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Business Intelligence (BI) : un marché recentré sur les CSP en 2022

Peut-on exister dans la BI quand on n’est pas une plateforme de services Cloud (CSP)  ou un éditeur de premier rang ? Ces deux typologies de fournisseurs ont en tout cas pour elles certaines « facilités » par rapport aux pure players.

Nommément, l’écosystème et les économies d’échelle. Dans l’absolu, rien de nouveau, ni d’exclusif à ce segment du marché IT. Mais l’édition 2022 du Magic Quadrant qui lui est consacré fait nettement ressortir la tendance.

Gartner juge les fournisseurs sur deux axes. L’un prospectif (« vision »), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit…). L’autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande (« exécution » : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services…).

Sur l’axe « vision », les fournisseurs se positionnent dans cet ordre :

Fournisseur Date de création
1 Microsoft 1975
2 ThoughtSpot 2012
3 SiSense 2004
4 Qlik 1993
5 Oracle 1977
6 Salesforce 1999
7 SAP 1972
8 SAS 1976
9 TIBCO 1997
10 Yellowfin 2003
11 Tellius 2016
12 IBM 1911
13 Domo 2010
14 Google 1998
15 Alibaba Cloud 2009
16 Zoho 1996
17 AWS 2012
18 Pyramid Analytics 2008
19 MicroStrategy 1989
20 Incorta 2013

Sur l’axe « exécution » :

Fournisseur
1 Microsoft
2 Salesforce
3 Google
4 Qlik
5 Domo
6 MicroStrategy
7 ThoughtSpot
8 SiSense
9 Oracle
10 AWS
11 TIBCO
12 SAP
13 Alibaba Cloud
14 IBM
15 SAS
16 Pyramid Analytics
17 Yellowfin
18 Zoho
19 Incorta
20 Tellius

L’importance de l’ « écosystème »

Plusieurs fournisseurs misent sur l’intégration de leurs solutions dans une suite bureautique. Microsoft en est, avec Office 365. Les jonctions avec Power BI sont nombreuses : inclus dans l’abonnement E5, utilisable dans Teams, connecté à Power Apps et Power Automate…
Zoho aussi a pour lui l’argument suite bureautique. Tout comme Alibaba, même si son offre de digital workplace DingTalk se limite essentiellement au marché chinois.

En complément à la suite bureautique, Google a son cloud. Il y a intégré Looker sous de multiples angles, à commencer par l’interaction avec BigQuery.
AWS n’est pas aussi avancé avec sa suite WorkDocs. Sur la partie cloud, en revanche, il a fait le pont entre sa BI et des produits comme Athena, EMR et Redshift.

Oracle a pour lui ses progiciels, de l’ERP au HCM. Idem pour SAP, qui a créé des passerelles entre son offre BI et des logiciels comme Ariba et SuccessFactors – en plus de S/4HANA.
Côté Salesforce, Gartner insiste sur une autre forme d’écosystème : la « Tableau Economy » (communauté de clients, de partenaires et d’experts), assortie de la marketplace Tableau Exchange.

Écosystèmes de services… et de compétences

Chez les fournisseurs plus petits, l’écosystème est souvent moins développé. Il en est ainsi de Domo, pour qui Gartner souligne l’absence de base installée sur d’autres produits. Constat similaire pour ThoughtSpot, qui « n’a pas son propre écosystème », malgré sa compatibilité avec BigQuery, Databricks ou Snowflake. Chez SAS, on « manque d’un cloud public ou d’une application de référence », même si ses solutions sectorielles se nourrissent de sa BI. Les relais font aussi défaut chez MicroStrategy et Pyramid Analytics. Même si le premier s’est ouvert à AWS et Azure ; et le second, à AWS et SAP.
IBM est d’un autre poids qu’un Domo ou un ThoughtSpot, mais il manque aussi d’un Office, d’un Workplace ou d’un Zoho, fait remarquer Gartner.

Quand écosystème il y a, il a parfois ses limites. Chez Alibaba, par exemple, la partie BI est très dépendante d’autres produits du groupe chinois, en particulier pour la gouvernance et la gestion des données. Du côté d’AWS, outre le retard de WorkDocs, on manque d’applications métier pour tirer parti de QuickSight. Oracle en fournit, mais qui, nativement, ne fonctionnent qu’avec ses progiciels.

Qui dit « petits fournisseurs » dit quelquefois aussi manque de ressources tierces. Ont droit à une remarque à ce sujet : MicroStrategy, Pyramid Analytics, SiSense (en quantité autant qu’en qualité), Tellius et ThoughtSpot (y compris sur la formation). Oracle aussi, plus spécifiquement sur le support.

Analystes, développeurs, data scientists ou les trois ?

Beaucoup de fournisseurs démontrent une capacité à servir une ou plusieurs typologies d’utilisateurs. Gartner donne en tout cas des bons points à :

– Domo, qui s’est tourné tôt vers les métiers
– Google, pour sa boîte à outils de développement d’applications
– Oracle vis-à-vis des « consommateurs » de data, entre chatbots et storytelling automatisé
Qlik, avec son programme de « littératie des données » et son centre d’insights pour décideurs
– Salesforce et l’accessibilité de Tableau pour les métiers (interface no code en glisser-déplacer ; acquisition de Narrative Science qui va renforcer la gestion du langage naturel)
– SiSense, qui se positionne sur la convergence avec les plates-formes DSML (data science et machine learning)
– ThoughtSpot et son interface de requête en langage naturel « à la Google »
Yellowfin, qui investit sur le storytelling et a récemment lancé un assistant de requête en langage naturel
– Tellius, lui aussi sur la convergence DSML, en complément à son mode principal d’interaction fondé sur le langage naturel
TIBCO, également positionné sur le croisement analytics/data science

Et l’IA dans tout ça ?

Déjà distingué sur le volet « analytique augmentée » dans les précédentes éditions du Quadrant, Oracle l’est à nouveau. En particulier pour son service Digital Assistant, sa gestion des requêtes dans d’une trentaine de langues et ses capacités d’analyse de graphes.

Chez Pyramid Analytics, on se distingue sur la modélisation, le catalogage et la visualisation automatisés. SAP est dans la même veine, avec un supplément planification et un bon point global sur le traitement du langage naturel. Du côté de Tellius, Gartner salue les possibilités de personnalisation des requêtes. Et chez Zoho, la gestion automatique du raisonnement temporel.

SAS, au contraire, ne prend pas en charge le raisonnement temporel ; ni spatial, d’ailleurs. Google apparaît globalement aussi à la traîne : pas d’insights automatiques, de storytelling ou de génération de langage naturel. MicroStrategy a des axes de progression similaires. Chez Incorta, c’est le manque de fonctionnalités natives qui ressort.

Fonctionnalités et performances

Cinq fournisseurs ont pour eux l’exhaustivité de leurs outils. Ou tout du moins leur capacité à couvrir un large spectre d’usages. Il s’agit d’IBM, Incorta, Pyramid Analytics, Qlik et SAS.

Chez d’autres, une ou deux fonctionnalités ressortent. Positivement chez MicroStrategy pour le reporting et chez TIBCO pour la préparation des données. Moins favorablement chez Microsoft (pas de parité fonctionnelle entre la version cloud de Power BI et la version on-prem, qui manque notamment des questions-réponses en langage naturel et des insights automatisés). Idem chez Salesforce, où l’expérience Einstein Discovery reste en cours d’intégration. Ou encore chez Tellius (reporting), Zoho (dataviz) et Yellowfin (gouvernance : pas de gestion des versions ni d’intégration Git).

Concernant les performances, six fournisseurs sont crédités d’une remarque positive. AWS, pour la capacité de montée en charge de son offre en serverless. ThoughSpot, pour sa technologie in-memory. Google, Pyramid Analytics et Tellius, pour leur architecture à requêtes directes. Incorta aussi, avec le complément data mapping.

Modularité, flexibilité, ouverture : l’atout des « petits » ?

Chez Alibaba, ne ressortent pas tant les performances que la modularité de Quick BI. Même tendance chez SiSense et Yellowfin, dont les offres se distinguent aussi par leur ouverture. Pour le premier, en particulier au travers du catalogage sur d’autres outils BI par API et de la connexion à des outils de reporting tiers. Pour le second, avec des formats non propriétaires en sortie de préparation de données et du storytelling intégrable chez les trois leaders du marché.

Gartner associe aussi à SiSense le qualificatif de « flexible ». En tout cas pour ce qui est des options de déploiement. MicroStrategy, Pyramid Analytics et TIBCO sont au même rang. Comme IBM, qui associe SaaS, BYOL et Cloud Pak for Data. Chez Domo, l’atout est plutôt la rapidité des déploiements, avec des connecteurs dynamiques qui répondent aux modifications sur les schémas sources.
Microsoft, au contraire, ne propose de déploiement cloud que sur Azure. SAP, lui, n’a pas de version on-prem. Incorta a quant à lui une présence encore limitée sur le cloud public (quelques régions Google Cloud).

Sur le critère « économies d’échelle »

Des trois fournisseurs que Gartner salue sur la question du pricing, deux sont des hyperscalers. Microsoft pour le rapport qualité/prix global de son offre ; AWS en particulier pour son modèle « à la session » sur les profils en lecture seule (viewers). Le troisième, ThoughtStop, a un bon point sur la partie analytique augmentée.

Salesforce souffre la comparaison face au duo Microsoft-AWS. Même chose pour Domo et IBM, même des baisses de prix. Chez Qlik, on portera attention à la facturation de certains modules (catalogue, chatbot, reporting…), inclus dans la version SaaS mais pas on-prem. Pour TIBCO, on analysera plutôt la flexibilité des contrats. Et pour SAS, on prendra garde à la lisibilité du pricing, le groupe vendant souvent Vision Analytics avec d’autres de ses produits.

De là à exclure Microsoft du périmètre d’analyse FinOps, c’est une autre paire de manches : la gouvernance des usages n’est pas un point fort sur Power BI, déclare Gartner.

Illustration principale © Pro motion pic

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