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Bouygues Telecom se prépare à la 5G avec Ericsson

« On sera très clairement au rendez-vous de la 5G », assure Yves Legrand. Le directeur général adjoint et responsable des opérations techniques chez Bouygues Telecom n’entend pas seulement faire écho aux récentes démonstrations d’Orange dans la 5G. Sa déclaration s’inscrivait dans le cadre des Innovation Days le jeudi 16 mars et que l’opérateur organise chaque année à son technopôle de Meudon-la-Forêt en périphérie de Paris. « Le thème de l’innovation est une vraie réalité chez Bouygues Telecom », insiste le responsable. Qui, joignant la parole au geste, a laissé place à la démonstration.

L’antenne 5G d’Ericsson dépasse allègrement les 20 Gbit/s en émission, avec des pics constatés au-delà de 24 Gbit/s.

Celle-ci s’appuyait sur une antenne 5G fournie par Ericsson et deux récepteurs simulant les terminaux mobiles. Ces prototypes de smartphones encore imposants et pour l’heure très peu mobile (avec un format équivalent à celui d’un petit réfrigérateur) téléchargeaient des fichiers en continu à des débits qui dépassaient les 10 Gbit/s par appareil. Soit plus de 20 Gbit/s envoyés au niveau de l’antenne. Simultanément, des streaming de vidéo 4K étaient affichés sur des écrans de télévision reliés aux terminaux. Une diffusion fluide qui n’a montré aucun ralentissement tout au long de notre observation (certes courte). « A raison de 20 Mbit/s par flux vidéo, on peut envoyer 1000 flux 4K simultanément », a indiqué Eric Hatton, directeur technique de compte chez Ericsson. En déplaçant l’antenne du terminal, il a également montré les capacités de focalisation du signal radio, ou beamforming, depuis l’antenne 5G.

Le beamforming au centre de la révolution 5G

« Le beamforming est probablement l’innovation majeure de la 5G », considère Jean-Paul Arzel, directeur technique de Bouygues Telecom. Une technologie qui caractérise en effet l’antenne 5G. Dans le cas qui nous a été présenté, elle embarquait 512 éléments radio. C’est la multitude de ces minuscules sous-antennes embarquées dans l’antenne qui permet la focalisation du signal sur un terminal donné et son suivi en mouvement depuis un site radio (le signal se déplaçant ainsi d’une sous-antenne à l’autre, chacune disposant d’un angle d’émission unique). « Plusieurs centaines de beamforming sont ainsi disponibles à chaque instant », précise Eric Hatton (photo ci-dessus). De quoi couvrir plusieurs centaines de terminaux simultanément par antenne, donc. Le responsable technique d’Ericsson a également rappelé que « la quantité d’information transportée en 5G est mille fois plus importante qu’en 4G avec une latence 5 à 7 fois moins élevée ». Dans la démonstration, la latence tombait à 3 millisecondes.

Franck Bouétard, PDG d’Ericsson, et Yves Legrand, responsable des opérations techniques de Bouygues Telecom.

« La 5G va transformer l’industrie et ouvrir de nouveaux modèles économiques, a commenté Franck Bouétard, PDG d’Ericsson France. Selon une étude interne, la 5G va générer plus de 1 300 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2026. » Et d’évoquer les nouveaux usages liés à l’Internet des objets (IoT), la connectivité massive, le pilotage de machines industrielles et robots à distance, les nouvelles interfaces propres à la réalité virtuelle/augmentée, etc., que la 5G pourra mettre en œuvre. Et de citer un exemple d’application 5G qui pourrait bénéficier à l’industrie du transport à travers des trains de camions autonomes reliés entre eux par le réseau mobile. En 4G, il faut laisser une distance suffisamment grande entre deux véhicules pour leur donner le temps de réagir à une information transmise par le réseau mobile, un freinage d’urgence essentiellement. Grâce à une latence beaucoup plus réduite, la 5G permettra de raccourcir cette distance. « Cela permettra de réduire la résistance à l’air et faire économiser jusqu’à 20% sur la consommation des carburants », assure le dirigeant de la branche française de l’équipementier suédois. A vérifier.

10 Gbit/s par utilisateur

Seule quasi certitude aujourd’hui : la 5G devrait être déployée dans la bande des 3,5 GHz (3,4-3,8 GHz) et les 26 GHz, selon un consensus européen qui restera à faire valider par les régulateurs télécoms nationaux. « L’Arcep est sur le sujet », assure Yves Legrand. Qui préfère préciser que « la 5G ne va pas se substituer à la 4G mais sera complémentaire. Même si, à termes, il sera possible de déployer la 5G sur les fréquences aujourd’hui occupées par la 4G ». Sur le 3,5 GHz à raison de 80 à 100 MHz de largeur de bande, les débits crêtes devraient avoisiner entre 1 et 1,5 Gbit/s par utilisateur, et 100 Mbit/s en moyenne, en réception, selon Jean-Paul Arzel. Sur la bande des 26 GHz avec plusieurs centaines de MHz de largeur de spectre, les débits s’envoleront à 10 Gbit/s pour 1 Gbit/s en moyenne.

Autant de promesses qui dépendront de la capacité de l’opérateur à fournir l’infrastructure apportant ces futurs services. « Nous mettons au point chacune des briques technologiques pour proposer les premiers services 5G à partir de 2020 », a avancé Yves Legrand. Pour l’heure, le plan de déploiement n’est pas fixé. Si les zones urbaines seront probablement servies en priorité, les besoins des entreprises seront également étudiés de près. « La couverture se fera par ilots, selon les modèles économiques issus des applications verticales », considère Franck Bouétard. Comme la couverture des autoroutes, par exemple, si le secteur du transport exprime ses attentes par rapport aux applications 5G. L’heure est aujourd’hui aux tests avec plusieurs sites déployés en région parisienne, selon Eric Hatton qui n’a pas souhaité préciser combien et où. Si le modèle et les choix stratégiques restent encore flous, Bouygues Telecom se prépare assurément à la 5G. « Nous ajoutons 50% de sites dans les zones très denses pour renforcer notre 4G mais aussi accueillir la 5G », nous confie Jean-Paul Arzel.


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