Brexit : quelles conséquences sur les frais de roaming ?

Avec l’annonce de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, les frais de roaming pourraient être remis en cause avec les opérateurs du continent. Ou pas.

Pour l’heure, pas de Brexit pour le roaming des opérateurs mobiles, en France du moins. D’ailleurs d’une manière générale, « il est trop tôt pour se prononcer », nous confie l’un d’eux. La question des accords de frais d’itinérance voix, SMS/MMS et data, établis entre les opérateurs mobiles du Royaume-Uni avec le reste de l’Europe risque néanmoins de se poser lorsque nos voisins britanniques sortiront de l’Europe. Car, exclus des contraintes imposées par Bruxelles en matières d’itinérance, les opérateurs britanniques pourraient tout à fait revoir leurs conditions tarifaires. D’autant que les frais de communication sont appelés à disparaitre à partir de juin 2017 pour les consommateurs des 28 pays, aujourd’hui, de l’Union.

Rien ne presse, donc, d’autant que la sortie de l’Union européenne de l’Angleterre, si elle a lieu, pourrait prendre deux ans. Un délai qui laisse du temps à la réflexion. « Nous ne connaissons pas les conditions exactes de sortie, considère Bouygues Telecom. Le Royaume-Uni restera peut être dans l’Espace économique européen, pays qui n‘appartiennent pas à l’UE mais qui appliquent la plupart de ses directives y compris sur le roaming, ou bien dans l’Association européenne de libre-échange mais en maintenant un certain nombre d’accords bilatéraux à l’instar de la Suisse. »

Le roaming, un serpent de mer

Du côté de SFR, on s’inquiète encore moins. « Le critère n’est pas l’appartenance à l’Union européenne [d’autant que] les destinations Europe sont incluses depuis bien longtemps [dans les forfaits] », précise un porte-parole. Et de prendre également l’exemple de la Suisse dans les destinations d’itinérance sur le continent. « Les frais de roaming c’est un serpent de mer », ajoute notre contact. Le Brexit ne viendrait donc qu’alimenter un sujet dont les discutions devaient néanmoins prendre fin dans un an.

Chez Orange, on se montre plus prudent. Si la situation « ne devrait pas changer grand-chose pour les prochains mois, on ne sait pas du tout ce qui va être négocié avec l’Union européenne ». Difficile, à partir de cette inconnue, de dresser d’éventuelles hypothèses. Et Orange préfère ne pas s’engager dans un quelconque scénario. Côté Free, « pas d’information particulière sur le sujet ». Ce qui n’empêche pas la filiale d’Iliad de continuer à poursuivre l’extension de son service d’itinérance à l’international avec l’annonce, hier, de la couverture de l’Islande, un pays non membre de l’Union.

Neutralité du Net et spectre hertzien aussi

Maintien des frais d’itinérance actuels ou révision des conditions avec le risque que chaque opérateur propose des tarifs différents sont deux hypothèses aussi éloignées que possibles, donc. Néanmoins, même si le Royaume-Uni quitte l’espace européen et ses liens commerciaux, il est peu probable que les opérateurs britanniques prennent le risque de se couper du reste du continent. Et, leurs accords commerciaux pourraient tout à fait conserver les conditions actuelles. Ce qui ne changerait donc rien, a priori, pour les consommateurs. C’est d’ailleurs le cas d’autres pays comme la Suisse, donc, mais aussi la Norvège.

Le roaming n’est cependant pas le seul dossier potentiellement concerné par le Brexit pour les opérateurs britannique. Se pose aussi la question de la neutralité du Net. L’Orece (ou Berec en anglais), super régulateur des télécoms européens, a récemment ouvert une consultation publique (jusqu’au 18 juillet) pour inviter les régulateurs nationaux à s’exprimer sur certains points de traitement du trafic. L’Ofcom, le régulateur local à Londres, y contribuera-t-il ? Autre sujet, celui de la gestion du spectre hertzien. Il serait incohérent que l’Angleterre ne retienne pas la découpe des bandes hertziennes retenue par Bruxelles (sur la base notamment des décisions techniques de l’Union Internationale des Télécoms) consacrées aux technologies mobiles. Mais, en cas de sortie, qu’est-ce qui les y obligerait encore ?


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