Cloud : Amazon ouvre des datacenters en Allemagne

Le Cloud d’Amazon s’enrichit d’une onzième région, la seconde en Europe après l’Irlande. Le leader du Iaas choisit Francfort pour s’implanter en Europe continentale

Comme le laissait penser de premiers indices à l’été dernier, Amazon Web Services, le bras armé Cloud du cybermarchand, ouvre une seconde région en Europe, via des datacenters situés en Allemagne, à Francfort. C’est la onzième région, dans le jargon AWS, ouverte par le leader du Cloud dans le monde. Selon la société, cette ouverture résulte avant tout de la croissance de l’activité en Europe ainsi que des demandes de clients de pouvoir répartir leurs applications sur deux régions, tout en conservant toutes leurs données en Europe.

Si le choix de Francfort apparait logique, compte tenu du poids de l’économie allemande et de la « très bonne connectivité » disponible dans cette capitale économique, il reflète également la sensibilité des organisations allemandes aux questions de confidentialité des données. Un pays où les révélations d’Edward Snowden sur les écoutes de la NSA ont créé des remous plus importants que ce côté-ci du Rhin. Selon une étude de NTT Communications, 32 % des DSI allemands jugent que garder leurs données au pays est essentiel. Ils ne sont que 24 % dans ce cas en Grande-Bretagne et 23 % en France.

Cryptage : « un maximum de flexibilité »

La région Allemagne se compose à son lancement de deux datacenters différents (appelés zones de disponibilité dans la novlangue AWS) et « totalement indépendants », assure le géant du Cloud. Ils sont « alimentés par des réseaux électriques distincts avec un système de refroidissement et une sécurité physique indépendants », précise AWS. Ils fonctionneront sur la base d’une énergie au bilan carbone neutre.

Présent en Allemagne pour une conférence de presse en ligne, Andy Jassy, vice-président d’Amazon Web Service (en photo) a tenté de souligner la percée du Cloud dans des secteurs hier réticents, comme l’assurance ou l’énergie. Et de citer le cas d’assureurs en Allemagne (Talanx) ou en Espagne, qui utilisent les services d’AWS pour le calcul de simulations Solvency II (une réglementation prudentielle s’imposant au secteur). Avec des gains financiers conséquents (plus de 60 % pour Talanx) par rapport à une solution sur site.

Une percée qui résulterait des efforts consentis pour blinder la sécurité de l’infrastructure AWS. « Nous offrons le maximum de flexibilité aux entreprises en matière de cryptage de leurs données », explique Andy Jassy, en faisant référence à l’option HSM (Hardware Security Module, un matériel dédié permettant de créer, stocker et contrôler l’usage des clefs de cryptographie) que propose le prestataire. Et de marteler son message calibré pour dégonfler les inquiétudes des DSI au sujet d’une entreprise qui pourrait être soupçonnée d’une trop grande proximité avec le gouvernement américain (rappelons qu’AWS gère les infrastructures de la CIA). « Si vous cryptez vos données et maîtrisez les clefs, la question des demandes d’accès du gouvernement américain à vos données, où qu’elles se trouvent, est un non sujet, dit le dirigeant. Dans les autres cas, nous ne répondons qu’aux assignations officielles, que nous contestons à chaque fois que ces demandes nous paraissent illégitimes. Et nous en informons les clients concernés afin qu’ils puissent mener leurs propres démarches de leur côté. Ce sujet reste toutefois théorique, car, en pratique, il n’affecte pas nos clients ». Rappelons tout de même que Microsoft ferraille contre la justice américaine qui lui demande l’accès à des informations stockées en Irlande.

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