Breizh Mobile, Debitel: accélérateurs de concurrence?

L’arrivée de The Phone House en tant qu’opérateur virtuel régional ne risque pas de changer la donne

Et de deux. Après Debitel qui lance son offre de téléphonie mobile en utilisant le réseau de SFR, c’est au tour de The Phone House de devenir le deuxième opérateur virtuel français (MVNO) avec Orange cette fois.

Les discussions entre les deux groupes duraient depuis des mois. Aujourd’hui, l’accord est bouclé: The Phone House louera le réseau d’Orange pour commercialiser ses propres offres, sous sa marque, distribuées dans son réseau de distribution: 176 points de vente en France. La filiale du britannique Carphone Warehouse proposera, comme Debitel avec SFR, des services ciblés. Pas question de se gêner les uns les autres! L’offre visera les non équipés (30% de Français non abonnés) et sera régionale. Elle visera dans un premier temps la Bretagne sous la marque Breizh Mobile. L’opérateur attaquera par la suite d’autres marchés comme l’Alsace. Geoffroy Roux de Bézieux, directeur général de Carphone Warehouse explique le positionnement de l’opérateur en insistant sur l’inégalité régionale. Par exemple, 49,7% des Auvergnats et 51% des Bretons sont équipés contre 99,5% des Franciliens (en comptant les doubles cartes SIM). En outre, les cartes prépayées, qui visent plutôt les clients à faibles budgets, ne représentent que 40,7% du parc total contre une moyenne européenne de 72,3%. Tarifs low cost: 10 cts le SMS Phone House annonce également que ces offres régionales seront ‘low cost’ (à très bas tarifs) afin de se démarquer de la concurrence. Dans le cadre de son lancement, Breizh Mobile commercialisera, dans 1.000 points de vente, la carte SIM à 15 euros (contre 30 euros pour les trois opérateurs), le prix à la minute à 28 centimes d’euros (contre 45 centimes à 50 centimes) et les SMS à 10 centimes l’unité (contre 13 à 15 centimes). Selon lui, sur un budget moyen sur six mois, l’économie est de 45 euros (72 euros contre 117 euros). Sur un an, elle serait de 75 euros. La prolifération des opérateurs virtuels répond notamment à une exigence du gouvernement pour rendre le marché de la téléphonie mobile plus concurrentiel. En effet, Orange et SFR se partagent près de 80% du marché, une situation qui permet de maintenir des tarifs anti-concurrentiels. Voire de s’entendre autour de ces tarifs comme le soupçonne les associations de consommateurs (voir notre article). Pas de quoi dynamiser la concurrence Pour autant, l’arrivée de Debitel et de Phone House n’ont pas suscité l’enthousiasme. Dans un communiqué, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir salue « cette première avancée » mais regrette une « portée limitée de l’accord ». Et d’ajouter: « Cette offre ne va pas révolutionner le manque de concurrence dans le secteur. C’est un petit pas ». Debitel et Phone House en effet ne visent que 100.000 abonnés la première année. Selon Julien Dourgnon, en charge des télécoms pour l’association, « L’arrivée de Phone House ne va pas changer grand chose. Son offre est régionale, son poids économique faible. Pour qu’il y ait un effet véritable sur la concurrence, il faut qu’un opératur virtuel soit assez puissant pour véritablement baisser les tarifs de gros. Debitel et Phone House ne viennent pas contester le pouvoir des 3 opéreateurs nationaux, au mieux, ils complèteront le marché actuel grâce à des offres de niche » Même réaction de la part du trublion Tele2 qui dénonce depuis plusieurs semaines les prix du marché. « Où est l’innovation?, s’interroge Jean-Louis Constanza, directeur général de Tele2 France. « Les tarifs sont comparables à ceux qui existent. Cette offre ne va donc rien apporter au marché ». Enfin un analyste cité par La Tribune, explique qu’« il y a fort à parier que ces MVNO ne parviendront pas à prendre des parts de marché significatives aux opérateurs installés et que leur impact sur le retard de la pénétration de la téléphonie mobile en France sera limité. Tout le contraire de l’objectif du gouvernement. Mais pour le minsitre délégué à l’Industrie, Patrick Devedjian, l’arrivée des MVNO « répond spécifiquement à ses préoccupations ». Phone House « se focalise sur des régions à faible taux de pénétration et propose une offre particulièrement attractive sur les prépayés ».