Cloud : LinkByNet veut faire cohabiter AWS, Azure et Numergy

L’infogéreur LinkByNet a développé un portail qui, bientôt, fera cohabiter trois Cloud publics avec les architectures VMware. Une nouvelle activité pour la société française : celle de broker de Cloud.

da silva LinkByNet
Johnny Da Silva, LinkByNet

Prolonger son activité d’infogéreur par un positionnement de broker de Cloud : c’est un peu l’ambition de LinkByNet, entreprise créée en avril 2000 par deux frères (Patrick et Stéphane Aisenberg) et ayant réalisé près de 34 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013. Pour ce faire, la société entend unir, au sein d’un même portail dédié aux utilisateurs finaux, les Cloud publics AWS (Amazon), Azure (Microsoft) et Numergy ainsi que les Cloud privés sous technologie VMware.

Baptisé SelfDeploy, cet portail disponible en mode Saas a d’abord été lancé pour des besoins liés au développement, auprès des petites entreprises ou des start-up, raconte Johnny da Silva, responsable du département R&D de la société basée à Saint-Denis. « Mais on s’est très vite aperçu que l’outil répondait aussi aux attentes des grandes entreprises, y compris sur des périmètres très importants », reprend notre interlocuteur.

AWS aujourd’hui, Numergy et Azure demain

Bâti autour de vRealize Automation de VMware, autour duquel LinkByNet a greffé ses propres développements ainsi que des outils standards comme Chef (orchestration des infrastructures Cloud) ou Boto (librairie Python pour se connecter à AWS), le portail est aujourd’hui relié au Cloud d’Amazon, avec lequel l’infogéreur de Saint-Denis a commencé à travailler très tôt, ainsi qu’aux infrastructures privées VMware. Et indirectement à Numergy via un proxy EC2. « Mais notre volonté est bien de concevoir une API OpenStack native pour s’interfacer avec les infrastructures du Cloud souverain », précise Johnny da Silva. Un développement (en cours) qui reliera en théorie l’outil de LinkByNet à l’ensemble du monde OpenStack. En théorie seulement… « En pratique, on va devoir développer des connecteurs spécifiques pour chaque environnement OpenStack, en raison des différentes versions qui cohabitent et des customisations qu’opèrent les fournisseurs sur le framework Open Source », ajoute Johnny da Silva. SelfDeploy se connectera aussi bientôt à Azure, le Cloud de Microsoft. LinkByNet promet que ces deux nouvelles interfaces seront disponibles dans le courant du premier trimestre 2015.

Lire notre dossier : 10 outils Open Source indispensables pour maîtriser le Cloud

L’ambition de SelfDeploy ? « Offrir un outil simple, à la portée des utilisateurs finaux, et pensé usages. » Selon LinkByNet, l’outil propose par exemple un reporting par centre de coûts, gère les sauvegardes (file recovery, disaster recovery et clonage), les plans de production (afin de ne pas payer les instances la nuit et le week-end par exemple) ainsi que les authentifications. « On met à disposition des utilisateurs tous les automatismes venus de l’infogérance – comme l’industrialisation des processus de déploiement ou quelque 200 contrôles de qualité – ainsi que la capacité à prendre en compte des besoins spécifiques », assure le directeur de la R&D. Il cite le cas d’un industriel français qui a intégré la gestion de sa politique de sécurité et des droits d’accès dans le portail, ainsi que la gestion des patchs de sécurité. « Sur ce dernier point, on est en mesure d’informer les utilisateurs d’une mise à jour manquante ou d’appliquer directement les patchs validés au préalable, selon des règles définies par l’entreprise ». A ce jour, deux clients infogérés par LinkByNet sont utilisateurs de SelfDeploy, sur des volumétries importantes (plusieurs milliers de VM au total selon la société). Un troisième est en cours de déploiement.

Déplacement des workload : l’espoir Docker

Une fois le support de Numergy et d’Azure effectif, l’outil offrira aux DSI et aux équipes opérationnelles la possibilité de marier plusieurs Cloud pour différents besoins. « Les entreprises commencent souvent par choisir un Cloud public unique. Mais, rapidement, elles ont envie de bénéficier des avantages propres à chaque fournisseur, sur des critères comme la localisation des données ou le prix », remarque Johnny da Silva. Principale limitation : le déplacement de workload d’un Cloud à l’autre reste aujourd’hui « trop complexe pour être mis à la portée des utilisateurs dans un portail self-service ». C’est là où la technologie de conteneurs de Docker amène un réel espoir. « On va pouvoir faire du multicloud dynamique », s’enthousiasme Johnny da Silva. Les équipes de LinkByNet ont, à cette fin, testé les technologies de la start-up. L’infogéreur attend toutefois que Docker gagne en maturité, notamment sur le support de Windows à l’intérieur des conteneurs, avant d’envisager un passage en production.

Les développements autour de SelfDeploy vont donner naissance à un nouveau département au sein de LinkByNet, une activité logicielle que dirigera Johnny da Silva. Même si ce dernier n’envisage pas pour le moment d’être présent sur des places de marché, comme celle d’AWS ; « on veut garder le contact avec le client », dit-il. L’activité de broker de Cloud sert aussi l’expansion de LinkByNet à l’international, expansion qui ne passe plus forcément par l’implantation de datacenters dans les pays où la société s’installe.

Le Cloud pèse aujourd’hui environ 25 % de l’activité de LinkByNet. Mais sa croissance est 5 fois supérieure à celle que connaît l’activité infogérance. « Même s’il y aura toujours des périmètres non couverts par des offres standardisées, ce marché est appelé à rétrécir », admet le directeur de la R&D.

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