CITE DES SITES : Vichy ne se souvient pas des années 40

Même sur Internet, le Vichy de la période trouble des années 40 se cache. Pourtant cette ville d’eau mérite notre attention? En deux volumes (suite la semaine prochaine)

Un petit article dans le grand quotidien du soir repris dans lemonde.fr nous apprend l’existence d’une revue prénommée Jim paraissant à Saint-Pourçain-sur-Sioule, charmante bourgade plus connue par ses vins que par ses publications. Jim consacre son numéro 6 à un célèbre voisin : Vichy. Et pour une fois on remet les pendules à l’heure. Vichy, avant et après avoir été le siège d’un gouvernement autant contesté que contestable, est une ville «

comme les autres » méritant davantage un excès d’honneur que l’indignité? Vichy en 1939 est une très belle ville d’eaux attirant et retenant des foules de qualité. Au Grand Casino, grand spectacle chaque soir ; au Casino des Fleurs, opérette l’après-midi, music-hall et comédie le soir ; à l’Élysée-Palace, deux grandes revues par saison ; au Petit Casino des spectacles variés ; les cinémas sont nombreux, il y en a même un en plein air. Aucune station thermale ne peut se vanter d’un tel afflux de spectacles. Et tout cela va disparaître parce que la guerre va passer et que Vichy, à la défaite de juin 1940, va être choisi comme « capitale ». Pour deux raisons : il y a à Vichy énormément de chambres d’hôtels de tout genre et Pierre Laval, grand maître de tout cela, a un château à quelques kilomètres. Et puis Vichy est peut-être la ville de France qui a le réseau téléphonique le plus performant. Que dit-on de Vichy sur les sites « officiels » ? Villes-et-villages-fleuris.com écrit : «Fleurissement extrêmement élégant, varié, appuyé sur un décor d’arbres anciens et rares, qui ont valu à Vichy le Prix de l’Arbre. « Les sources thermales étaient déjà connues et exploitées par les Gallo-romains. Depuis cette époque, toute l’histoire et la prospérité économique de Vichy se fondent sur le thermalisme. De nombreux personnages célèbres ont vanté les mérites de la cure vichyssoise. Napoléon III fréquenta assidûment les thermes de Vichy et c’est à cette époque que la cité pris le visage que nous lui connaissons actuellement : Parcs à l’anglaise, chalets et pavillons pour loger l’empereur et sa suite. « La Belle Époque marquera également l’urbanisme de Vichy, avec l’Opéra, le Hall des Sources, le grand établissement thermal. La promenade dans Vichy vous emmènera dans des rues piétonnes, fleuries, bordées de palmiers en été et de conifères l’hiver. » Vichy-thermes.tm.fr remonte à Madame de Sévigné et même au-delà : « Les nombreuses découvertes archéologiques faites dans le sous-sol de Vichy depuis le XIXe siècle témoignent d’un Vichy gallo-romain prospère. A cette époque trois sources étaient déjà exploitées : Hôpital, Chomel et Lucas. « Les activités artisanales étaient tout aussi importantes : travail des métaux, de l’os, de l’argile (avec la fabrication de statuettes blanches expédiées dans toute la Gaule), etc. La variété du matériel archéologique recueilli montre que la ville était largement ouverte aux échanges : amphores d’huile du Sud de l’Espagne, céramiques du Sud de la Gaule, présence de cultes orientaux (?) «Le renouveau du thermalisme, au XVIIe siècle. Au début de ce siècle est construit le premier bâtiment thermal. De taille modeste (moins de 100 m²), il comporte deux cabinets de bains placés en sous-sol. On peut y recevoir des douches et deux piscines extérieures viennent compléter cet arsenal thermal rudimentaire. Ce bâtiment est alors connu sous le nom de « Maison du Roy ». « Parmi ses curistes, la marquise de Sévigné, confie ses impressions : Il est certain que ces eaux-ci sont miraculeuses? (Vichy, 4 juin 1676) Je me crois à couvert des rhumatismes pour le reste de ma vie? (Vichy, 4 juin 1676) La beauté des promenades est au-dessus de ce que je puis vous en dire : cela seul me redonnerait la santé? (Vichy, 24 mai 1676) Je suis le prodige de Vichy pour avoir soutenu courageusement la douche de Vichy… (Vichy, 6 juin 1676) «Une station à la mode, sous le second Empire. Le XIXe siècle est un temps fort du thermalisme à Vichy, favorisé par l’essor du chemin de fer et par une politique volontariste de Napoléon III qui vient à Vichy en 1861, 1862, 1863, 1864 et 1866. « Strictement médicale à ses origines, la station thermale sait désormais s’adjoindre les plaisirs avec la construction d’un Casino (1865), d’un kiosque à musique (1866), d’une restauration (1869), et de boutiques (rue de Banville). C’est à cette époque que naît le Vichy que nous connaissons aujourd’hui. Le paysage thermal, et en particulier le Parc des Sources trouve les premiers éléments de sa physionomie actuelle. «La journée d’un curiste à Vichy sous Napoléon III. Quelle que soit l’heure à laquelle on prend son bain, on est très matinal à Vichy. Dès six heures du matin, les buveurs se dirigent vers la source qui leur est ordonnée. A neuf heures, distribution des lettres et des journaux. A dix heures, on déjeune et l’on mange des carottes, légume obligatoire dans l’alimentation des malades. De onze heures à deux heures, on joue au Whist et aux dominos ; les dames brodent et les demoiselles s’escriment sur le piano. A deux heures, toilette générale. A trois heures, nouvelle excursion aux sources. De trois heures et demie à quatre heures et demie (?), musique dans le parc. Aussitôt après la dernière polka, troisième excursion aux sources. « Soudain toutes les cloches des hôtels se mettent en branle, invitant au dîner, servi à cinq heures précises, avec accompagnement de carottes, cela va de soi. De six à sept heures, on abat des quilles, on cherche à loger une pièce de dix centimes dans un sabot, on gagne ou l’on ne gagne pas (?) ; on fait l’aumône à des nuées de petits Savoyards qui montrent «  la marmotte en vie « , et surtout, assis sur les bancs de bois peints en vert placés devant la porte des hôtels, on médit du voisin (?). De sept à huit heures, musique militaire. De huit heures à dix, réunions dans les salons de l’établissement thermal, bal, concert, ou spectacle, et tout Vichy dort à onze heures. (?) «Le XXe siècle : alliance de la tradition et du modernisme. Entre 1860 et 1890, la fréquentation générale de Vichy a plus que quintuplé. Il devient nécessaire d’adapter rapidement les infrastructures de la ville. Les travaux entrepris marquent fortement la physionomie actuelle du quartier thermal : construction d’un nouvel établissement de 1ère classe (Grand Etablissement Thermal avec son dôme oriental inauguré en 1903), l’agrandissement du Casino, la modification des abords de la source de l’hôpital (avec la construction des magasins dits du  » fer à cheval  » et du kiosque à musique), la construction du Hall des Sources et des galeries couvertes.(?) « Après la deuxième guerre mondiale, Vichy redevient la cité des coloniaux, mais perd sa dimension ludique d’autrefois en présentant un thermalisme curatif. Pendant les années 60, la décolonisation porte un rude coup au thermalisme qui amorce une lente décroissance.» Vous avez bien lu ; il n’est nulle part question des années 1940/44 où Vichy entra dans l’Histoire en devenant la « capitale de l’État français.». Wikipedia.org raconte : « ?Le président du Conseil Paul Reynaud refuse l’arrêt des combats. Il estime qu’il faut continuer la lutte en Afrique du nord, colonisée par la France ; il veut rester fidèle aux engagements pris envers les Britanniques. A la suite de nombreuses pressions, il préfère démissionner le 16 juin 1940. Le président de la République nomme alors Philippe Pétain à sa place. Le lendemain, ce dernier annonce que la France doit cesser la guerre. La délégation française signe l’armistice le 22 juin 1940, dans le wagon même qui avait servi de cadre à l’armistice de la Première guerre mondiale. L’Allemagne entendait ainsi prendre sa revanche sur la France et l’humilier. Les conditions de l’armistice sont draconiennes : la moitié nord du pays passe sous occupation allemande. L’Alsace-Lorraine est directement rattachée au Grand Reich, la langue française y est interdite. La France doit pourvoir à l’entretien de l’armée d’occupation et payer une indemnité de guerre qui s’élevait à 400 millions de francs par jour. Le premier ministre britannique Winston Churchill craignait que les nazis n’utilisent la flotte française contre le Royaume-Uni qui se trouvait isolé dans le conflit. Il attaqua celle-ci le 3 juillet à Mers el-Kébir, en Algérie. De son coté, le général de Gaulle avait appelé depuis Londres les Français à la poursuite du combat et à la Résistance dès le 18 juin 1940, c’est le célèbre « Appel du 18 juin ». Cet appel fut peu entendu et peu de Français rejoignirent le général en Angleterre, du moins dans les premiers temps. Le gouvernement Pétain, constitué à Bordeaux le 17 juin, et le parlement s’installèrent à Vichy, en zone libre. Le parlement y fut réuni en Assemblée Nationale (Sénat + Chambre des Députés) le 10 juillet 1940, et attribua les « pleins pouvoirs » au maréchal Pétain, sous la pression de Pierre Laval et de l’extrême-droite, en confiant à ce haut personnage la mission d’élaborer une nouvelle constitution. Seuls 80 parlementaires votèrent contre. Or cette réforme était grossièrement inconstitutionnelle, car la compétence de révision confiée par la constitution de 1875 à l’Assemblée Nationale n’était pas la propriété personnelle de cette dernière, mais sa FONCTION exclusive. Elle ne pouvait donc ni la déléguer ni la transférer à quiconque. En outre, la confusion de tous les pouvoirs (constituant, législatif, exécutif et judiciaire) entre les mains d’un seul homme était totalement contraire aux fondements mêmes de la constitution de 1875. C’est ainsi que les actes adoptés le 10 juillet 1940 par le Sénat et la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale à Vichy, instaurèrent irrégulièrement un « État français » à la place de la République. Bientôt, la devise républicaine serait remplacée par « Travail, Famille, Patrie » et la chanson « Maréchal, nous voilà » se substituerait à la Marseillaise. Le gouvernement de Vichy eut pour chef Pierre Laval en 1940, puis l’amiral François Darlan en 1941 et 1942, et à nouveau Pierre Laval, jusqu’à la chute du Régime de Vichy en 1944. Mais, pour un grand nombre de Français, complètement désemparés par l’exode massif et la défaite militaire, et soulagés par l’armistice, ce viol de la constitution, que beaucoup ignoraient faute de débat contradictoire dans la presse, ne pouvait paraître que véniel. De plus, le vieux Maréchal, dont le patriotisme paraissait au-dessus de tout soupçon et l’honnêteté incontestable, leur inspirait confiance. Le prestige qu’il avait gagné pendant la Première guerre mondial (bataille de Verdun) renforçait son image de sauveur de la patrie. D’autant que la radio et les journaux ne cessaient de vanter ses mérites. Certains s’imaginaient qu’à sa simple vue les Allemands impressionnés abaisseraient leurs exigences et appliqueraient à la France un traitement favorable. C’est ainsi qu’à la faveur de la défaite, Pétain devint un dictateur.(?)» (À suivre)