Cloud : AWS, Azure et Google ne peuvent plus être rattrapés

Les investissements colossaux que déploient AWS, Microsoft et Google pour bâtir leur réseau mondial de datacenters Cloud creusent l’écart avec la concurrence. AWS va ouvrir une nouvelle région en Suède en 2018. Après la France, opérationnelle « dans quelques mois ».

Ensemble, Amazon, Microsoft et Alphabet, la maison mère de Google, ont investi plus de 31,5 Md$ en dépenses d’immobilisations en 2016, soit un bond de 22 % par rapport au total enregistré un an plus tôt. Bien sûr, ces sommes ne sont pas entièrement vouées à l’expansion des infrastructures Cloud du top 3 mondial du Iaas. Il n’empêche : à eux trois, AWS, Microsoft Azure et Google auront dépensé près de 10 Md$ dans leurs datacenters hyperscale pour le seul quatrième trimestre de 2016, selon les calculs du Wall Street Journal. « Ils ont creusé un fossé important » sur la concurrence, commente Karl Keirstead, un analyste de la Deutsche Bank dans les colonnes du quotidien économique. Pour ce dernier, la « partie est terminée » et il est trop tard pour qu’un quatrième larron vienne perturber la domination du trio sur le Iaas.

Et ce, même si Oracle insiste. Au cours de son quatrième trimestre fiscal, le second éditeur mondial a investi 1,7 Md$, dont probablement une bonne partie dédiée à l’expansion de son réseau de datacenters. Même si, pour Steve Daheb, le vice-président en charge du marketing produit d’Oracle, le volume d’investissement ne fait pas tout dans le Cloud, il est indéniable que la firme de Larry Ellison aura du mal à combler son retard sur le trio de tête. Au cours de son dernier trimestre, le Iaas a permis à Oracle de générer un chiffre d’affaires de 178 M$, en croissance de 17 %. Sur une période de temps comparable, AWS, le leader, a dégagé un chiffre d’affaires de 3,54 Md$, en progression de 47 % sur un an. « Ce n’est pas trop tard pour Oracle s’il sait limiter ses ambitions », estime Karl Keirstead, qui cite notamment le marché de la migration de bases de données vers le Cloud.

AWS : France en 2017, Suède en 2018

La route de la bande des trois ne semble pas davantage pouvoir être barrée par IBM. Même s’il a racheté SoftLayer en 2013 pour se positionner sur le Iaas, même s’il a investi 3,73 Md$ en dépenses d’immobilisation en 2016, Big Blue semble désormais concentrer ses efforts sur les marchés à plus fortes valeur ajoutée, comme l’IA ou les applications analytiques.

AWS, qui a dépensé 4 Md$ en immobilisations au seul quatrième trimestre, vient d’annoncer l’ouverture d’une nouvelle région en Europe, à Stockholm. Une ‘région’ est constituée d’une grappe de datacenters fonctionnant en réseau ; sa construction se traduit par un investissement se chiffrant en centaines de millions de dollars. Cette région, qui doit ouvrir ses portes en 2018 selon un billet de blog d’Amazon, sera la cinquième du leader du Cloud sur le Vieux Continent. Au passage, l’industriel confirme l’ouverture de sa région en France, « dans les mois qui viennent ». En Europe, AWS disposera alors de 13 ‘zones de disponibilité’, soit 13 datacenters. Le e-commerçant est également sur le point d’ouvrir une région supplémentaire en Chine, à Ningxia (ce qui portera son total mondial à 16 grappes de datacenters).

Entre 300 et 600 M$ par région

De son côté, Microsoft est en passe d’agrandir son réseau de datacenters avec des ouvertures en France, au Texas et en Arizona. Tandis que Google, dont les dépenses dans le Cloud sont reparties à la hausse après un léger passage à vide de la mi-2015 à la mi-2016, bâtit des centres d’hébergement en Californie, au Canada et aux Pays-Bas. Selon Urs Hölzle, le vice-président de la firme de Mountain View pour l’infrastructure technique, la construction d’une region dans le Cloud de Google coûte entre 300 et 600 M$. Lors d’une conférence en novembre dernier, un dirigeant d’AWS a, de son côté, indiqué que plusieurs régions du Cloud maison (soit, à chaque fois, entre 2 et 5 datacenters) totalisaient chacune quelque 300 000 serveurs, conçus spécifiquement pour les besoins du géant.

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