CITE DES SITES : Retours de Tunisie

La Tunisie qui honore Roland Garros est en pointe sur Internet. Au fait, qui se souvient de ce personnage, aventurier en quête de perilleux records?

C’était quelques mois avant le retrait de la France en Tunisie. Mon épouse avait été engagée à Radio-Tunis pour faire partie des émissions théâtrales dirigées par Gilbert Gil et je la rejoignais pour un mois de vacances. À l’arrivée, contrôle des bagages par des gendarmes français qui examinaient dans quel journal étaient enveloppées les chaussures. Les passagers qui avaient utilisé L’Humanité étaient renvoyés en France par le premier bateau. Mes souliers n’étant pas protégés, je pus donc débarquer sans autre encombre? Sur

www.bourguiba.net ces lignes du premier Président de la Tunisie : « …Le 31 juillet 1954, Mendès France débarquait à Carthage… et offrit au Bey l’autonomie interne de la Tunisie… Mendès France avait demandé à me voir secrètement. Rendez-vous fut pris au domicile du directeur de ‘Combat’ Henri Smadja… l’opération de désarmement des fellagas était lancée…» J’avais publié dans Combat, le quotidien d’Albert Camus, une série d’articles, « Le génie en vingt leçons » où je dénonçais par le menu les arnaques des écoles par correspondance. Et puis Camus passa la main à H. Smadja, homme parfaitement sympathique, autant français que tunisien. Comme Combat tardait à me payer mes articles, j’allais voir Smadja qui me dit tout à trac : « Ou je ne vous paye pas, mon cher, ou je vous règle la moitié de ce qui avait été convenu.» J’acceptai, toute honte bue ; ce fut ma 21ème leçon. Quand sortit le film de Clouzot Le salaire de la peur, on appela Smadja « la peur du salaire. » Il faisait partie de cette gentry juive, partie intégrante de la nation tunisienne, qui participa à l’élaboration de son indépendance mais qui eut aussi à souffrir des différends avec l’Islam. On se souvient, entre autres, qu’en avril 2001, un camion-citerne explosait devant une synagogue de Djerba faisant 21 morts. Des vestiges aux portes du désert… Avant l’arrivée des Arabes, la Tunisie avait été territoire romain comme toute l’Afrique du Nord. Nombreux sont les vestiges y compris les magnifiques routes droites ; sur leurs bas-côtés trottinent des ânes montés. Deux de ces vestiges sont illustres. D’abord le colisée d’El Djem daté du début du 3ème siècle après J-C., guère moins grand que celui de Rome, avec 35 mètres de hauteur et 427 mètres de périmètre. Il pouvait accueillir quelque 30.000 spectateurs. Le plus étonnant est qu’il soit construit dans un désert? Ensuite, Dougga, une merveilleuse ville romaine où l’on me proposa une monnaie ‘antique’ à l’effigie du… roi d’Italie, Victor-Emmanuel II ! La première fois que nous allâmes à Dougga fut précisément lors de mon voyage initial en Tunisie. Nous prîmes un car pas très Pullmann jusqu’à Téboursouk. Parmi les voyageurs nous étions les deux seuls Européens, nous étions jeunes et deux Tunisiens nous proposèrent leurs places dans ce car comble, au nom du fait qu’ils nous recevaient dans leur pays? Dougga est à une dizaine de kilomètres de Téboursouk. On nous avait dit à Tunis que nous trouverions pour nous accompagner sûrement des touristes en voiture. Las ! Pas un touriste, pas une voiture, à l’aller comme au retour effectués par nous, seuls sous le généreux soleil tunisien. Depuis des millénaires… Quand nous revînmes à Tunis, on nous dit ; « Vous avez fait une folie d’aller vous balader seul dans un coin bourré de « terroristes ! » » En déjeunant à Tébourzouc, nous avons fait connaissance d’un homme du pays, habillé comme les autres, et qui nous dit « Je suis habillé comme eux, je parle comme eux, je vis comme eux, mais je ne suis pas arabe, je suis juif et ma famille est ici depuis des millénaires. » Les juifs n’étaient donc pas seulement dans les villes mais aussi dans le bled. Certains comme les Sarfati étaient venus de France il y a des siècles. Actuellement les juifs ne représentent plus que 0,1 % de la population. En Israël, ils sont une part importante de la communauté francophone. Internet est très répandu en Tunisie. Le site www.tunishebdo.com.tn est accueillant et peut vous envoyer une lettre chaque semaine. J’ai relevé ce texte d’actualité particulièrement pendant que se déroulent les internationaux de France de tennis à Roland-Garros : « A travers l’Association Tunisienne de la Culture aérospatiale, présidée par le toujours dynamique ex-commandant de bord Ben Ali (?), la ville de Bizerte s’apprête à ériger un monument commémoratif en l’honneur de l’aviateur Roland Garros qui fut le premier, un certain mardi 23 septembre 1913, à traverser la Méditerranée, reliant par la voie des airs Saint-Raphaël et Bizerte et, donc, l’Europe à l’Afrique. « Dernièrement, une plaque commémorative sur le lieu présumé de son atterrissage forcé (et non de son ?crash?, comme rapporté par certains médias) a été inaugurée. (?) « Pour la petite histoire, précisons que la ville de Bizerte avait réservé une place Roland Garros, dans les années trente (située devant le Lido et le Select) à la mémoire de l’aviateur, laquelle place fut rebaptisée place Madon en l’honneur de l’aviateur Madon dont l’appareil s’était écrasé sur l’immeuble de sa bien-aimée; Madon faisant des voltiges pour épater, dit-on, sa dulcinée. « Espérons que ce grand défi de l’Histoire de l’Humanité soit saisi au vol pour promouvoir, pourquoi pas, le tourisme aéronautique à Bizerte (parapente, deltaphone et vol à voile) connue par ses sites pittoresques et adéquats pour de telles pratiques, à l’instar des Grottes, Aïn Damous, El Ghirène, etc. Verra-t-on un jour un festival Roland Garros à Bizerte ?» Médias en ligne… Le même site consacre un article à un grave sujet qui pose problème partout et spécialement à Paris où l’on voit, hélas ! les « bouillons » augmenter dans les kiosques et maisons de la presse: « Du papier au numérique : « Les journaux sont-ils en voie d’extinction ? « A mi-chemin entre une propagande U.S. sur le savoir-faire américain en la matière des médias en ligne et un atelier sur le thème « Journalisme Online« , telle a été la rencontre de mardi dernier entre les journalistes tunisiens et un expert américain, Gary Kebbel. Cette initiative est à mettre au compte de l’ambassade des Etats-Unis à Tunis et de l’ONG américaine « Internews« . « Fort de son expérience dans les médias en ligne, Gary Kebbel a débuté l’atelier par une dérision : »il n’y aurait pas de solutions à nos questions? un vieux de moins est un lecteur en moins !« . « L’atelier s’est voulu comme un guide soutenant une nouvelle approche sur une éventuelle extension des journaux classiques en médias en ligne. Voici un résumé de cette rencontre : Constat général : le nombre d’abonnements en version papier est en chute libre pour de nombreux journaux. En effet, de plus en plus de lecteurs ont remplacé le papier par le web. « Face aux solutions technologiques qui révolutionnent l’industrie des nouvelles, utilisées entre autres par Google et Yahoo, comment les journaux doivent-ils réagir ? De quelle façon peuvent-ils exploiter l’Internet ? « De nombreux essais ont été réalisés par les grands médias, la vente d’abonnements via une version électronique du journal « Wall street Journal » ou encore la vente d’archives d’articles du journal « Le Monde » à l’unité, ont engendré un nombre d’inscriptions trop faibles. Cela n’est guère encourageant pour d’autres journaux à suivre le modèle payant en ligne. « En effet, la majorité croit que la seule source de revenu des sites de médias est la publicité en ligne. Toutefois, cette formule est plus avantageuse que pour les grands médias. Pour ne citer qu’eux, usatoday.com ou washingtonpost.com, avec un trafic, chacun de l’ordre de dix millions de visiteurs par mois, commencent à tirer profit de l’Internet. « Cependant, pour les journaux à tirage réduit, et, en général, à débit limité en terme de pages vues sur leurs sites, leurs revenus de publicité ne sont pas assez élevés pour effacer leurs pertes subis par la version papier. « La solution miracle n’existe pas ! Il faut se convaincre définitivement que le mode de consommation de l’information papier est différent de l’Internet. Les médias online ne sont pas qu’un moyen de diffusion alternatif au mode de distribution des journaux traditionnels. Les medias online doivent être complémentaires au papier et adopter le principe d’actualisation permanente (?)» Z.H. Un Sommet mondial La Tunisie se veut et est en pointe avec Internet. Le Sommet mondial sur la société de l’information se tiendra à Tunis en novembre 2005. Le site www.lapresse.tn issu du journal que dirigeait aussi Henri Smadja affirme « Tous les chemins mènent à Tunis » ( qui se prend ainsi pour Rome ) On peut lire dans la brochure annonçant l’événement : « Ne soyez pas surpris. Dans ce petit village de Jantoura perché sur une colline dans le Nord-Ouest de la Tunisie, un écolier surfe allègrement sur le Net, bravant l’enclavement et se connectant à l’univers. L’image est riche en symboles. Dans ce coin reculé, l’école primaire est l’une des toutes premières à être connectée à l’internet, bien avant celles de la capitale. Le village a été construit par le Fonds de solidarité nationale (26-26), doté de tous les équipements, raccordé à l’électricité et couvert par le téléphone rural. Au fin fond de la Tunisie profonde, la société de l’information fonctionne déjà.» C’est presque un slogan. Un Tunisien courtisant une jeune femme blonde lui dit – Avec vous j’irais jusqu’au bout du monde ! – C’est quoi pour vous le bout du monde ? – Eh ! un week-end à Hammamet ! Hammamet est en effet un lieu de rêve. Nous y étions début avril il y a quelques années. Un groupe d’allemands superbes, cornaqués par une seule femme, pas très belle, elle? venaient se faire photographiés en maillot de bain et ils n’avaient pas besoin du moindre éclairage complémentaire. Hammamet n’est qu’un des très nombreux aspects qui attirent les touristes en Tunisie. Je reviendrai dans un prochain article sur le véritable phénomène qu’est cette activité réussie dans ce pays du Maghreb.