Avec sa carte SIM, Apple prépare l’éviction des opérateurs mobiles

L’idée n’est pas nouvelle, mais Apple a finalement mis sa menace à exécution. En 2010, la firme de Cupertino avait été obligée de retirer son projet de carte SIM propriétaire, élaborée en partenariat avec Gemalto. L’affaire avait fait grand bruit chez les opérateurs mobiles, au point que la puissante GSMA (l’association des opérateurs mobiles) avait promis de mener une guerre ouverte à la société dirigée par Steve Jobs.

Les choses auraient-elles changées ou Apple est-il devenu si important qu’il ne craint plus les opérateurs ? Une chose est sûre, la carte SIM made in Apple est devenue une réalité la semaine dernière avec la présentation des derniers iPad Air 2 et Mini 3. Concrètement le constructeur donne la possibilité aux utilisateurs de choisir le forfait et l’opérateur en fonction de leurs besoins. Il s’agit d’un premier pas, car cette carte n’est pour le moment disponible que sur les tablettes 4G où un accord a été signé avec 4 opérateurs : le Britannique Everything Everywhere (co-entreprise entre Orange et Deutsche Telekom) et les Américains ATT, Sprint et T-Mobile.

Réduire le pouvoir des opérateurs

Après avoir franchi le Rubicon, Apple s’est bien gardé de parler du futur de cette carte SIM propriétaire, maintenant appelée universelle. Il ne serait pas inenvisageable qu’elle trouve à un moment sa place dans l’iPhone. Les opérateurs seraient alors peut-être moins enclin à nouer des accords avec Apple. Car la carte SIM reste le point de contrôle de la relation entre un opérateur et son client. La perte de ce contrôle réduirait les opérateurs au rang de simple fournisseurs de tuyaux. Une commodité sans valeur ajoutée.

Elle est également au centre d’une bataille intense sur le paiement sur mobile. A l’occasion du lancement d’OAB (Orange Applications for Business), l’opérateur hexagonal avait salué l’initiative d’Apple d’intégrer le NFC pour les paiements sur mobile, mais avait regretté dans le même temps que ce support ne soit pas au niveau de la carte SIM.

Apple prépare donc les esprits à une redistribution des cartes dans le domaine de la téléphonie mobile. Google est étonnamment discret sur ce sujet et préfère pour l’instant se concentrer sur la partie réseau, un autre secteur de concurrence frontale avec les opérateurs de téléphonie mobile et les grands acteurs de l’IT. Sur la carte SIM, il existe déjà d’autres alternatives aux opérateurs. Ainsi, BlackBerry a racheté Movirtu qui propose un service de SIM virtuelle. Il sera intéressant de voir la position de la GSMA lors du prochain Mobile World Congress, qui se tient à Barcelone en février prochain.

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