Cisco s’invite dans le datacenter 3.0

Pour Éric Debray, responsable de l’activité Datacenter chez Cisco, « le datacenter 3.0 nait de la consolidation, optimisée grâce à la virtualisation. » Il nous explique pourquoi et comment l’équipementier investit dans les datacenters

Pourquoi une activité Datacenter chez Cisco ? Ces lieux sont essentiellement concernés par des problématiques serveur?…

Le cœur de métier de Cisco reste le réseau. Par ailleurs, certaines unités gèrent ce que nous appelons des add-ons comme les communications unifiées, le wireless, la sécurité, ou le datacenter. Une diversification stratégique et source de croissance, non seulement par la valeur du revenu propre à chacun des secteurs, mais aussi et surtout par la génération de business réseau via la cohérence technologique. Prenons l’exemple de la vidéo avec nos solutions clés-en-main Digital Media System (écrans vidéo en réseau dans des réseaux d’agences par exemple). Dans ces configurations, les entreprises nécessitent des solutions de cache réseau, mais aussi de stockage et donc de SAN. Bref, tout nous amène à leur proposer des réponses en matière de réseau.

C’est pourquoi nous menons une vielle permanente sur ces domaines, en préparant des solutions pour réduire l’impact de leur déploiement sur l’activité des entreprises. Or, cette approche touche des écosystèmes, des cultures et des compétences différents : certains proches des réseaux, d‘autres plus proches des serveurs. Cisco a donc besoin de personnes spécialisées et sur les réseaux et sur les serveurs.

Notre objectif ne vise pas à fournir des serveurs, mais seulement des technologies réseau : interconnexion, Wan, DWDM, PRA, etc. La fin annoncée des silos applicatifs avec la mutualisation et la rationalisation des systèmes d’information nécessite d’établir des échanges et des connexions, donc également de l’interconnexion réseau.

Comment contribuez-vous concrètement à ces activités pour les datacenters ?

Nos équipements sont conçus pour recevoir et exécuter des modules de service comme le load balancing (répartition de charge), le firewall, le chiffrement SSL, etc.

Par exemple, un commutateur Catalyst peut apporter des fonctions au stockage comme le load balancing ou la haute disponibilité. Il peut également intégrer un service de firewall partagé pour le stockage, la sauvegarde, et toute autre application du réseau. Ce procédé permet de gérer ces services en environnement centralisé, avec une grande souplesse, et un déploiement rapide sans câblage ni paramétrage lourd.

Regrouper ces fonctions vitales sur un seul équipement ne le transforme-t-il pas en un point extrêmement sensible, ou critique ?

Pas plus que pour la consolidation des serveurs en datacenter. D’ailleurs, il est ainsi beaucoup plus facile de définir des plans de secours efficaces et de les faire évoluer en fonction des besoins. Car cette consolidation diminue la complexité, facilite la maintenance, et permet d’acheter des équipements de haute qualité, plus performants. Non seulement un seul équipement peut gérer des dizaines de firewalls, mais il apporte en même temps une bonne gestion de la bande passante, le load balancing, une optimisation de la latence, la délégation, une meilleure maîtrise de la dissipation thermique et de l’alimentation électrique… Bref, un équipement unique plus simple à gérer, moins cher, et plus fiable.

Cela ne pose-t-il par des problèmes par rapport aux attributions des équipes informatiques dans l’entreprise ?

Certes, le firewall est généralement géré par l’équipe Sécurité ou Systèmes, tandis que le SAN ou le load balancing peut être pris en main -par exemple- par l’équipe réseau. L’organisation de l’entreprise n’a effectivement pas été pensée pour cette consolidation. C’est pourquoi nous proposons le “role-based access control” (ou role BAC) afin que l’entreprise puisse conserver son mode d’organisation si elle le souhaite. Ces fonctions se trouvent physiquement dans le réseau, mais sont gérées par des équipes différentes. Nous ne cherchons surtout pas à imposer un modèle. D’ailleurs, le réseau ne peut pas tout faire, et cela ne serait pas très sain.

Mais alors, vous coupez l’herbe sous le pied de vos partenaires qui revendent ce type de solutions ?

Nous aussi vendons moins de firewalls avec ce type d’architecture. Nous vendons moins de petites boîtes, mais plus de gros équipements puissants. Nous ne faisons qu’accompagner l’évolution incontournable vers la consolidation et la virtualisation. Cette virtualisation permet ainsi d’offrir plus et mieux aux petits clients en mutualisant et en les autorisant même à conserver leurs environnements hétérogènes.

Mais comment vous intégrez-vous dans l’écosystème de la sauvegarde et du stockage ?

Cisco ne vend que la partie commutation, dans la lignée des approches des commutateurs MDS et Catalyst. Car, un SAN est un réseau à part entière. D’ailleurs, notre modèle de vente passe par des solutions proposées par IBM, HP, Sun, EMC ou NetApp… avec Cisco SAN OS.

Par quelle évolution Cisco se positionne-t-il comme chef d’orchestre sur ce que vous appelez le datacenter 3.0 ?

Cisco ne limite pas sa vision à l’interconnexion, la haute disponibilité, la redondance, etc. Nous proposons une vision globale intégrant aussi bien les environnements physiques que la virtualisation. Et c’est tout le sens de nos accords avec VMWare, par exemple.

Lorsqu’une application démarre, elle met en œuvre des services de réseau, de traitement, et de stockage. Que l’environnement soit physique ou virtuel, ces trois types de ressources doivent être alloués par un mécanisme de réservation dynamique, avec réallocation en cas de besoin.

Dans ces configurations, nous nous appuyons sur VMWare pour le système d’exploitation, sur les fournisseurs adéquats pour les baies de stockage, et sur nos solutions pour le LAN et le SAN. Nous prenons alors en charge l’orchestration globale, en coordination éventuelle avec des logiciels d’orchestration spécifiques (VMWare ou autres).

On assiste déjà à l’évolution progressive de la consolidation vers l’automatisation. Les blades contribuent aussi à cette consolidation, mais le gain est encore plus significatif avec la virtualisation, qui autorise une utilisation optimale des ressources disponibles. Pour nous, le datacenter 3.0 naît de la consolidation, optimisée grâce à la virtualisation (système d’exploitation, réseau et stockage), avec une orchestration globale qui favorise une allocation des ressources dynamique.

José Diz