Bibliothèque en ligne: Google calme le jeu

Le géant de l’Internet préfèrerait une collaboration avec l’Europe, plutôt qu’un affrontement

Après la guerre des mots, l’apaisement. Le projet ‘Google Print’ de numérisation de 15 millions d’ouvrages voulu par Google a suscité beaucoup de remous, surtout en Europe. Et quelques mois après cette annonce quelque peu tonitruante, les bibliothèques européennes, puis les gouvernements, puis l’Union européenne ont décidé de réagir avec un projet concurrent afin de ne pas laisser la culture  »

aux mains d’un groupe privé américain » (voir nos articles). Aujourd’hui, Google qui a lancé son service (voir encadré) cherche l’apaisement. Le géant de l’internet reconnaît d’abord ses erreurs. Dans un entretien au Figaro, Nikesh Arora, vice-président de Google Europe admet que son entreprise n’a pas bien communiqué sur ce sujet: « Nous avons pris conscience qu’il nous fallait expliquer davantage notre projet », explique-t-il. Mais dans le même temps, Google rejette toute volonté politique dans son projet et s’étonne que ‘Google Print’ ait pu choquer: « J’avoue que nous avons été surpris, voire choqués par la réaction française car en aucun cas notre initiative n’a des velléités politiques qui viseraient à asseoir un quelconque impérialisme culturel américain », s’agace le directeur général. Pour autant, le groupe ne cherche pas l’affrontement. Mieux, il préfèrerait collaborer avec les acteurs européens dans un projet de bibliothèque numérique commune. « Nous serions ravis de travailler avec les Européens. La force de Google, c’est d’être autant un media mondial qu’un média local. Nous aurons besoin des Européens », insiste Nikesh Arora. Cet appel du pied sera-t-il entendu? Rien n’est moins sûr. La conception européenne d’une bibliothèque virtuelle passe obligatoirement par les institutions publiques. Et la France en particulier voit d’un très mauvais oeil la participation d’un groupe privé, et américain, dans cette aventure. D’autant plus que Google espère tirer des profits de son nouveau service. Google Print propose à l’internaute plusieurs liens commerciaux pour acheter l’ouvrage consulté. Une démarche opposée à celles des Européens qui envisagent un service totalement gratuit et vierge de toute publicité. Lancement de Google Print beta

Google a officiellement ouvert son nouveau service en version beta. A terme, 15 millions d’ouvrages issus de plusieurs bibliothèques publiques américaines doivent être numérisés en six ans. Pour le moment, Google Print permet de visionner trois pages d’un ouvrage (en plus de la couverture, de la table des matières et de la page « copyright »). Les ouvrages libres de plus de 50 ans devraient pouvoir être consultés dans leur intégralité.