CITE DES SITES : Gustave Courbet, agitateur et familier du ‘Net’…

Combien de peintres ? je crois qu’ils sont peu nombreux ? n’ont connu d’autres aventures que celle de peindre ! Gustave Courbet n’est pas de ceux-là et c’est peut-être pour cela qu’il est l’objet de tant et tant de sites Internet (40.600 selon Google qui répertorie aussi les rues, les lycées et collèges Gustave-Courbet).

Génial peintre du Second Empire ? il détestait Napoléon III et aussi Napoléon 1er – Courbet était un empêcheur de danser en rond.

Page choisie : «Gustave Courbet est l’une des figures les plus marquantes des oppositions culturelles et politiques du XIXe siècle. Ses opinions radicales mais surtout sa manière de représenter le monde à travers la peinture a provoqué contre lui des critiques parfois très vives provenant de Gautier, Dumas ou même Baudelaire. Les règles de l’Académie le rebutent, il apprend seul et décide de représenter ce qu’il voit au plus fidèle: c’est le réalisme. L’enterrement à Ornans, loin d’être la toile la plus provocante, marque déjà le ton, il a 32 ans. « Premier élément qui suscita l’indignation, le format de la peinture : long de 7 mètres, panoramique, c’est un format normalement réservé aux grandes scènes religieuses ou historiques et non aux représentations où les scènes populaires sont mises en valeur. Autre élément, cette manière de monter la pauvreté du peuple avec une obscurité dominante (le temps a accentué cette impression) comme une provocation, une exagération qui vaudra à Courbet d’être surnommé le « peintre du laid ». (?) Pourtant l’opposition entre la bourgeoisie et le peuple que certains ont constatée dans cette ?uvre est simpliste, la réalité étant plus nuancée. Des études récentes montrent que les 47 personnages de la scène représentent non une classe sociale mais un ensemble sociologique homogène, représentatif de la variété du village : le prêtre, le paysan ou le bourgeois, des personnages que Courbet connaissait pour beaucoup personnellement, Ornans étant son village natal. Mais au delà de la représentation réaliste, le tableau garde son mystère quant à sa véritable signification. L’enterrement pourrait être celui du romantisme, ou mieux, de la seconde République qui rentre en sursis après l’élection de Napoléon III en tant que Président. La dimension secondaire de la toile suscite nombre d’interrogations. » Dans une église de Tolède, Santo Tomé, est exposé un des plus beaux tableaux du monde, L’enterrement du Comte d’Orgaz, du Greco. Ne voilà-t-il pas qu’un professeur crée un site tendant à démontrer qu’Ornans descend d’Orgaz ! « De quoi s’agit-il ? Compte tenu des éléments inhérents aux deux tableaux, je pars du principe que ‘Un enterrement à Ornans’ doit être mis en perspective par rapport au tableau du Gréco, ce qui supposerait que Courbet ait composé son tableau en se référant à celui du maître espagnol. Rien encore une fois ne permet de l’affirmer : à ma connaissance, Courbet n’a jamais été en Espagne, le tableau n’a pas voyagé. Il n’est néanmoins pas tout à fait exclu que Courbet ait pu le connaître par les gravures et les descriptions qui circulaient alors. C’est un point à élucider. « ?plusieurs détails semblent se faire écho dans les deux tableaux : >Ligne noire des personnages de l’assistance >Présence d’un enfant à peu près dans la même position par rapport à l’architecture générale du tableau. Dans les deux cas, le regard de l’enfant est tourné vers le spectateur. >Légèrement décalés à gauche par rapport au centre des deux tableaux, deux personnages en robe se distinguent par la couleur éclatante et l’aspect solennel de leur vêtement : les deux évêques dans un cas et les deux bedeaux en rouge dans l’autre. >Deux personnages occupant une place analogue dans la scène (le curé du Gréco et le personnage aux bas verts de Courbet) se présentent avec un bras gauche dans la même position, main ouverte. >Enfin les deux crucifix portés au sommet d’une hampe ont la même position (mais inversée) et la même orientation . Le fait que ces deux éléments semblables occupent une position diamétralement opposée peut déjà être considéré comme un indice de la portée que l’on peut donner au tableau de Courbet par rapport à celui du Gréco» Louons Christian Perrier, professeur de lettres modernes à Bourges, de s’être penché d’aussi près sur un problème plus qu’aléatoire. «L’Origine du monde» est le titre d’un tableau de Courbet, aussi célèbre que controversé. Nous ne le reproduisons pas («cachez ce sexe que je ne saurais voir?») mais vous le trouverez facilement sur Internet. Un collectionneur turc, déjà propriétaire du Bain également turc d’Ingres, achète à Courbet ce tableau bientôt mythique, l’expose dans sa salle de bain puis se ruine. L’?uvre scandaleuse passe de mains en mains et finalement dans celles du psychanalyste Jacques Lacan, qui avait épousé l’adorable Sylvia Bataille. Il le fait recouvrir par une peinture d’André Masson ! Puis, en 1995, l’Origine du monde trouve enfin sa place au Musée d’Orsay où il est chaque jour regardé par des milliers d’yeux. Le sexe d’une femme étalé plus qu’exhibé est-il pornographique ? De toute manière il est daté. Les femmes d’aujourd’hui ne ressemblent pas à cette femme. Désormais, elles sont moins dodues, elles ont une « épilation maillot de bain» et, précisément, la tache blanche qui montre que parfois on se recouvre d’un bikini. On a voulu savoir qui était cette jeune femme si généreusement offerte. «Un roman de Christine Orban est publié chez Albin Michel en août 2000 sous le titre de « J’étais l’Origine du monde » dans lequel le modèle, soi-disant maîtresse de Whistler puis de Courbet, prend la parole pour raconter l’histoire romancée du tableau. « Du point de vue éthique ou social : Si on a dit à l’époque de sa production que ce tableau était « le plus scandaleux… », c’est sans doute que l’on ne connaissait pas pire (ou mieux, selon le point de vue). Il ne faut pas oublier qu’on est en 1866, aux prises avec la morale et l’éthique de l’époque. Rappelons que Le Baiser de Rodin a été jugé indécent à son époque car, de l’avis de Paul Claudel, l’homme y est littéralement attablé à la femme, Rodin confondant érotisme et gastronomie. Gustave Courbet devait entrer dans l’Histoire par la porte de la violence et de la contestation. Ce site le raconte parfaitement : «Le 19 juillet 1870, c’est la guerre entre l’Empire français et la Confédération de l’Allemagne du Nord. Après le désastre de Sedan, Napoléon III est fait prisonnier. Il est déchu et le 4 septembre 1870 naîtra la Troisième République. Courbet devient en septembre 1870 le Président de la Commission Artistique du gouvernement provisoire. Lors de l’Assemblée Générale du 18 septembre, il prononce ce discours lors duquel il déclare au gouvernement de la Défense Nationale : « La colonne Vendôme est un monument dénué de toute valeur artistique… » et demande au nom de l’art, « à déboulonner cette Colonne ». L’idée non retenue fait la une des journaux, et Courbet deviendra pour le public « le déboulonneur de la Colonne Vendôme ». « Dans ses murs, Paris soutient un siège qui dure quatre mois et douze jours. Après la déclaration de l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine, le deuxième Reich est proclamé, à Versailles, le 18 janvier 1871. La capitulation de Paris est signée le 26 janvier à Versailles. Pour le peuple de Paris, c’est « La Grande Trahison », l’entrée des Allemands se fait dans une ville déserte le 1er mars 1871. Le gouvernement conduit par Adolphe Thiers signe le 2 mars le traité de Paix à Versailles, mais les politiques laissent aussi leurs armes aux citoyens parisiens. L’assemblée vote le 10 mars 1871, le recouvrement des effets de commerce échus. Du fait de la guerre, le peuple des parisiens n’a plus un sou et le Mont de piété croule littéralement sous le monceau d’objets qui lui a été confié. Les Parisiens manifestent, l’armée est chargée de rétablir l’ordre, alors les Français s’entre-tuent. L’assemblée et le gouvernement s’enfuient à Versailles dans la nuit du 18 mars 1871. La Commune de Paris est proclamée le 21 mars. Trois semaines après, le 12 avril, par la voix de son représentant Félix Pyat, la Commune décide de démolir la Colonne Vendôme. A son sommet s’élève la statue de Napoléon 1er, tandis que « Ce sont les généraux de Napoléon III qui nous bombardent » écrit Rochefort. Courbet, lui, ne sera élu que le 16 avril dans le VIe arrondissement. « Les Versaillais victorieux ont repris le 12 mai le fort de Vanves. Pourtant, la Fête de la chute de la Colonne Vendôme est célébrée le 16 mai. Avec outrance, l’armée reconquiert Paris et la Commune s’achève par « la semaine sanglante » le 28 mai 1871. De fait, Courbet a refusé que la Commune se transforme en Comité de Salut Public, il est arrêté le 7 juin, jugé par un Conseil de Guerre à Versailles. Il peint en prison. Libéré, le 2 mars 1872 il quitte Sainte Pélagie pour Ornans. A Paris, Courbet exposé avec un très grand succès se vend bien. L’histoire suit son cours, le Républicain Thiers démissionne. Mac-Mahon duc de Magenta est élu Président de la République. Aidé par le duc de Broglie, il établit un régime d’ordre moral, la république des ducs. L’assemblée nationale décidera le 30 mai 1873 de rétablir la Colonne Vendôme. La première Chambre Civile de la Seine condamne Courbet, le 26 juin 1873, à payer les 300 000 francs de la reconstruction. « Courbet refuse, il passe la frontière Suisse le 23 juillet. Ses biens sont saisis, et Courbet ne le regrettera pas, il est mort en exil le 31 décembre 1877. » Ainsi disparaissait, à 58 ans, un peintre qui, avant tout, vivait et bien, prenait des partis, souvent à son propre détriment, à la fois penseur et ouvrier, provocateur et ingénu. L’oeuvre de Gustave Courbet est intimement liée à sa vie et est unique dans l’histoire de la peinture.