CITE DES SITES : l’Atelier ‘Au fils d’Indra’, au fil d’Internet

Pour avoir beaucoup fréquenté l’Atelier Au fils d’Indra (que l’on a souvent écrit ‘Office d’Indra’ ou ‘Aux fils d’Indra’…) je peux évoquer quelques souvenirs.

Cinq ou six toiles agrafées dans une petite maison des Épinettes. La première est commandée par Monique H., agent des Communautés Européennes, la seconde par Arthur S. qui se définissait lui-même comme un libre citoyen des États-Unis d’Amérique. Et la diffusion continue, lentement puis de façon exponentielle. Un jour on va jusqu’au métro Liberté demander conseil à l’Abbé Pierre, qui est formel : «

N’oubliez pas les taxes, soyez en règle avec l’administration !» Avant cet avis éclairé, les toiles arrivaient à Paris par la Poste, sous enveloppe et, un jour, le facteur demanda ce que contenaient ces plis ; on lui montra et il fit aussitôt une commande. Depuis trente-cinq ans tout est en ordre et l’Atelier Au fils d’Indra est parfaitement en règle. Mais pourquoi « fils » ? On a glosé sur le sexe des anges, on le peut aussi sur le sexe des dieux qu’ils soient grecs ou indiens. Ce ‘fils’ peut être aussi une fille. La plaidoirie d’Agnès Le grand dramaturge suédois August Strindberg l’a mise en scène en 1902 dans Le Songe : « Agnès, fille du souverain céleste Indra, descend sur Terre pour y étudier les souffrances des mortels. Sa compassion pour l’humanité la pousse à épouser celui qu’elle considère comme le plus malheureux d’entre les hommes. Mais la faillite de cette union provoque son retour au royaume paternel. Malgré tout, l’infortunée épouse prie son père de soulager les maux des Terriens. « La plaidoirie d’Agnès relève d’une vision métaphysique qui concilie bouddhisme, christianisme et platonisme. L’univers onirique teinté de mysticisme de cette pièce, où l’on a peine à distinguer le rêve du réel, annonce celui que chériront les surréalistes. Sur le ton de la moquerie, Strindberg y met en scène la désintégration de l’être, de la société, du monde physique: « Sur la plus insignifiante réalité, l’imagination tisse de nouveaux modèles. » » (Sur ce site ) La contribution d’un IUT d’informatique Les modèles sont nouveaux en permanence dans la collection de l’Atelier Au fils d’Indra, composée de toiles splendides, brodées par appliques selon une technique remontant à des siècles. Tant qu’il s’agissait de diffuser quelques toiles par mois, une gestion manuelle pouvait suffire. Mais, dès que la croissance survînt, d’éminents informaticiens incitèrent à une modernisation et, il y a déjà plus de trente ans, le directeur de l’IUT de Grenoble confia à ses élèves une étude d’opportunité sur la gestion de l’Atelier au Fils d’Indra. De la sorte cette gestion fut transformée, facilitée, en dépit de l’obstination de quelques retardataires qui continuaient à faire des calculs à la main, « pour être plus sûrs» ! Quand naquit l’Atelier, les rapports entre Pondichéry et Paris étaient lents, le téléphone était difficile et très cher, il fallait compter quinze jours pour une réponse par courrier ; le fax fonctionnait mal. Et puis on put enfin compter sur Internet, entre Paris et Pondichéry. Du coup, les bénévoles qui participent à l’action s’y mirent aussi et la plupart d’entre eux communiquent par mails. Le beau magazine L’ATELIER AU FIL DES MOIS est beaucoup plus diffusé par Internet que par la Poste. Une « action de justice » Le Fils d’Indra est absolument unique dans son genre. Le site www.atelier-indra.org nous la raconte : «En 1969 démarra modestement une action à Pondichéry, avec Nicole et Henri Durieux où ils restèrent près de sept ans : de jeunes femmes démunies cherchaient du travail ; elles savaient broder, Nicole Durieux savait dessiner et peindre ; elles retrouvèrent ensemble une ancienne technique admirable de broderies par applique, représentant des motifs de l’Inde ancienne. « En France Marie-Rose Carlié et son mari souhaitèrent leur créer des emplois et firent appel à de nombreux amis. Donner du travail suivi semblait essentiel. Les panneaux brodés étaient admirables, ils révélaient l’Inde. L’action était née… « Ville après ville, des équipes motivées prirent en charge des expositions de l’Atelier Au Fils d’Indra. A travers problèmes, difficultés et joies, la croissance continua : de 1969 à maintenant, les brodeuses passèrent de 30 à 265. « Nous avons voulu pour ces femmes une véritable action de justice : elles sont des travailleuses avec des conditions de travail normales, des prestations sociales s’approchant de celles pratiquées en Europe. Elles ont crèche, dispensaire, bourses d’études pour les enfants. « En 1973, au départ d’Henri et Nicole Durieux, l’Atelier se structura côté Inde : assistante sociale, comptabilité, secrétariat, étant devenus absolument nécessaires. Un encadrement très efficace fut mis en place par une direction indienne. « En 1982, l’action se constitua en association régie par la loi 1901. L’Association emploie, depuis 1989, un salarié (ancien dessinateur de l’Atelier de Pondichéry) dont le rôle est de bâtir avec les responsables locaux une équipe dans chaque ville et de faire le lien entre Pondichéry et la France. Dans chaque ville des bénévoles prennent en main la réalisation d’une exposition. Ce sont les commandes qui font vivre l’Atelier. « 160 toiles forment la collection, elles sont divisées en plusieurs styles : * l’ Inde ancienne, issues de miniatures, de fresques et de poèmes anciens * l’Inde d’aujourd’hui, où, à travers l’art naïf, on découvre la vie quotidienne : fêtes, scènes de vie dans des villages, marchés, métiers, etc… * l’art du Mithila (IVème siècle avant J.C.) et l’art des Kôlams *? des oeuvres purement esthétiques, représentent des oiseaux, des jardins et des fleurs.» 300 emplois en Inde, sans subvention Ces lignes volontairement pudiques ne disent pas combien cette action est exemplaire. Un spécialiste des problèmes de développement, dit un jour : « Vous avez créé presque 300 emplois, combien avez-vous touché de subvention ?». En fait aucune subvention. Il a suffi de la volonté de quelques-uns, de plus en plus nombreux et enthousiastes, qui ont voulu créer une action de développement jusqu’ici admirablement réussie, sans la moindre préoccupation politique ou religieuse. Les rares difficultés ont été aplanies. P.S. L’Atelier au Fils d’Indra organise une exposition du 5 au 10 avril à la Mairie du 6ème, place Saint-Sulpice. Il y aura sûrement foule mais les amis de Silicon.fr pourront bien se glisser?