CITE DES SITES: La Cinémathèque Gaumont

Visite guidée sur des sites originaux. Suite: aux pays des images animées

Jadis, naguère, autrefois, du moins avant 1980, existaient les Actualités – un magazine de 10 à 15 minutes qui présentait au début de tous les programmes de cinéma les événements survenus en France et dans le monde pendant la semaine écoulée. Finalement ce n’était plus très actuel mais c’était en son et image avec un commentaire généreux et le plus souvent ampoulé. On n’avait pas encore à l’époque les images en direct, surtout avant 1960-70, de la télévision, tournées dans le monde entier et transmises sans le moindre délai.

Des actualités un peu… éventées Le programme des cinémas était immuable : Actualités, documentaire, grand film. Dans les petits cinémas de quartier, les Actualités étaient projetées en seconde semaine ; elles avaient eu le temps de s’éventer un peu plus. Si les actualités cinématographiques existaient encore, personne ne s’y intéresserait – sur le moment, parce que tout ce qu’elles montreraient aurait déjà été vu… Les actualités cinématographiques avaient même suscité la création de salles spéciales, les « Cinéacs » qui projetaient les journaux de toutes les firmes, Fox Movietone, Pathé, Éclair, Gaumont, etc. Et sous l’Occupation, comme il fallait bien que les Actualités parlassent de la guerre à l’Est et d’autres sujets suscitant à très juste titre la controverse, ordre avait été donné de projeter les Actualités salle allumée, afin que d’éventuels perturbateurs pussent être repérables! Les Actualités n’appartiennent pas à un passé révolu car tout a été conservé, mémoire vivante et intacte de presque un siècle. Le colonel était dans la finance, Le commandant était dans l’industrie, Le capitaine était dans l’assurance, Et le lieutenant était dans l’épicerie. Le juteux était huissier de la banque de France, Le sergent était boulanger-patissier, Le caporal était dans l’ignorance Et le 2e classe était rentier. Et tout ça, ça fait D’excellents Français, D’excellents soldats, Qui marchent au pas. Ils n’en avaient plus l’habitude Mais c’est comme la bicyclette ça s’oublie pas. Et tous ces gaillards, Qui pour la plupart, Ont des gosses qu’ont leur certificat d’étude, Oui tous ces braves gens Sont partis chiquement, Pour faire tout comme jadis C’que leurs pères ont fait pour leurs fils (…) Cette chanson de Van Parys et Boyer connut en 1939 un succès gigantesque. Son optimisme forcené contrastait avec la situation générale. On retrouve comme en direct Maurice Chevalier chantant sur le front grâce aux archives de la Cinémathèque Gaumont qui viennent de s’ouvrir sur Internet (https://www.gaumont.fr/cinematheque_2002/index.asp) De 1897 à 1980, au long de péripéties qui sont racontées sur le site les Actualités Gaumont accumulent un nombre de films incalculable. Apport nécessaire de la nouvelle technique au 35mm : tous ces films sont en voie de numérisation. Pour l’instant 700 mètres sont déjà traités. Le reste suivra, disons en cinq ans. Un système de recherche intelligent La cinémathèque Gaumont a établi un procédé aussi simple qu’efficace pour se retrouver parmi les milliers de sujets. Une année, un mot suffisent. Tout se précise et les bandes disponibles sont cochées. Ainsi il y aura 417 sujets avec Hitler, 243 avec Mussolini, 1322 avec De Gaulle, 125 seulement avec Staline et 328 avec Franklin Roosevelt. Il y a des aspects officiels et des vues domestiques : tout est vivant – et effectivement pris sur le vif. Le procédé de repérage a quand même parfois ses failles ; j’ai cherché Orthez et j’ai trouvé un seul film, celui des candidats à l’élection présidentielle de 1965 car parmi eux figurait Tixier-Vignancour qui avait été député d’Orthez! Je ne pense pas qu’un seul événement historique ait été écarté. Il faudra certes attendre quelque peu pour avoir tout à sa disposition – mais tout est prêt. Parfois des surprises. Ainsi aux obsèques de Louis Barthou assassiné en 1934 en même temps que le roi Alexandre de Serbie, on aperçoit dans un plan fugitif le maréchal Pétain qui semblait attendre son heure… Un véritable trésor Le fonds Gaumont est gigantesque, comprenant, outre les journaux Éclair et Gaumont, 150 heures de films d’enseignement, 2000 heures de « chutes » non utilisées mais répertoriées, différentes séries et portraits traitant les sujets plus longuement. Il y a aussi le catalogue Atlantic 80 heures en130 titres, courts et moyens métrages documentaires des années 1930 à 1960, les premiers pas au cinéma d’Edouard Molinaro, d’Alain Cavalier et de Jacques Tati. Des images inédites sur l’Afrique, Paris sous l’Occupation, Paris à la Libération. Et j’en oublie. Il faut s’extasier sur le travail accompli et à accomplir. Il faut également se réjouir que tout ait pu être conservé et sauvegardé, surtout pendant les années noires.