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Chuck Hollis (EMC) : « 2013 s’annonce chargée en incertitudes »

Globalement, 2013 s’annonce chargée en incertitudes : économiques, politiques, technologiques, etc. La boule de cristal reste trouble. Les prévisions pour l’année à venir devraient donc être réservées. D’expérience, toutefois, nous savons que les climats d’incertitude générale tendent à accélérer les transitions industrielles, en particulier dans le secteur de l’informatique. Les budgets informatiques se resserreront inévitablement, affectés essentiellement aux solutions immédiatement rentables, sinon essentielles pour la pérennité de l’entreprise. Le point de vue de Chuck Hollis, vice président, CTO marketing et évangéliste chez EMC.

1 – Les services informatiques créateurs de valeur ajoutée

Il y a quelques années, j’ai remarqué une légère évolution des préoccupations de mes clients, laquelle s’est aujourd’hui clairement confirmée. Trois ans auparavant, dans 4 cas sur 5, ils me demandaient comment gagner en rentabilité et réaliser des économies. Aujourd’hui, leur priorité est de générer de la valeur pour leur entreprise. Ceci dit, l’un n’exclut pas l’autre. Et je suis convaincu que la plupart des dirigeants d’entreprise partagent aujourd’hui ce point de vue. Cela se traduit d’ailleurs dans l’agenda de leurs priorités informatiques. Mais là où le bât blesse, c’est que la grande majorité des services informatiques d’entreprise n’ont pas été pensés pour créer de la valeur. Il leur faudra donc subir une complète restructuration. Nouvelle tendance en 2011, les initiatives de transformation informatique se sont multipliées en 2012 et devraient se généraliser en 2013.

2 – Les synergies des technologies SMAC seront davantage exploitées, pour donner naissance à des « business models » numériques

L’acronyme SMAC désigne les réseaux Sociaux, la Mobilité, l’Analyse et le Cloud, des concepts qui alimentent bon nombre de discussions dernièrement. Mais derrière ces technologies se cachent également les ingrédients d’une recette qui mérite d’être connue. Associées, elles forment ce que je qualifierais de « business model numérique », à savoir une toute autre manière d’envisager la proposition de valeur d’une entreprise en misant sur des structures entièrement numériques. S’il existe quantité d’espaces de discussion dédiés aux réseaux sociaux, à la mobilité, à l’analyse, au Cloud ou encore aux applications de nouvelle génération, je n’en connais encore aucun qui propose de réunir tous ces sujets autour de la table, pour imaginer des initiatives de transformation organisationnelle. Ce sera peut-être pour 2013.

3 – Une éducation IT à (re)faire auprès des dirigeants

Voici une critique qui revient très fréquemment et devrait vous être familière : la plupart des dirigeants manquent des compétences pour exploiter judicieusement les technologies à disposition. Ils maîtrisent les rouages de la finance, des ressources humaines, du marketing, du droit, de la logistique et de bien d’autres disciplines. Mais quid des technologies numériques ? Dans un monde de plus en plus gouverné par les business models numériques, n’est-il pas légitime d’attendre des cadres dirigeants qu’ils comprennent, au moins en théorie, le fonctionnement des technologies en place dans l’entreprise ? Et pourtant, bon nombre de DSI que j’ai pu rencontrer déplorent l’absence de connaissances informatiques des autres décideurs avec lesquels ils travaillent et craignent que cela finisse par porter préjudice à l’entreprise. Il y a de fortes chances que ce constat s’aggrave encore en 2013.

4 – Les salariés continueront d’utiliser les technologies mobiles, avec ou sans le consentement du DSI

Tous les consommateurs familiers des appareils connectés et technologies mobiles en conviendront : ces terminaux nous facilitent grandement la vie, tant professionnelle que personnelle, à tel point qu’il nous serait impensable aujourd’hui de ne plus pouvoir nous connecter à tout moment à nos centaines d’applications et de plates-formes habituelles. Malheureusement, il est encore extrêmement difficile pour la plupart des services informatiques d’entreprise de contrôler l’utilisation que les salariés font des services mobiles. En tant qu’employés, en revanche, nous voyons tout à fait l’intérêt et souhaitons être libres d’utiliser l’environnement informatique que nous jugeons le plus approprié, quitte à le faire à l’insu de la direction informatique. Cela me rappelle le milieu des années 1980, avec la généralisation des ordinateurs de bureau (des réseaux LAN et des suites bureautiques), mettant les informaticiens devant le fait accompli, contraints d’assister impuissants à cette déferlante de nouveaux équipements. Il a fallu plus d’une décennie pour que les services informatiques s’adaptent à cette évolution de l’informatique personnelle. Et satisfaire les besoins des utilisateurs n’a pas été de tout repos. Mais tout évolue aujourd’hui plus vite encore. En 2013, la plupart des DSI se rendront compte qu’ils ne peuvent plus attendre pour s’atteler à la dure tâche de concevoir un environnement de mobilité professionnelle riche en services ultra attractifs pour ramener les salariés dans le rang.

5 – Une nouvelle génération d’inconditionnels des outils d’analyse fera son apparition dans l’entreprise

Les dirigeants d’entreprise sont aujourd’hui bombardés de messages vantant les potentiels extraordinaires de l’analyse prédictive. Le sujet est désormais incontournable, dans les revues spécialisées, les séminaires d’entreprise, etc. A juste titre d’ailleurs. La concurrence est féroce dans le monde des affaires. Les entreprises ont donc tout intérêt à collecter, analyser et exploiter l’énorme volume de données désormais à leur disposition pour se démarquer. Toute la difficulté est de savoir comment. De nouvelles fonctionnalités (ex. l’analyse sous forme de service) vont voir le jour et les dirigeants devront inévitablement se former à leur utilisation pour améliorer durablement les performances de leur entreprise. Conclusion : si les traditionnels experts de la Business Intelligence auront toujours leur place dans nos entreprises (aux côtés de la nouvelle génération de « data scientists »), il deviendra rapidement indispensable pour les DSI de demain, partout dans le monde, de maîtriser l’utilisation des outils analytiques. C’est le défi que de nombreux services informatiques vont devoir relever en 2013.

6 – L’analyse du Big Data changera la manière de penser des informaticiens

Les technologies d’analyse du Big Data font partie de ces outils qui peuvent être appliqués à quasiment tous types de problèmes, y compris les plus complexes, comme celui de l’exploitation de l’environnement informatique. Aussi les informaticiens les plus visionnaires se lancent-ils dans des expériences d’analyse prédictive pour anticiper les besoins de capacité, les pics de la demande ou encore les problèmes de distribution de services. De nombreux acteurs du marché de la sécurité en font désormais leur fer de lance, arguant qu’il est nettement préférable d’anticiper les problèmes potentiels que d’agir après coup. En 2013, l’analyse du Big Data devrait attirer davantage l’attention des informaticiens, partout dans le monde, non pas en tant que technologie à mettre au service de l’entreprise mais en tant qu’outil susceptible de les aider à mieux gérer leur propre service. Si les experts de la sécurité seront bien entendu les premiers à l’adopter, ils seront rapidement suivis par d’autres spécialistes (des infrastructures, des applications, de l’expérience d’utilisation, etc.), qui prendront conscience des avantages d’un modèle prédictif efficace.

7 – Les « app factories » s’imposeront comme le nouveau modèle de référence

Je me souviens avoir écrit, il y a longtemps de cela, un article intitulé « Why Applications Are Like Fish And Data Is Like Wine ». J’étais parti d’un postulat simple : dans l’idéal, les applications devraient permettre de concrétiser rapidement des idées nouvelles, afin de les exploiter et de les améliorer en continu d’après les enseignements et en fonction des suggestions des utilisateurs. Mais le marché semble dominé par les applications lourdes, coûteuses à développer et qui mobilisent de nombreuses ressources, ce qui va à l’encontre de toute agilité. Il va falloir revoir notre copie. Quiconque dans l’entreprise devrait pouvoir suggérer une idée d’application et en obtenir un prototype aussi simplement que l’on recrute un fournisseur ou un sous-traitant. C’est déjà le cas chez EMC, et cette approche s’avère extrêmement payante. Je suis convaincu que cette idée fera son chemin en 2013, en particulier dans les grandes entreprises.

8 – La tendance est aux offres « software-defined » et « as-a-service »

L’argument « software-defined » (systèmes définis par logiciel) s’affiche désormais partout. Selon moi, il définit moins une technologie spécifique qu’un concept d’architecture idéale où les ressources informatiques seraient immédiatement disponibles puisque distribuées de manière dynamique, sous forme d’instances virtuelles. Contrairement au qualificatif « software-defined », qui décrit l’offre des services informatiques, la notion de « as-a-service » a trait à la demande, en l’occurrence de services faciles à consommer, uniquement selon les besoins. Entre les deux existe bien entendu toute une panoplie d’adjectifs censés distinguer les différentes offres Cloud. A quoi pouvons-nous nous attendre en 2013 ? Un nombre croissant de fournisseurs informatiques devraient se tourner vers ces nouveaux modèles de gestion de l’offre et de la demande et proposer des fonctionnalités informatiques distribuées de manière dynamique sous la forme d’instances virtuelles, qui pourront être utilisées telles des services. Voilà qui mettra fin aux sempiternels débats sur les nuances subtiles entre les différentes offres Cloud.

9 – Les ingénieurs en processus informatiques tireront les ficelles

C’est déjà le cas dans mon entreprise et j’en ai été témoin chez certains de mes clients. Le phénomène n’est pas nouveau, du moins dans d’autres secteurs que celui de l’informatique, et se fonde sur une logique simple. La performance d’un service (quel qu’il soit, croyez-moi) dépend entièrement de l’efficacité des processus et technologies d’automatisation sur lesquels il repose, lesquels devraient pouvoir être améliorés sans fin. La restructuration continue des processus, à grande et à petite échelle, est ainsi devenue la norme dans de nombreux domaines et s’étendra bientôt à l’informatique. Dans les entités les plus évoluées, une catégorie d’experts des processus se distinguera, motivée par l’amélioration du fonctionnement des différents services de l’entreprise, la suggestion à répétition de changements judicieux. Mais ils devront faire face aux objections de certains collègues, notamment les architectes, qui feront l’éloge de l’architecture de nouvelle génération, alors qu’il convient surtout de se demander quels processus permettent de progresser dans le bon sens, en continu. D’autres secteurs avant nous en ont déjà tiré des leçons : la fabrication, les télécommunications et le transport, tout comme d’autres secteurs aux infrastructures massives. Et, en 2013, le sujet se fera plus fréquent dans les discussions sur les stratégies informatiques.

10 – Une nouvelle école de la sécurité apparaîtra

Inutile d’être un expert pour réaliser que deux grandes tendances se dégagent en matière de protection des informations. Premièrement, les enjeux sont bien plus importants que jamais : il y a plus à perdre et les attaquants sont plus nombreux et mieux préparés. Deuxièmement, les approches traditionnelles sont dépassées par les actuels problèmes de sécurité des entreprises. Ce terrain inoccupé sera investi par des philosophies, processus, modèles et compétences plus ou moins nouveaux, qui définiront la nouvelle école de la cybersécurité. De nouveaux outils s’imposeront (de même que pour l’exploitation du Big Data et l’analyse prédictive), qui ne seront toutefois que l’arbre qui cache la forêt des changements et évolutions nécessaires. En 2012, les acteurs du marché ont appelé à un changement fondamental des approches de sécurité. L’année prochaine, il y a fort à parier qu’ils seront rejoints par les utilisateurs de ces technologies, en particulier les représentants de nos administrations.

11 – Et, bien sûr, il y aura plus de données à gérer qu’en 2012 !

Voici donc la 11ème de mes 10 prévisions. Je réitère cette super-prédiction chaque année : l’an prochain, il y aura plus de données à collecter, stocker, protéger et exploiter et, bien entendu, pas suffisamment de ressources pour accomplir cette tâche. Mais les mentalités semblent avoir évolué sensiblement à ce sujet et vouloir progresser dans cette voie. Par le passé, certains professionnels de l’informatique se sont mis en quête de mécanismes pour empêcher les utilisateurs de générer autant de données. Mais ils ont certainement tous abandonné ce projet aujourd’hui ! Les entreprises reprochaient également aux fabricants de systèmes de stockage les prix bien trop élevés de leurs produits pourtant incontournables. Le fait est que le secteur du stockage est ultra concurrentiel et que la loi de l’offre et de la demande s’applique inévitablement aux produits de grande consommation. Et nous ne sommes pas à l’origine de toutes les informations qu’elles doivent stocker.

C’est aussi l’époque de l’avènement des modèles de consommation de type Cloud. Aujourd’hui, tout le monde a probablement compris que si ces modèles de consommation peuvent s’avérer plus attractifs, ils restent très coûteux tant en termes de stockage que d’accès instantané à ces gros volumes de données. Il semble que les tensions s’apaisent entre les différents acteurs de ce secteur, qui vont désormais devoir débattre de la situation : la demande croît continuellement alors que les ressources ne sont pas inépuisables. Il faudra faire des choix. Pour finir sur une note positive, sachez que certaines des entreprises qui se préparent à adopter des solutions d’analyse du Big Data commencent enfin à voir ces pétaoctets de données comme une source potentielle de valeur ajoutée et non plus comme un poste de dépenses à juguler à tout prix.

L’année 2013 s’annonce pleine de rebondissements et de nouveaux défis…

Photo source EMC


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