Le CAC 40 ciblé par la NSA : une évidence désormais connue de tous

Les documents produits par Wikileaks confirment l’espionnage des sociétés françaises par les grandes oreilles de la NSA. Tous les secteurs clefs de l’économie et tous les principaux contrats à l’export sont ciblés.

C’était déjà une évidence pour tous ceux qui ont examiné en détail les documents de la NSA dévoilés au fil des mois par Edward Snowden : les Etats-Unis ont largement exploité leur appareil de renseignement comme arme économique au bénéfice de leurs entreprises. Via l’espionnage en règle de leurs concurrents étrangers. Les grandes sociétés françaises n’échappent évidemment pas à cette curiosité. Selon un document mise au jour par Wikileaks et publié aujourd’hui par Libération et Mediapart, la NSA s’intéresse à « toute proposition de contrats français » à l’export. Le document, produit en 2002 et actualisé en 2012, montre que tous les secteurs clefs de l’économie sont ciblés : technologies de l’information, télécoms, électricité, gaz, pétrole, nucléaire, transports, santé, biotechnologies.

Dans son exposé des besoins, qui détaille les informations d’intérêt, la NSA explique, selon un document que s’est procuré Wikileaks, cibler les « propositions de contrat, études de faisabilité ou négociations pour des ventes ou investissements français à l’international dans des projets majeurs ou des systèmes d’un intérêt significatif pour le pays hôte ou dans des ventes de produits ou services de plus de 200 millions de dollars. » Bref, la NSA ratisse large.

Anssi : une centaine d’entreprises ciblées

Les informations collectées sont ensuite partagées au sein du réseau des Five Eyes, unissant les services secrets des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de l’Australie, du Canada et de la Nouvelle-Zélande et résultant de la signature du traité Ukusa après la seconde guerre mondiale. Libération rappelle encore que les Etats-Unis ont créé une structure ad hoc pour appuyer les entreprises américaines dans leurs contrats à l’international, l’Advocacy Center.

Selon l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), une centaine d’entreprises hexagonales entreraient dans les critères de la NSA, assure Libération. Une liste qui recoupe peu ou prou celle des OIV (Opérateurs d’importance vitale), auxquels l’Anssi est en train d’imposer un renforcement du niveau de sécurisation de leurs informations.

Au fil de la révélation des documents Snowden, plusieurs sociétés françaises sont apparues comme ayant été espionnées par les services secrets américains. Citons notamment Gemalto, qui se serait fait dérober des lots de clefs de chiffrement utilisées dans les communications GSM, Total, Thales ou encore Airbus, écouté avec la complicité du BND, les services de renseignement allemands. L’avionneur a porté plainte contre X pour espionnage.

Ces révélations interviennent quelques jours après le vote en France de la loi sur le renseignement. Une loi qui s’étend à la « promotion des intérêts économiques et industriels de la France » et qui légalise de facto l’espionnage des entreprises étrangères par les agents français.

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