Calyon innove en mode SOA

La banque d’investissement a misé sur l’approche SOA pour adapter son
informatique face à l’explosion des transactions financières, tout en proposant
de nouveaux services

Banque de financement et d’investissement du groupe Crédit Agricole, Calyon est née en mai 2004 de la fusion des banques de marché de Crédit Agricole/Indosuez et du Crédit Lyonnais. Elle compte aujourd’hui 13 000 employés répartis sur soixante pays, et génère un chiffre d’affaires de 1,657 milliard d’euros (à cette échelle le troisième chiffre après la virgule s’impose !).

Quand le nerf de la guerre se compte en bits

« Nos chaînes de production sont les systèmes d’information du groupe, et nos usines, les infrastructures informatiques sur lesquelles ils reposent, pour maintenir notre avance ou rattraper nos concurrents, il est essentiel d’adapter notre informatique en innovant », clame, sur un ton enjoué, Philippe Meyer, responsable informatique Equity Derivative chez Calyon.

« Dans notre secteur, l’innovation est récompensée par de meilleures marges, dégagées par les nouveaux services, avec une prime au premier entrant. « 

Le réel défi repose sur un bon arbitrage entre la nécessité d’apporter de l’innovation et la contrainte de gérer des environnements économiques (le marché des dérivés d’action) et informatiques de plus en plus complexes.

« Il nous faut prendre en compte de multiples options, comme prendre en compte de multiples options, comme l’explosion des volumes et l’élargissement de la couverture fonctionnelle aussi bien avant qu’après la vente. En effet, dans 18 mois nous devrons assumer entre 180.000 et 200.000 transactions par jour contre de 30.000 actuellement » , précise Philippe Meyer.

De plus, Calyon doit composer avec des ressources limitées. Le groupe emploie environ 1.000 personnes pour l’informatique, dont deux tiers en développement et un tiers pour le support. Mais seulement 200 personnes sont dédiées aux dérivés d’actions (rappelons que ce sont eux les mécanos de la chaîne?).

Un projet SOA avec Unilog

Pour anticiper cette explosion et rester innovante, la banque a conclu que le système d’information devait s’adapter à cette complexité et « permettre de découper le système en blocs fonctionnels isolant la complexité de chaque domaine, de maîtriser les processus métier qui se complexifient tout au long de la chaîne, et faciliter le traitement par exception pour que les utilisateurs se concentrent sur la résolution des problèmes. Enfin, il doit éviter les redondances, génératrices de coûts inutiles et de complexité accrue », énumère patiemment Philippe Meyer.

L’entreprise retient donc les logiciels IBM avec IGS et Unilog pour l’accompagner dans son projet SOA dont la première tranche s’étalera de septembre 2006 à avril 2007.

Calyon a choisi deux approches SOA complémentaires. « L’approche service? (ou traitements) favorise des sous-ensembles permettant de découper la complexité, facilite le principe d’unicité pour éviter les redondances (avec la réutilisation), et simplifie les futurs projets de développement. De son côté, ‘approche orchestration de service’ permet de séparer la logique (et le processus) métier des applications, apporte de la visibilité sur ces processus métier et facilite leurs évolutions, et donc la flexibilité », détaille Philippe Meyer, qui a apparemment bien saisi l’intérêt majeur d’une architecture SOA.

Deux cellules pour échapper à la noyade

Le risque majeur de ce type de projet provient de l’impossibilité de gérer de multiples et innombrables services développés, avec une architecture fonctionnelle non construite, générant de multiples difficultés techniques.

Pour limiter ces risques, une cellule d’architecture fonctionnelle a analysé en amont la granularité et la signature des services, et piloté une modélisation commune afin de garantir la cohérence et une bonne intégration des services (méthodologie, modélisation fonctionnelle?).

En parallèle, une cellule d’architecture technique vise à déterminer le « domaine du possible technique », au vu des compétences des équipes. Ces cellules existent depuis fin 2006.

« Bien entendu, tous les nouveaux projets sont alors systématiquement modélisés dans la nouvelle norme et utilisent les outils retenus », souligne Philippe Meyer. « Et dès avril 2007, le premier process sous WPS (WebSphere Process Server) est opérationnel ! »

IBM, mais pas seulement

Calyon disposait déjà de compétences sur les technologies WebSphere Application Server (WAS) pour la fabrication d’intranet, et WebSphere Business Integrator (WBI) pour les échanges inter-applicatifs. Ce projet a été l’occasion d’utiliser WAS pour la fabrication des serveurs de Web Services, mais aussi de découvrir WebSphere Process Server (WPS) pour l’orchestration des processus, WebSphere Integration Developer (WID) pour le développement des processus métier.

« Pour les interfaces utilisateur, nous avons choisi la plate-forme .net de Microsoft, ainsi que GigaSpaces pour le caching distribué, et Datasynapse pour la gestion des grilles de calcul ».

Bien cadrer et ne pas sous-estimer l’apprentissage

Au bilan, Philippe Meyer assure que SOA se révèle une approche indispensable pour servir les besoins d’un métier toujours plus complexes, mais qu’un cadrage préalable s’avère indispensable avant de démarrer.« 

En effet, cette démarche produit un impact fort dans le périmètre des projets qui s’appuient fortement sur les services avec des dépendances fonctionnelles et de planning. Il faut aussi prendre en compte le fait que ces approches nécessitent également un changement humain important. Bref, les outils dans l’ensemble rendent les services attendus, mais l’apprentissage reste important ! », conclut, sans complaisance, Philippe Meyer.