Colubris : '2008 une année charnière pour le Wi-Fi'

Pierre Trudeau, CTO et fondateur du spécialiste du Wi-Fi Colubris revient sur les ambitions de sa société dans le domaine de la « Wireless Fidelity »

Quelle est votre perception du marché européen et plus particulièrement en ce qui concerne la France?

« Il est clair que le marché européen est très important pour Colubris. Et le marché français n’est pas en reste, il est également très intéressant. Nous sommes présents sur plusieurs secteurs, par exemple nous avons des projets de déploiement dans les grandes écoles, dans les transports.

Selon moi, la France est dans le peloton de tête et reste un pays en avance dans le domaine du Wi-Fi. A Paris, de nombreux immeubles historiques sont équipés de Wi-Fi. Il s’agit d’une alternative intéressante pour les lieux qui ne peuvent pas être câblés. Le réseau de télésurveillance du train CDGVAL est une installation de Colubris ainsi que le Wi-Fi dans le TGV et le Thalys.

Notre cœur de métier c’est le développement de solutions pour la mise en place de réseaux Wi-Fi d’entreprises, notamment pour les marchés verticaux comme les accès ouverts, les entreprises ou le monde médical. En réalité, il y a du Wi-Fi partout où il y a du réseau. En France, nous travaillons avec SFR et Alcatel dans le cadre de l’opération Paris sans-fil. Le marché de l’éducation, est également très important.  »

Que va apporter la norme 802.11n?

trudeau.jpg

« Le principal avantage du ‘.n’ c’est bien entendu la bande passante supplémentaire. La bande passante Wi-Fi avec le 11.g était de l’ordre de 25 M/bits par seconde. Avec le 11.n, elle est de 6 à 8 fois plus rapides.

Cela va permettre d’utiliser de nouvelles applications sur le sans-fil. Par exemple des applications métiers qui disposent d’accès à des bases de données, mais pas d’optimisation de la bande passante pour le faire.

Le Wi-Fi ne va pas concurrencer le déploiement du câble traditionnel. En réalité, l’on constate que le Wi-Fi gagne en popularité, mais ne va pas remplacer la DSL. L’intégration doit être le plus simple possible. Cette technologie ne va pas non plus concurrencer le WiMax mobile qui est une solution de réseau étendue alors que le Wi-Fi est avant tout une solution locale. Son point fort, c’est son comportement réseau.

Le WiMax, dans la bande de fréquence des 3.5 devrait être comparable au réseau de boucle local ou au DSL. Le Wi-Fi est avant tout une solution de réseau pour les entreprises.

Il y a deux ans, nous lancions la gamme de produits de la famille MSC (multiservice controller). Cela amenait le « plug and play » et la gestion centralisée et une variante à ce qui se rapporte à la fonction de transmission de données. Le point d’accès est en mesure de transférer les données en tout temps ce qui évite les goulets d’étranglement, il y a moins de trafic à gérer. Avec le 11.n, n’a pas d’impact sur les contrôleurs qui gèrent le même nombre de points d’accès.

Chez Colubris nous protégeons l’investissement dans l’horizontal et nous prenons à cœur les demandes du client. Par exemple, les points d’accès sont alimentés directement par la prise Ethernet. Il s’agit d’une véritable innovation, car le .n consomment plus 15 watts minimum alors que le POE ‘Power Over Ethernet’ consomment du 13 watts. Nos solutions marchent sur du POE conventionnel. »

Quels nouveaux usages grâce au point .n?

« Dans la santé, il existe des demandes pour l’accès en ligne des radiographies et des résultats de scan et des dossiers patients, et ainsi de suite. Avec le 11.n, la saturation des images qui passent par la bande passante peut être limitée. Cela devient beaucoup plus intéressant.

La télé-éducation est également un secteur en développement. Il s’agit d’interactivité entre le contenu vidéo et la voix. Cela s’apparente à de la TV sur IP. Autre élément moins spectaculaire mais moins important : les applications métier. Elles constituent un impératif pour les entreprises. »

Et en ce qui concerne la sécurité?

« Le chiffrement est maintenant très solide avec WPA 2, qui utilise la clé AES d’au moins 128 bits. Il s’agit d’un cryptage très fort qui permet de mieux sécuriser qu’un réseau câblé. Il n’existe pas de possibilité de « craquer » ces codes.

Associée à du NAC, cela permet d’assurer un contrôle maximal. En complément, Colubris offre une gamme de produits de surveillance du réseau, des vulnérabilités découvertes dans le Wi-Fi, les attaques actives ou encore l’usurpation d’adresse IP ou Mac. »

Quid de la Santé?

« Nous travaillons pour des hôpitaux, notamment pour les moniteurs cardiaques, cela permet d’alerter les infirmières et il n’y a pas d’interférences avec les autres équipements médicaux.

Cela permet d’assurer que tout fonctionne très bien. Nous travaillons avec AeroScout (sur la route) qui permet d’utiliser la géolocalisation pour situer les équipements. Localiser les patients est également possible.

De fait, il est possible de surveiller la localisation d’ un patient dans un asile ou bien celle d’un enfant dans un parc d’amusements. Le coût du tag freine encore le développement de ces solutions. En plus, il existe une problématique sur les questions de la vie privée. »

Année 2008 charnière pour le Wi-Fi?

« Le 802.11 n est encore une version intermédiaire. La version finale va encore clarifier certains points. Elle est attendue pour ratification début 2009.

Les études de marché sont à la hausse et Colubris est très bien positionné. Les fabricants cherchent à supporter le 11.n. On peut citer pour exemple Intel avec sa puce Centrino.

Obtenir une bonne qualité de voix est encore un défi, mais ce n’est pas encore cela. La convergence GSM Wi-Fi ne se fait pas encore agressivement. Il manque une certaine variété de plates-formes, il n’existe que 5 à 10 smartphones dans les magasins. Le service doit être plus intéressant et être adapté à une plus grande variété de smartphones.

iPod Touch et iPhone permettent de faire exploser les fréquentations des zones Wi-Fi. Le Wi-Fi se démocratise et les équipements non PC vont permettre cet effort. Les consoles de jeu, et le jeu en réseau vont permettre l’essor de cette technologie. »