationalisation ne suffiront pas : 82 % d’entre eux pensent qu’un gel des budgets IT nuirait au minimum à l’innovation (quand ce n’est pas à la compétitivité de l’entreprise dans son ensemble). Seuls 4 % des établissements sondés assurent que les économies réalisées sur les dépenses récurrentes suffiront à alimenter les projets innovants.

Conclusion logique : pour disposer des ressources nécessaires à leurs projets innovants, les banques devraient augmenter leurs investissements IT. Or, ce n’est pas le chemin qu’elles prennent : dans les années qui viennent, les cabinets d’analystes s’attendent à des budgets IT stagnants voire en décroissance dans bon nombre d’établissements financiers, en raison de la pression des directions générales sur ce sujet.

Pour réaliser des économies sur leurs budgets IT, les banques misent avant tout sur une réduction du recours aux consultants (42 % des personnes interrogées), tandis qu’une proportion identique envisage de recourir davantage aux prestataires d’outsourcing. Au passage, CSC remarque que les gains d’efficacité opérationnelle promis lors des opérations de fusion ou de rachats ne sont tout simplement pas au rendez-vous. Parmi les banques qui ont connu une opération de ce type au cours des 5 dernières années, 55 % des établissements expliquent que les entités rapprochées continuent, sur le plan IT, à fonctionner de façon séparée, parfois avec quelques points d’intégration. Dans 23 % des cas seulement, les systèmes les plus efficaces, émanant d’une des deux structures, ont été choisis, et les doublons éliminés. Parmi celles qui ont zappé l’intégration IT, seule une banque sur quatre peut se réfugier derrière l’excuse d’avoir effectué le rachat ou la fusion en question au cours des 12 derniers mois.

Une autre piste prometteuse pour réduire les coûts récurrents de l’IT consiste à créer des usines internes, délivrant des services à l’ensemble des départements de la banque. Une démarche déjà entamée dans 35 % des établissements financiers sondés. Mais une démarche qui se heurte à certaines difficultés, comme les incompatibilités entre les silos applicatifs issus des différents départements (cité par 60 % des personnes interrogées), les résistances internes (54 %) ou encore le coût initial de mise en place de ces services partagés (46 %).

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