Bruxelles autorise la fusion Sagem-Snecma

La concurrence ne sera pas en danger, selon la Commission européenne

La fusion entre l’électronicien Sagem sur le motoriste aéronautique Snecma vient d’être avalisée par la Commission européenne. Bruxelles a donné son feu vert estimant que la concurrence ne sera pas altérée par ce mariage.

« L’examen de l’opération par la Commission a révélé que les chevauchements horizontaux entre les activités de Sagem et celles de Snecma étaient limités et que, pour l’ensemble des produits en cause, la nouvelle entité continuera à être confrontée à plusieurs concurrents puissants et efficaces disposant de parts de marché élevées », a-t-elle expliqué. La Commission a également « examiné la gamme de produits élargie de la nouvelle entité dans les secteurs aéronautique et spatial et elle est parvenue à la conclusion qu’il n’y avait aucun risque que l’un des marchés soit verrouillé, dans la mesure où il existe d’autres sources d’approvisionnement concurrentes ». Elle a également estimé que le projet d’opération « n’aurait pas d’incidence sensible sur le choix des acquéreurs, à savoir les constructeurs d’avions et de plateformes spatiales, les entreprises du secteur de la défense ainsi que les fabricants d’équipements aérospatiaux ». La Sagem et la Snecma ont annoncé le 29 octobre leur projet de mariage surprise, qui va entraîner de fait la privatisation de Snecma et créer une entité pesant 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le rapprochement se fera au terme d’une offre publique d’échange (OPE) de 13 actions Snecma contre 3 actions Sagem, assortie d’une offre publique d’achat (OPA) de 20 euros par action Snecma, avec un plafond maximum de 1,250 milliard d’euros. Le projet de fusion permettra de réaliser entre 160 et 190 millions d’euros d’économies (avant impôt) par an à horizon trois ans. Le rapprochement vient confirmer les ambitions de la Sagem dans le militaire. Si le groupe est connu du grand public pour ses activités d’électronique, et plus particulièrement de téléphonie mobile (en France, il est le numéro un), les activités militaires sont moins connues, mais autrement plus rémunératrices. Pour la Snecma, les synergies sont également évidentes. Les équipements aéronautiques utilisent de plus en plus l’électronique. Par ailleurs, le rapprochement Sagem/Snecma ouvre de nouvelles perspectives européennes au nouvel ensemble, à l’image d’EADS dans l’aéronautique militaire ou du rapprochement Thales/DCN dans le naval militaire. Le nouveau groupe, qui pèse 10 milliards d’euros, pourrait par exemple participer à un rapprochement transnational européen, indispensable pour faire face aux géants américains de l’industrie militaire. Sur les drones par exemple, une technologie d’avions sans pilote ni équipage promu à un brillant avenir ? La nouvelle entité devrait être présidée par Jean-Paul Béchat, actuel Pdg de la Snecma. Selon lui, il n’y aura « aucune suppression d’emplois parce que ce sont des spécialistes qui ont chacun leurs spécialités qui se mettent ensemble pour se faire partager mutuellement leurs compétences et leurs avantages ». « C’est un des grands avantages de ce rapprochement: il y a donc mise en commun de compétences mais il n’y a pas de doublons ». La fusion va créer « un leader technologique » pesant 9,6 milliards d’euros de chiffres d’affaires (selon les données combinées 2003). L’activité du nouvel ensemble s’articulera autour de 4 métiers : la propulsion aéronautique (31% du chiffre d’affaires), les équipements aéronautiques (21%), les communications (22%) et la défense-sécurité (26%). Au niveau géographique, l’ensemble réalisera 61% de son chiffre d’affaires en Europe, 10% en Asie et 29% dans le reste du monde. Sagem, Snecma: les chiffres clés

Sagem Chiffre d’affaires: 3,2 milliards d’euros 66% dans les télécoms (25% dans les mobiles), 34% dans la défense Snecma Chiffre d’affaires: 6,4 milliards d’euros Leader mondial des moteurs d’avions de plus de 100 places Le nouvel ensemble emploiera 55.000 personnes pour un CA de 7,5 à 10 milliards d’euros.