CNP Assurances achève la migration de son SI

CNP Assurances a achevé l’essentiel de la migration de son système d’information. Quatre années de conversions et plus de 80 millions d’euros plus tard, les responsables du projet respirent enfin. Et racontent

La migration était inévitable, son succès pas garanti. En 2001, la totalité du système informatique de la CNP Assurances, un outil trentenaire et complexe, est hébergé sur des machines de Bull.

Or, l’avenir de l’entreprise était incertain. De plus, Iris, le projet qui devait tout changer, est enterré par la direction : il traînait depuis quatre ans. Aujourd’hui encore, l’assureur préfère étendre un voile pudique sur le coût de cette opération.

En revanche, ce mois-ci, Pierre Walbaum, membre du directoire de l’assureur et Yves Lennon, dg de Sodifrance, le prestataire spécialisé dans l’industrialisation des systèmes d’information, expliquent à la presse comment s’est déroulée la migration vers IBM.

Engagée en 2002, cette migration devrait s’achever en 2006. Vu son ampleur, les responsables des deux sociétés se sont directement engagés dans le projet.

90 000 jours de conversion

La migration nous a « imposé une véritable industrialisation des processus, et même de la gestion du projet. En effet, nous avons mis jusqu’à 180 salariés dessus« , se rappelle Yves Lennon. Et il faut leur ajouter 100 interlocuteurs, côté commanditaire.

Industrialisation oblige, tous les convertisseurs sont conçus et testés pour traiter les 55 000 programmes en mode automatique. Les applications de l’assureur ont été divisées en dix lots imperméables, traités comme autant de projets distincts. Total : 90 000 jours sur trois ans.

Tests à la pelle

« La phase de test également a été automatisée« , explique le prestataire, « les programmes ont été testés à 70% de tous les cheminements, et nous avons analysé 121 800 comportements. Les jeux d’essai sont exécutés dans les deux environnements, et il faut que les comportements observés soient identiques. Avec une difficulté : chez IBM certaines erreurs apparaissent, alors que chez Bull, non, en fonction de la gestion d’arrivée des caractères à l’écran ou des mémoires, différentes chez les deux constructeurs« .

Au passage, le projet a donc permis un nettoyage des programmes et la correction de plusieurs milliers d’erreurs.

83 millions d’euros, au moins

Au final, la migration a coûté entre 83 à 92 millions d’euros, de 2001 à 2006. Un projet légèrement plus long et plus coûteux que prévu, d’autant que « plus le délai est repoussé, plus sa charge augmente, car les nouvelles versions continuent d’affluer. Durant tout le projet, nous avons continué d’intégrer les nouvelles versions ou les nouveaux produits« , explique Yves Lennon.

Néanmoins, en 2006, le budget informatique total de l’entreprise s’élève à 125 millions. C’est le même montant qu’en 2001. Ce qui n’empêche pas Pierre Walbaum , membre du directoire de la CNP et initiateur du projet, de glisser : « Quand on peut éviter un grand projet, on l’évite« .