CentOS : la communauté demeure face à un avenir incertain

CentOS Stream board

Le board de CentOS tente de rationaliser les changements qu’a dictés Red Hat, mais ne se montre pas en mesure d’en garantir la pérennité.

« Il est difficile de prédire l’avenir. » En tout cas pour le board de CentOS. Plusieurs de ses membres l’ont affirmé lors d’une session de questions-réponses organisée la semaine dernière en prélude à la FOSDEM. On venait de les interpeller à propos de la fin de vie très largement avancée de la dernière version majeure de leur distribution. Et de leur demander si d’autres produits de la communauté étaient susceptibles de connaître le même sort.

Qu’entendre par « très largement avancée » ? Le support de CentOS 8 devait normalement s’étendre jusqu’au 31 mai 2029. Mais Red Hat – qui a la main sur le projet – a décidé d’y mettre un terme dès le 31 décembre 2021. Il avait officialisé ce nouveau calendrier voilà tout juste trois mois. Et avec lui, une démarche bien plus large. En l’occurrence, l’abandon de CentOS au profit de sa déclinaison CentOS Stream. Fini, donc, le positionnement en aval de RHEL : place à une version amont, compilée à partir d’une branche de développement basée sur la prochaine release mineure. Fedora étant quant à lui fondé sur la prochaine release majeure.

Fedora – CentOS : un début de convergence

Cette approche permet, clame le board, d’influer enfin véritablement sur le développement de RHEL ; et plus rapidement qu’en s’appuyant sur Fedora. « C’est une opportunité de guider les releases vers vos besoins en production », résume l’un de ses membres. « On passe du ‘tout est prêt pour vous’ au ‘vous avez l’occasion d’aider à améliorer les choses’ », explique un autre. Tandis qu’un troisième tente de rassurer : les ingénieurs de Red Hat ne sont pas censés « balancer du code qui n’est pas vérifié ». Aux utilisateurs, néanmoins, de réaliser des tests sur ce qu’ils aimeraient voir dans la version stable de RHEL.

Vu leur proximité, CentOS Stream et Fedora vont faire l’objet de rapprochements. En plus de l’infrastructure, on va vers une authentification unique. Même chose pour le portail de signalement des problèmes (Bugzilla). Les dépôts restent en revanche séparés jusqu’à nouvel ordre, pour des raisons techniques… et politiques, admet le board.

Du côté des utilisateurs, une impression générale domine : CentOS Stream ne peut pas garantir la même stabilité que CentOS. C’est dans ce contexte que se développent des distributions alternatives, voulues 100 % compatibles avec le code de RHEL 8. Rocky Linux en fait partie. Un des fondateurs de CentOS porte le projet, qui prévoit une RC fin mars. Du côté d’AlmaLinux (ex-Project Lenux), porté par l’éditeur de CloudLinux OS, on vient de passer en bêta.