Blackberry retourne à ses premières amours, l’entreprise

En amont de l’annonce d’une perte s’approchant du milliard de dollars, Blackberry annonce qu’il quitte le marché du grand public.

Blackberry amorce un nouveau virage. Le constructeur canadien a annoncé qu’il allait abandonner l’activité grand public pour se concentrer désormais sur le marché de l’entreprise et des professionnels exclusivement. Un retour à ses racines lorsque RIM (Research In Motion), il y a plus de 10 ans, connaissait un succès fulgurant grâce à un système de messagerie en mode push sur des téléphones dotés d’un clavier Qwerty. Une époque où l’on ne parlait pas encore d’Internet mobile et de smartphones et où il fallait jongler avec son clavier numérique pour composer ses messages.

Cette nouvelle stratégie vise à sortir Blackberry du rouge. Dans des résultats préliminaires pour le 2e trimestre fiscal 2014 (qui correspond au troisième trimestre calendaire), l’entreprise s’apprête à annoncer une perte comprise entre 950 et 995 millions de dollars pour un chiffre d’affaires de 1,7 milliard. Sur la période, le Canadien n’a vendu « que » 3,7 millions de terminaux et se retrouve avec des stocks d’invendus du Z10 (le premier smartphone sous la nouvelle plate-forme BB10) sur les bras.

4 500 licenciements

Conséquence de cette nouvelle stratégie, le groupe de Waterloo (Ontario) va licencier 4 500 personnes, soit 40% de l’effectif. Une restructuration qui s’ajoute aux 5 000 licenciements de 2012. Au final, l’entreprise ne comptera plus que 7 000 salarié.

L’activité professionnelle de Blackberry se définit par une offre de bout-en-bout avec terminaux mobiles, les Blackberry (dont la gamme se limitera désormais à 4 modèles, 2 haut de gammes avec et sans clavier, et deux entrées de gamme) et une solution de gestion, le Blackberry Enterprise Server. Ce dernier assure la gestion des terminaux et des services autour, notamment leur sécurisation avec Balance, une technologie qui permet de séparer sur un même smartphone, les contenus à caractères privés des données et applications professionnelles.

Une technologie que Blackberry a récemment étendu à Android et iOS permettant ainsi aux entreprises d’accueillir en toute sécurité les terminaux concurrents aux Blackberry entre leurs murs. Une manière pour le constructeur canadien d’apporter sa réponse à la problématique du BYOD (Bring Your Own Device).

Une offre sécurisé

De plus, et surtout, Blackberry se distingue par le caractère sécurisé de son service de communication. Le fournisseur s’appuie en effet sur son propre protocole de communication, lequel permet ainsi le chiffrement des échanges entre les terminaux Blackberry d’une même organisation via le réseau d’un opérateur mobile. A ce titre, le Canadien est en mesure de répondre aux exigences des gouvernements et des secteurs réglementés. Récemment, le constructeur a ainsi été adoubé par la Défense américaine pour autoriser ses terminaux à fonctionner sur le réseau de l’agence.

Mais des données transitent par des serveurs installés aux Etats-Unis et aux Canada principalement. Cette centralisation pose deux problèmes. En cas de panne des serveurs, le service est totalement interrompu. C’est notamment ce qui s’est passé en octobre 2011 provocant un véritable blackout du service qui a probablement contribué à la défection des consommateurs.

La stratégie de sortie maintenue

D’autre part, la présence des serveurs sur le continent nord-américain peut pousser les clients, notamment européens, à s’interroger quant à l’intégrité des données face aux méthodes intrusives de la NSA (National Security Agency), suite aux révélations sur le programme Prism de l’agence par le lanceur d’alerte Edward Snowden. Il est néanmoins possible de « sous-chiffrer » les informations pour les rendre inaccessibles. En théorie du moins.

Ce revirement stratégique vers l’offre entreprise ne remet cependant pas en cause la recherche d’un plan de sortie évoqué ces derniers temps par le conseil d’administration de BlackBerry. Le comité spécial formé le 12 août dernier pour étudier la question va continuer à «évaluer les stratégies alternatives», confirme le constructeur dans son communiqué. La vente modulaires de certains actifs a été évoquée pour novembre prochain.


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